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GSL_163: Cantique de frère Soleil (vent)
(VS_StMaurice_ChapelleFoyerFranciscain_GSL_163)

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Titre

Cantique de frère Soleil (vent)

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1940
Dimensions
156 x 59 cm

Iconographie

Description

Ce vitrail est composé de deux panneaux sur chacun desquels se déploient des banderoles colorées, disposées en diagonale et sur lesquelles court l’extrait du Cantique de frère Soleil de François d’Assise consacré au vent. Les lettres sont de teintes variées, selon une disposition identique au vitrail qui est à côté, consacré à l’eau.
Au centre de la verrière figurent des cabochons en verre blanc, plusieurs pièces de verre coloré et structuré, ainsi qu’un bateau, la grande voile ouverte et gonflée, accompagné de verres cannelés blancs disposés en diagonale, représentant la pluie chassée par le vent.
En bas à droite, différents cabochons ronds et carrés dans des teintes ocre et jaunes sont agencés à côté de pièces de verre dans des coloris bruns et beiges.

Code Iconclass
21D0 · 'Acqua', 'Carro dell'acqua' (Ripa)
Mot-clés Iconclass
Inscription

Soyez loué notre Seigneur / pour notre frère le Vent / Et pour l’air et pour la nuée / Pour la Sérénité et / pour / tous les / Temps / C’est par eux / que vous / soutenez / [t]outes les créatures (de haut en bas)

Signature

Aucune

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, verre structuré, verre cannelé, verre américain, verre moulé-pressé, cabochons, verre plaqué gravé à l’acide

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce vitrail a été réalisé par l’artiste genevois Alexandre Cingria et l’atelier Chiara de Lausanne pour la nef de la nouvelle chapelle de l'Hôtellerie franciscaine à Saint-Maurice (ancien scolasticat puis Foyer franciscain), édifiée en 1940 par l’architecte romontois Fernand Dumas, également auteur de la restauration de l’ancienne chapelle entre 1929 et 1932.
La consécration et bénédiction du nouveau sanctuaire ont lieu le 15 décembre 1940 sous la direction du père Gaspard, supérieur de la Province suisse des Capucins (Gaspard, 1940). Les archives du Scolasticat nous apprennent que l’architecte Albert Cingria, fils d’Alexandre, avait également été sollicité pour ce projet de construction ([Charrière], 1939). La décoration intérieure est l’oeuvre de l’artiste valaisan Paul Monnier, auteur de la peinture murale du choeur (Haegler, 1941).

Suite à la pose en 1931 des vitraux d’Antoine Bessac (atelier grenoblois) pour l’église des Capucins à Saint-Maurice, jouxtant les murs du Scolasticat, les étudiants souhaitent également pouvoir admirer des verrières dans la chapelle de leur séminaire (Charrière, 1932a), modeste lieu de culte rénové par Fernand Dumas entre 1929 et 1932 (Voirol, 1933, p. 74). A cette occasion, Frère Gabriel-Marie Charrière, Directeur du Scolasticat (Haegler, 1941), choisit de se tourner vers la modernité, en plébiscitant l’artiste genevois Alexandre Cingria pour la réalisation des vitraux, malgré les avis défavorables, voire négatifs énoncés parmi les Frères Mineurs Capucins, à l’instar du Père Ambroise, qui, dans un courrier adressé à frère Gabriel-Marie, s’inquiète du devenir des “âmes séraphiques de nos saints franciscains dans les mains immondes du caricaturiste genevois”. Il se demande en outre comment Frère Gabriel-Marie, “nourri dans le plus pur classique”, a pu se laisser “prendre à la poisse dégoûtante des modernes” (Ambroise, 1932). Ces quelques lignes, violentes et sans détour, apportent une nouvelle fois la preuve que Cingria avait non seulement des détracteurs féroces qui le percevaient avec beaucoup de dédain, mais aussi que, malgré plus de dix ans d’activité du Groupe de Saint-Luc en Suisse romande, l’art moderne proposé par cette Société artistique catholique, dont Cingria était une figure centrale, n’arrivait pas encore à être toléré par tout le monde, et ceci même dans les milieux ecclésiaux. Alors que les étudiants se montrent très contents des projets soumis par Cingria, les pères, eux, “ont crié au trop violent !” (Charrière, 1932c).

Cingria réalise cinq vitraux, tous construits de manière identique. Au sommet de chacun d’eux s’inscrit un portrait d’un saint de l’Ordre dans un médaillon, alors que deux scènes de la vie de François d’Assise occupent les panneaux inférieurs, accompagnées du nom d’une vertu (Voirol, 1933, p. 74).

