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GSL_207: Saint Jean (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : la Sainte Cène, la Crucifixion, son martyre à la Porte Latine, sa vision de l’Apocalypse)
(FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_207)

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Titre

Saint Jean (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : la Sainte Cène, la Crucifixion, son martyre à la Porte Latine, sa vision de l’Apocalypse)

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1941
Dimensions
630 x 104.5 cm

Iconographie

Description

Ce vitrail se compose de quatre scènes relatant différents épisodes de la vie de saint Jean avec, de haut en bas :
La sainte Cène : au centre, le Christ, les yeux clos, est assis à une table et lève sa main gauche alors que la droite est posée sur la table garnie d’un pain et d’un verre de vin. Il est entouré de cinq disciples assis comme lui qui le regardent, à l’exception de Judas, à droite, qui a la tête baissée et les yeux clos, tenant une bourse dans sa main gauche. L’apôtre à gauche porte une main à son coeur alors que Jean pose sa tête sur l’épaule du Christ. Les personnages sont tous auréolés, sauf Judas, et la scène se déroule dans une pièce dont l’architecture est suggérée à l’arrière-plan.
La Crucifixion : le Christ crucifié est représenté au centre de la scène, la tête penchée à droite et les yeux clos. Marie, à droite de la croix de face, pleure, les mains jointes près de son visage. Jean, de profil de l’autre côté, lève la tête vers le Christ, les mains en prière devant lui.
Le martyre de saint Jean à la Porte Latine : au centre, Jean, nimbé, est représenté debout dans un chaudron d’huile bouillante devant la Porte Latine à Rome, dont l’arcature est esquissée derrière lui. A gauche, l’empereur Domitien lève un bras au-dessus de sa tête et tend l’autre vers le saint. A droite, un centurion de face a la main posée sur son glaive et regarde l’empereur. Agenouillé au premier plan et penché en avant, un second soldat souffle sur le brasier.
Saint Jean et sa vision de l’Apocalypse : Au premier plan à droite, Jean est assis sur un trône, en train de rédiger son évangile, qu’il tient ouvert sur ses genoux, avec une grande plume d’oiseau. A ses pieds à gauche, l’aigle est représenté de face, les ailes ouvertes. Dans la partie supérieure, un squelette chevauchant un cheval et tenant une faux (dont on ne voit que le manche), se retourne vers trois personnages qui le suivent, un soldat casqué à gauche, un roi couronné au centre, et une femme avec une coiffe médiévale à droite. Ils représentent les Quatre cavaliers de l’Apocalypse.
En bas à gauche figurent les armoiries de la famille Daguet.

Code Iconclass
11D3341 · le Christ avec Jean l'Évangéliste s'appuyant contre sa poitrine, 'Johannesminne' (Jean le Bien-aimé), 'Christus-Johannes-Gruppe'
11H(JOHN)12 · St Jean l 'Évangéliste écrivant son Évangile, généralement en présence de l'aigle
73D24 · la Cène (en général) (Matthieu 26:21-35; Marc 14:18-31; Luc 22:3, 22:15-23; Jean 13:21-38)
73D641 · le Christ en croix avec Marie et Jean de chaque côté de la croix; la Sainte Croix
73F2351 · martyre de Jean devant la Porte Latine : il est mis dans une chaudière d'huile brûlante, mais reste indemne
73G311 · les quatre cavaliers de l'Apocalypse
Mot-clés Iconclass
Héraldique

Armoiries de la famille Daguet (en bas à gauche)

Inscription

S. JOANNES (en bas)

Signature

Aucune

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille

Historique de l'oeuvre

Recherche

L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).

Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice. Mais dès le début, la collaboration avec la paroisse est difficile, et celle-ci cherche à limiter son mandat. Severini aurait voulu que ce soit Alexandre Cingria qui réalise les vitraux, mais les maquettes pour la mosaïque du retable de la chapelle du Christ-Roi que ce dernier présente en 1932 déplaisent (Rudaz, 2008b, p. 41). La paroisse confie donc le grand cycle des verrières de la nef à l’artiste fribourgeois Jean-Edouard de Castella, qui s’était spontanément proposé (Corpataux, Jordan, 1938). Le Conseil de paroisse invoque le manque de ressources et la promesse de dons liés au choix d’un artiste local. Fin 1938, l’artiste avait proposé, avec l’atelier Kirsch et Fleckner, d’offrir un vitrail (Castella et Kirsch, 1938), alors qu’un second le serait par sa parenté (Castella, 1938b). Le Fribourgeois Gaston Thévoz avait souhaité envoyer à la paroisse des croquis et un devis pour ces fenêtres et avait également proposé de donner un vitrail (Thévoz, 1938), mais son offre arrivait trop tard. Severini, qui déplore le choix de Castella, avec lequel il avait déjà dû collaborer à Semsales et dont il n’avait pas hésité à critiquer les qualités artistiques, le qualifiant de “peintre médiocre” (Radin, 2011, p. 32-33), demande à ce que seuls les deux vitraux offerts lui soient confiés et qu’ils soient placés dans la tribune où ils seront moins visibles (Severini, 1939). Mais la paroisse a déjà donné son accord à Castella, qui profite de la guerre et de l’absence de Severini pour concrétiser la réalisation de l’ensemble des verrières (Rudaz, 2008b, p. 39-42).
L’artiste réalise les vitraux en quatre étapes, de 1941 à 1945, qui dépendent des dons reçus par la paroisse. La dépense totale des vitraux se monte à 40’000 francs, couverte par différents bienfaiteurs (personnalités et familles locales), dont les armoiries se retrouvent au bas des vitraux (Arnaud et Pajor, 2008, p. 59-61).

Bien que le programme iconographique n’ait pas fait l’objet de discussions approfondies entre le Conseil de paroisse et l’artiste, chacune des seize verrières de la nef, comme l’avait suggéré Castella dès le début du projet (Corpataux, Jordan, 1938), illustre la vie d’un apôtre ou d’un évangéliste, en quatre épisodes tirés des Actes des apôtres et de la Légende dorée. Castella choisit pour ces scènes narratives une représentation superposée à lecture descendante, sans bordure décorative, dépeignant des silhouettes sur un fond coloré. Les rouges et les bleus dominent la palette de couleurs des premières verrières. Dès ses premiers dessins, Castella n’hésite pas à se détourner des teintes convenues pour les chairs, celles-ci étant, comme tout détail de son dessin, au service de la physionomie colorée de l’ensemble.

Au début du travail de Castella, il est question que huit sujets figurent sur chaque verrière (Castella, 1938a), avant de finalement opter pour quatre scènes suivant l’avis de Mgr Besson et Severini (Castella, 1940a). Ce choix permet d’assurer “la visibilité des scènes” (Castella, 1940b), l’artiste étant conscient très tôt que pour que celle-ci soit bonne, il lui faut créer “des formes bien explicites” (Castella, 1938a). Il soumet ses premiers croquis à Mgr Besson (Castella, 1939) et selon contrat, également à Severini et à l’architecte Dumas pour approbation (Corpataux, 1939). La sélection des couleurs est aussi essentielle. Severini lui conseille d’utiliser des tonalités chaudes pour les coloris dominants, mais bien contrastées avec les teintes froides pour donner une atmosphère de calme et de stabilité dans toute l’église (Severini, 1940). Castella suit son avis et conçoit ses vitraux en alternance, un vitrail aux teintes à dominante chaude étant suivi d’une verrière aux coloris plus froids (Castella, 1940c).
Le vitrail consacré à saint Pierre, comme les trois autres premières verrières, est posé en septembre 1941. Les réactions sont unanimes et la presse élogieuse, tous admirant “les scènes heureusement choisies et les coloris riches et chatoyants” (Corpataux et Jordan, 1941a), ainsi que le travail minutieux accompli par l’atelier Kirsch (Corpataux et Jordan, 1941b).

