Ce type de vitrail composé de vitrerie géométrique agrémentée d’éléments colorés était assez courant durant le Moyen Âge, aussi bien dans le domaine profane que sacré. En raison de leur composition relativement simple, ces vitraux ornementaux étaient meilleur marché que des vitraux figuratifs plus complexes. On en rencontrait fréquemment dans les collégiales et les églises paroissiales. Souvent remplacés au fil des siècles en raison de leur état de conservation (les verres devenant brunâtres) ou pour faire place à des vitraux plus modernes, extrêmement peu ont subsisté jusqu’à nos jours (cf. Bergmann, Hasler, Jolidon, Kaiser, Kurmann-Schwarz et Trümpler, 2006, p. 62-64). Le fait que le réseau de plomb de ce vitrail soit d’origine est encore plus exceptionnel et rarissime. Les réseaux de plomb étaient en effet souvent remplacés au cours des siècles (surtout au XIXe) pour renforcer la stabilité des vitraux.
Retrouvé au premier étage de la sacristie, l’emplacement d’origine du panneau dans la collégiale de Romont n’est pas connu, mais on suppose qu’il pourrait provenir de l’église consacrée en 1297 (Andrey, 1996, p. 74). La reconstruction entre 1344 et 1382 du bas-côté sud de la collégiale pourrait également être à l’origine de la création de ce vitrail (ibidem, p. 74). L’interruption de la frise de triangles montre visiblement que le panneau a été raccourci pour adapter son format à un usage postérieur.
Brigitte Kurmann-Schwarz (2006, p. 26) signale que des panneaux semblables et datant de la même époque se trouvent à l’église Saint-Pierre-Le-Jeune à Strasbourg, avec toutefois davantage de verres colorés.
Le lobe sommital présente de grandes similitudes avec un fragment provenant également de la Collégiale de Romont (N° inv. MAHF 7539). Cependant, alors que les triangles du fragment sont bleus, notre panneau présente des verres triangulaires rouges entourant un verre centrale orange.