En 1940, l’artiste genevois revient à Saint-Maurice pour concevoir l’ensemble des vitraux de la nouvelle chapelle, dont les seize verrières de la nef. Il reprend ses créations de 1932, tout en les adaptant aux nouvelles fenêtres beaucoup plus petites. Chaque scène de la vie de François d’Assise et sa vertu font désormais l’objet d’un vitrail. Au sommet de chaque baie, Cingria réintègre le buste des saints de l’Ordre réalisés pour la première chapelle en 1932, tout en les inscrivant dans un nouveau cadre ornemental. Il compose sept nouveaux portraits pour compléter le cycle et ajoute deux épisodes supplémentaires de la vie de François d’Assise. Une nouvelle bordure encadre chacune des fenêtres, alors que les cartouches avec inscriptions, disposés à l’origine sous chacune des illustrations de la vie de François, sont abandonnés (probablement la mention des donateurs prévue par frère Gabriel-Marie en 1932) (Charrière, 1932c). Aucune source ne nous permet malheureusement de savoir comment se sont déroulés ces remaniements. L’artiste imagine en plus six nouvelles verrières décoratives pour compléter l’ensemble verrier de la nef et crée sept roses pour la coupole du choeur et trois petites verrières pour les fenêtres situées au pied des escaliers menant à la tribune. L’atelier Chiara réalise l’ensemble des nouvelles verrières de Cingria et élabore encore des fenêtres ornementales (appelées “grisailles”) pour la sacristie et la cage d’escalier menant à la chapelle.

Consacrées aux astres et aux quatre éléments évoqués dans le Cantique de Frère soleil de François d’Assise, les six nouvelles verrières décoratives de la nef sont conçues sur la base d’un même dessin et d’un panel de couleurs identiques. Quatre banderoles entrecroisées sont disposées en diagonale, sur lesquelles court un extrait du Cantique alors que chaque sujet spécifique est illustré dans la partie supérieure. Lettres, nuées, bordures et cabochons s’assemblent dans un véritable flamboiement de teintes, tout en maîtrise et équilibre. On y retrouve cette lisibilité, si chère à Frère Gabriel-Marie Charrière, directeur du Scolasticat depuis 1919 (Sulpice d’Ayent, 1939, p. 153), et qui avait supervisé la conception des premiers vitraux en 1932 (Charrière, 1932b). Bien que les sources manquent au sujet de cette seconde étape de réalisation, nous pouvons imaginer que Frère Gabriel-Marie a souhaité garder le même cap en exigeant de l’artiste les mêmes critères, afin d’obtenir un nouvel ensemble cohérent et harmonieux. Nous ne savons pas si c’est lui qui a mené le projet à bien jusqu’au bout, puisqu’il est remplacé par son successeur, Damien Mayoraz, durant l’année 1940 (“Mutations dans la Province suisse des Capucins”, 1939, p. 3), mais il est certain que s’il n’a pu le faire, il a transmis au nouveau directeur son souci de rigueur et de clarté, comme le prouve le cycle verrier.

L’évocation du vent sur ce vitrail, imaginée par le biais d’une tempête sur les flots, est créée avec une intéressante diversité de verres. Les nuages sont composés avec du verre américain, alors qu’une barque, la grande voile gonflée, flotte sur des eaux mouvementées sous un déluge de pluie illustré grâce à des verres cannelés et des cabochons blancs disposés diagonalement.

Datation
1940
Propriétaire

Province Suisse des Capucins, Couvent de St-Maurice

Bibliographie et sources

Bibliographie

Ambroise, P. (1932, 25 avril). [Lettre à G.-M. Charrière]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

Charrière, G.-M. (1932a, 15 janvier). [Lettre à M. R. F. Othmar]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

Charrière, G.-M. (1932b, 28 janvier). [Lettre à Alexandre Cingria]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

Charrière, G.-M. (1932c, 26 février). [Lettre à Alexandre Cingria]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

[Charrière, G.-M.]. (1939, 27 février). [Lettre à Albert Cingria]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

[Durrer, M.]. (2020). La chapelle du Foyer Franciscain. Devenir fils et fille de la fraternité et de la paix [flyer sur la chapelle]. Saint-Maurice, Suisse : Foyer franciscain.

Eder, T. et Gauster-Glaubauf, J. (2007). Le Cantique de frère Soleil (François d’Assise). Savoirs et clinique, (8), 117-126. https://www.cairn.info/revue-savoirs-et-cliniques-2007-1-page-117.htm#

Gaspard, P. (1940, 6 décembre). [Lettre à Damien Mayoraz]. Archives du foyer franciscain de Saint-Maurice, Suisse.

Haegler, C. (1941, 5 février). L’art religieux d’une chapelle franciscaine. Le Nouvelliste, 1.

Mutations dans la Province suisse des Capucins. (1939, 1er septembre). Nouvelliste valaisan, 3. https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=is&oid=NVE19390901-01&type=staticpdf&e=-------fr-20--1--img-txIN--------0-----

Sulpice d’Ayent, P. (1939). Les Capucins en Valais. Saint-Maurice, Suisse : Imprimerie rhodanique.

Voirol, E. (1933). Trois vitraux. Échos de Saint-Maurice, (32), 74-77.

Informations sur l'image

Nom de l'image
VS_StMaurice_ChapelleFoyerFranciscain_GSL_163
Crédits photographiques
© Province Suisse des Capucins, Couvent de St-Maurice (Photo : Bruno Fäh, TAU-AV Produktion)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Province Suisse des Capucins, Couvent de St-Maurice

Inventaire

Numéro de référence
GSL_163
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024