Il existe quatre oeuvres préparatoires liées au vitrail de saint Jean, conservées dans le fonds graphique de l’atelier Kirsch & Fleckner au Vitrocentre Romont (KF_284 ; KF_285 ; KF_286 ; KF_287). La paroisse de Saint-Pierre possède également dans ses archives les maquettes de ces premières verrières. Ces projets, à l’exception de rares scènes, s’apparentent à des dessins définitifs, puisqu’ils n’ont fait l’objet d’aucune modification en ce qui concerne les couleurs, le dessin et le réseau des futurs plomb, qui sont identiques au vitrail.

Cette réalisation à Saint-Pierre marque, avec le cycle de la chapelle Notre-Dame de la Paix à l’église Sainte-Thérèse de Genève (GE_84.22 ; GE_84.23 ; GE_84.24 ; GE_84.25 ; GE_84.26 ; GE_84.27 ; GE_84.28), exécuté en 1946-1947, l’apogée de la carrière du peintre-verrier fribourgeois. C’est non seulement l’une de ses réalisations les plus considérables du point de vue du nombre de verrières, mais c’est aussi un cycle verrier abouti, Castella ayant su allier avec beaucoup de finesse un trait fin, souvent réduit à l’essentiel, à un coloris très subtil où les teintes se juxtaposent dans une variation infinie de tons tout en proposant des contrastes forts permettant une mise en lumière des éléments essentiels de chaque scène. En 1949, l’artiste part à nouveau pour l’Australie et organise à cette occasion une exposition d’adieu dans son atelier fribourgeois. Il ne reviendra en Suisse qu’en 1962, quatre ans seulement avant son décès (Arnaud et Pajor, 2008, p. 56-57).

Datation
1941
Propriétaire

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Bibliographie et sources

Bibliographie

Arnaud, F. et Pajor, F. (2008). Couleurs et lumières, de Melbourne à Fribourg. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 54-62.

Castella, J.-E. (1938a, 8 octobre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1938b, 1er décembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1939, 15 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940a, 5 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940b, 6 janvier). [Lettre au chanoine Zurkinden, Georges Corpataux et aux Conseillers de paroisse]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940c, 14 décembre). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. et Kirsch, V. (1938, 30 novembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. (1939, 27 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan, J. (1938, 12 octobre). Rectorat de St-Pierre. Procès-verbaux. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan J. (1941a, 2 novembre). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan (1941b, 24 novembre). [Lettre à l’atelier Kirsch]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Lauper, A. (2012). Gambach. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 76-80). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lauper, A. (2008a). La leçon de Romont. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 10-22.

Lauper, A. (2008b). Une architecture simple et forte. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 23-29.

Radin, G. (2011). Correspondance Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki.

Rudaz, P. (2008a). Un concours de circonstance pour un décor haut en couleur. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 30-37.

Rudaz, P. (2008b). Un grand peintre trop encombrant ?. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 38-43.

Sauterel, V. et Noverraz, C. (2020). Vitrail de la première moitié du XXe siècle : la couleur triomphante. Dans F. Giese (dir.), La redécouverte de la couleur [catalogue d'exposition] (p. 101-114). Berlin / Boston : Walter de Gruyter.

Severini, G. (1939, 19 août). [Lettre à Fernand Dumas]. Correspondance Severini-Dumas. Archives du Musée Charmey, Charmey.

Severini, G. (1940, 28 avril). [Copie d’un extrait de lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Thévoz, G. (1938, 28 novembre). [Lettre au Conseil paroissial de Saint-Pierre]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Schöpfer, H. (1994). Fribourg : Eglise paroissiale de Saint-Pierre. Inventaire du patrimoine religieux (IPR) [document inédit].

Waeber, L. et Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_207
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2023
Copyright
© Ayants droit
Propriétaire

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Inventaire

Numéro de référence
GSL_207
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024

Objets et images liés

Objets liés
Sainte Cène (première scène depuis le haut du vitrail de saint Jean)
Crucifixion (deuxième scène depuis le haut du vitrail de saint Jean)
Martyre de saint Jean à la Porte Latine (troisième scène depuis le haut du vitrail de saint Jean)