Acheté en lot en 1907 avec les VAM 527 à 540-1907 par le Victoria and Albert Museum et provenant de la vente de la collection Massey-Mainwaring, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1616, comme indiqué sur le cartouche (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; Day 1913, p. 110).
Puissante famille bourgeoise de la ville de Schaffhouse connue depuis la seconde moitié du XIIIe siècle, les Im Thurn tirent leur nom des tours dans la ville de Schaffhouse qu’ils avaient choisies comme résidence. La famille avait des propriétés étendues dans la ville et ses alentours. Elle possédait des alleux, des fiefs, ainsi que des bailliages dans le Klettgau et le Hegau, en Thurgovie et dans la partie septentrionale de l'actuel canton de Zurich. Durant des siècles, elle détint une partie des droits de juridiction sur Thayngen, dans le Bibertal. La famille avait aussi d'importantes possessions en Forêt-Noire. Au Moyen Âge, elle se ramifia en plusieurs branches (Landolt 2008, consulté le le 22 février 2021).
Famille patricienne de la ville de Schaffhouse, originaire du Hegau, documentée dès le XIVe siècle, les Stockar, propriétaires du château d'Altikon sur la Thur et détenteurs de fiefs à Barzheim et Thayngen, ainsi que du domaine de Stokarberg zu Hohenliebe près de Schaffhouse, occupèrent de nombreuses charges municipales à Schaffhouse, comme celles de trésorier et membre du Petit Conseil. Ils obtinrent en outre de l’empereur Maximilien Ier des lettres de noblesse et des armoiries en 1501. Certaines membres se distinguèrent notamment par leur participation aux expéditions des Confédérés durant les guerres d'Italie (cf. Baertschi 2011, id. 2012 et Schnyder 2012, consultés le 22 février 2021).
Fils de Beat Wilhelm im Thurn, membre du Petit Conseil de Schaffhouse, et de Dorothea Schultheiss, Hans Im Thurn est né en 1535 à Schaffhouse et mort dans cette même ville le 31 mars 1611. Fille de Benedickt Stockar, riche négociant et banquier, et de Dorothea May, Margaretha Stockar est née le 1er février 1544 à Schaffhouse et morte dans cette même ville en 1598. De cette union naquirent 14 enfants. Hans Im Thurn fit une brillante carrière et réussit à accroître considérablement la fortune familiale, octroyant des crédits à la ville de Schaffhouse et à la couronne de France. Il fut seigneur de Thayngen, acquit en 1575 le château d'Altikon, les droits de justice, le village et d'autres domaines. Il fut juge jusqu'en 1560, puis président du tribunal criminel en 1561. Président de la société des seigneurs en 1562, il entra au Petit Conseil et devint membre du conseil scolaire (1563-1578 et dès 1588), trésorier (1565-1568), bailli de Herblingen et du Reiat (1564-1565), de Schleitheim (1572 et 1574), de Neunkirch (1587), bailli impérial (1584-1586), puis conseiller secret (1589) et enfin banneret (1591) (Landolt 2008, consulté le le 22 février 2021).
Avec deux autres vitraux conservés au Victoria and Albert Museum, qui partagent avec ce panneau une même provenance, ce vitrail fait partie d’une série de vitraux héraldiques aux armes de puissantes familles de Schaffhouse, dont trois sont datés de 1616 et deux signés du même monogramme „IM“ (cf. VAM_43, VAM_44 et VAM_45). L’emplacement d’origine de cette série n’a toutefois pas pu être établi.
En 1920, Hans Lehmann fit observer que ces trois monogrammes ne correspondaient pas aux signatures connues des Murer, une famille de peintres-verriers actifs à Zurich, et proposa d’attribuer ces trois vitraux au peintre-verrier Hans Wilhelm Tetzler de Schaffhouse (V&A, documentation, consultée le 7 août 2020). En 1952, Paul Boesch réfuta cependant cette attribution, arguant que Tetzler mourut en 1611 (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013), et rendit ces trois vitraux au peintre-verrier zurichois Josias Murer, auquel il ajouta un quatrième vitrail héraldique, passé en vente en 1905 à Paris lors de la vente la collection de feu M. F. Aylé, aux armes de Franziskus Ziegler et de ses deux femmes (von Walkirch et Peyer), qui, également signé IM et daté de 1616, présente une composition analogue, ce que le style et l’iconographie, dont les deux allégories féminines représentées dans les angles inférieures, étayent (ibid. ; Boesch 1954f, p. 83 ; Cat. vente Paris 1905, p. 11, lot 58).
Cité dans :
Day 1913, p. 110
Boesch 1954f, p. 83