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Il s’agit de la maquette élaborée par Cingria pour définir la décoration de l’église catholique Saint-Martin de Lutry, dont le mandat lui est confié en 1930. L’édifice possède alors encore le statut de chapelle et ne deviendra église qu’en 1952. Elle a été construite entre 1929 et 1930 par l’architecte phare du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas.
Pour la décoration, Dumas fait appel aux membres du Groupe de Saint-Luc, et particulièrement à Cingria pour les vitraux. Dans un premier temps, la question du décor peint n’est pas abordée et ne le sera qu’en mars 1930. L'artiste conçoit finalement l'ensemble de la décoration intérieure de l’église, des vitraux aux peintures du plafond et des parois, déterminant la polychromie générale servant de repère pour assurer la cohérence des autres oeuvres d'art présentes (Neuenschwander-Feihl, 1995, p. 669-676). Cingria livre ici l'une de ses réalisations les plus riches et abouties, notamment à travers la décoration du plafond étoilé, traduisant sa fascination pour l'Orient. Dans une lettre à l’abbé Barras, Cingria exprime sa conception de ce décor comme une totalité où les moindres détails tiennent les uns aux autres, “comme dans une symphonie musicale” (Neuenschwander-Feihl, 1995, p. 678).
Sur cette maquette, il cherche à établir l’atmosphère générale de l’église et ses harmonies colorées. On retrouve les tonalités principales qui seront déployées dans l’édifice : camaïeux de gris pour les peintures des parois de la nef et un brun chaud dans le choeur, contrastant avec les or des caissons des plafonds et des vitraux, ainsi que du retable. Les motifs de la peinture de l’arc triomphal ne sont ici qu’esquissés, mais on devine que l’artiste avait déjà dans l’idée de représenter une ville aux contours très cubistes. Une autre gouache avec paillettes d’or a été réalisée, conservée au Musée d’art et d’histoire de Genève, figurant l’autre côté de l’arc et une plus grande partie du plafond et des voûtes transversales, invisibles sur cette maquette. Le décor architectural des peintures de l’arc y est plus élaboré, ce projet conservé à Genève correspondant probablement à un stade plus avancé de la réflexion de Cingria. Comme le relève Joëlle Neuenschwander, ces projets permettent de se rendre compte de la volonté première de Cingria, qui était de faire courir sans interruption le décor architectural sur les deux pans de la paroi, perturbant les lignes de l’architecture réelle de l’église. En cours de chantier, à la demande de Dumas, ce parti a été supprimé en faveur de l’état actuel, où la représentation de la ville est limitée à l’arc (Neuenschwander-Feihl, 1995, p. 676-677).
Datation
1930
Donateur·trice / Vendeur·euse
Renée Glasson-Koller, donation Dr J. Koller – Chatton (KC 18)
Propriétaire
Numéro d'inventaire
VMR 1034