Provenant de la collection Henri Vaughan dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1900, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1643, comme indiqué dans le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. 929-1900).
Famille de marchands saint-gallois, originaire de Constance, les Zollikofer acquirent la bourgeoisie de la ville de Saint-Gall dans la première moitié du XVe siècle. Ils durent au commerce des toiles leur fortune et leur accession à la classe dirigeante ainsi qu’à des charges publiques. Divisés en deux branches (les Zollikofer noirs et les Zollikofer rouges), ils s'allièrent surtout à d'autres familles influentes. En 1471, l'empereur Frédéric III remit à la famille une lettre d'armoiries. L'empereur Rodolphe II anoblit les Zollikofer rouges en 1578 et les noirs en 1594 (cf. Krauer 2014, consulté le 22 février 2021).
Comme l’indique le vitrail de Londres, Georg Joachim Zollikofer appartient au rameau d’Altenklingen, ancienne seigneurie située dans le canton Thurgovie dont Leonhart Zollikofer acheta en 1585 le château avec les juridictions afférentes de Märstetten, Illhart et Wigoltingen (cette dernière relevant aussi de la prévôté du chapitre cathédral de Constance – cf. Spuhler 2016, consulté le 22 février 2021). Le château d’Oetlishausen, également situé dans le canton de Thurgovie, a en revanche été vendu en 1590 à Laurenz Zollikofer d'Altenklingen par Jörg Gabriel Schenk, beau-frère de ce dernier (cf. Boxler 2010, consulté le 22 février 2021).
Georg Joachim Zollikofer ne compte pas parmi les Zollikofer les mieux documentés. À une date indéterminée, peut-être en 1935, Hans Lehmann consigna cependant dans la documentation du Victoria and Albert Museum quelques éléments biographiques : selon ce dernier, Georg Joachim Zollikofer, fils de Laurenz, aurait accumulé plusieurs charges seigneuriales avant de devenir en 1652 l’administrateur du château et de la seigneurie d’Altenklingen (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). La source de ces informations n’a pu être identifiée.
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’est pas établi ; le château d’Altenklingen, où sont encore conservées plusieurs oeuvres graphiques et verrières aux armes des Zollikofer, dont plusieurs sont dues aux mêmes artistes, se présente toutefois comme un intéressant candidat (cf. Hasler et Keller 2020, TG_185, TG_192 et TG_1871, consulté le 22 février 2021).
En 1935, Hans Lehmann attribua en effet le panneau de Londres au peintre-verrier zurichois Hans Jakob I. Nüscheler (1583-1654), une attribution confirmée en 1954 par Paul Boesch (ibid. ; Boesch 1954f, p. 84). La mise en page, la virtuosité architecturale du cadre ainsi que certains détails, comme la forme des cartouches ou encore la présence systématique d’éléments décoratifs, à l’instar de corbeilles de fruits, sont en effet des éléments formels et stylistiques caractéristiques de cette famille de peintres-verriers qui travaillèrent régulièrement pour les Zollikofer, comme en témoignent deux panneaux conservés au château d’Altenklingen, l’un, daté de 1641, aux armes de Hermann Schobinger et Katharina Zollikofer, l’autre, daté de 1648, aux armes de Georg Leohnart Zollikofer et Ursula Fels (cf. Hasler et Keller 2020, TG_185 et TG_192, consulté le 22 février 2021).
Les Zollikofer sont à l’origine de nombreuses commandes de vitraux héraldiques (cf. Vitrosearch et Musée national suisse). Le Victoria & Albert Museum possède également deux autres vitraux héraldiques à leurs armes : l’un, aux armes de Benedikt Im Thurn, Maria Zollikofer et Elisabeth Petronella Effinger et l’autre, aux armes de Hans Ludwig Peyer et de Catharina Zollikofer, tous deux datés de 1616 et signé ou attribué au peinter-verrier zurichois Josas Murer (cf. VAM_44 et VAM_45).
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