Au même titre que la partie supérieure d’un vitrail historié non daté représentant la Décollation de saint Jean-Baptiste (VAM inv. CIRC.56-1914 – cf. VAM_148), le vitrail provient d’une collection anglaise privée à laquelle il fut acheté par le Victoria and Albert Museum en 1913. Lors de son entrée dans les collections du musée, il était considéré comme suisse et daté de 1632, comme indiqué dans le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Le vitrail représente une scène antique que partagent plusieurs sources littéraires : il s’agit de la fable du vieillard et de ses enfants relatée par Esope ou l’histoire de Scilurus, roi des Scythes, qui, d’après Plutarque, alité sur son lit de mort, aurait réuni ses huit fils et demandé à chacun d’entre eux de rompre en deux une botte de flèche afin de démontrer que seul l’unité fait la force.
Cette iconographie suscita de nombreuses représentations en Suisse dans la seconde moitié du XVIe siècle. L’invention a commencé par circuler en marge de modèles dessinés destinés au vitrail, comme dans un dessin daté de 1574 de Daniel Lindenmayer (Darmstadt, Hessisches Landesmuseum, Kupferstichkabinett, AE 321 – cf. Thöne 1975, cat. 59), un autre daté entre 1559 et 1562 de Tobias Stimmer (Berlin, Staatliche Kunstbibliothek, Inv. 881 815 – cf. Cat. exp. Bâle 1984, cat. 259) ou encore une eau-forte datée de 1580 de Christoph Murer (Basel, Kupferstichkabinett, Inv. 1823.3619 – cf. Cat. exp. Berne 1991, cat. 59). Le thème fut par la suite transposé en peinture en 1585 par Humbert Mareschet pour l’Hôtel de Ville de Berne (Bern, Historisches Museum, Inv. Nr. 285) puis en vitrail en 1597 par Hans Zeender (cf. Hasler R., Keller S., Bergmann U. 2016, consulté le 8 mars 2021, BE_331).
Au début du XVIIe siècle, de nouveaux modèles dessinés suscitèrent de nouvelles variantes, à l’instar de celui de Hans Rudolf Lando daté de 1607 (Bern, Historisches Museum, Inv. 20036.473 – cf. Hasler 1996/7, cat. 389) ou celui de Lorenz Lingg (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, Inv. Nr. XI 1065 – cf. Mensger 2012, cat. 376), dont dérive le vitrail du Victoria and Albert Museum de Londres. D’autres variantes sont recensées (ibid., cat. 704, 959), dont un modèle dessiné réalisé vers 1620 par Peter Stöcklin d’après Hieronymus Vischer également conservé à Londres (V&A, inv. 2374 – cf. Ganz 1966, p. 124).
Les armoiries représentées dans le cartouche inférieur ne correspondent pas avec les noms de Hans Georg de Kyburg et d’Elisabeth von Reding qui sont un complément plus tardif. Non identifiées, celles-ci devraient pourtant permettre de connaître le nom des donateurs voire d’établir l’emplacement d’origine du vitrail.
La documentation du Victoria and Albert Museum ne fait état d’aucun commentaire d’historiens du vitrail suisse, à l’instar de Paul Ganz, Hans Lehmann, Paul Boesch ou encore Jenny Schneider (V&A, documentation, consultée le 20 décembre 2013).
Sur la base du style, le vitrail peut cependant être attribué au peintre-verrier Hans Jakob I. Nüscheler (1583-1654) (Uta Bergmann, communication écrite, 28 août 2021) : le panneau de Londres peut en effet être comparé à un panneau représentant le jugement de Cambyse où l’on retrouve une même composition ainsi que la figure du vieillard, un vitrail qui, de part son iconographie et sa datation, semble par conséquent partager un même emplacement d’origine que le panneau de Londres (Cham, collection privée – cf. Bergmann 2004b, cat. 118).