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GSL_132: Différents épisodes de la vie de la Vierge (Dormition, Couronnement, Visitation)
(FR_Echarlens_EgliseNotreDamedelAssomption_GSL_132)

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Titre

Différents épisodes de la vie de la Vierge (Dormition, Couronnement, Visitation)

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1926
Dimensions
240 x 100 cm

Iconographie

Description

Cette verrière est composée de trois scènes superposées inscrites dans des losanges, relatant différents épisodes de la vie de la Vierge.
La scène supérieure représente la Dormition, avec au premier plan la Vierge de profil, couchée sur son lit de mort. Elle tend les bras vers son Fils qui apparaît devant elle, les bras ouverts et flottant sur des nuées. Un homme, peut-être Jean, et une femme placés de part et d’autre du lit, veillent sur elle. Des anges encadrent la scène.
La scène centrale est consacrée au couronnement de la Vierge. Marie, debout de profil, avance sa tête vers le Christ qui lui fait face et s’apprête à la couronner. Dieu apparaît entre les deux, la tête ceinte d’une tiare, ses mains croisées sur le globe, avec en-dessous le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe. Deux anges ainsi qu’une multitude de personnes (non nimbées) encadrent la scène.
Le losange inférieur illustre la Visitation. La Vierge de face, les mains levées à hauteur de son visage, se tient à côté d’Elisabeth, qui tend les bras vers elle. A gauche, un homme (vraisemblablement Joseph), un baluchon sur son épaule, les regarde, séparé d’elles par un muret. A droite, un homme nimbé (Zacharie) est assis devant un pupitre à l’intérieur de la maison. Au-dessus des deux femmes, le Christ crucifié est représenté.
Des bordures avec des décorations géométriques encadrent les losanges des scènes supérieure et inférieure.

Code Iconclass
73A6 · la Visitation (il se peut que Joseph et/ou Zacharie soi(en)t présent(s) (Luc 1:39-56)
73E741 · Jésus-Christ apparaît et enlève l'âme de Marie ('assumptio animae')
73E792(+3) · couronnement de Marie par Jésus-Christ (+ ange(s))
Mot-clés Iconclass
Inscription

MAGNIFICAT (sur la scène inférieure, entre Marie et Elisabeth)
don de la famille Pierre Gremaud feu Cyprien (en bas au centre)

Signature

AC [monogramme en ligature] 1926 (en bas au centre)

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, jaune d’argent, verre imprimé, verre plaqué gravé à l’acide

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce vitrail a été réalisé en 1926 par Alexandre Cingria dans le choeur de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption d’Echarlens.

L’architecte de la nouvelle église d’Echarlens, Fernand Dumas, qui avait refusé quelques mois auparavant d’octroyer la réalisation des vitraux de la nef de Semsales à Cingria, craignant son art indiscipliné (Radin, 2011, p. 31-33) change d’avis en 1925, puisqu’il lui offre non seulement la possibilité de réaliser l’ensemble des verrières de l’église d’Echarlens (à l’exception des petites verrières tripartites du baptistère) mais aussi la polychromie des caissons de la voûte en berceau, une grande partie de la décoration intérieure ainsi que plusieurs mosaïques et le décor du couvercle des fonts baptismaux (Lauper, 2012, p. 116).
Cingria travaille à Echarlens à partir de l’été 1925 et réalise l’ensemble des verrières l’année suivante. Alors que les vitraux de la nef, du baptistère et de la sacristie sont exécutés par l’atelier fribourgeois Kirsch & Fleckner (Kirsch et Fleckner, 1926), les verrières du choeur et de la tribune ont été réalisées par Cingria vraisemblablement en collaboration avec l’atelier Chiara de Lausanne (Cingria, 1926b et c). Bien que dans les archives de la paroisse il n’y ait aucune trace de paiement en faveur de l’atelier vaudois, à l’exception d’une petite facture pour de la vitrerie (Chiara, 1926), cette réalisation à l’église d’Echarlens figure dans le catalogue publicitaire de 1931 publié par la maison lausannoise (mentionnée ainsi : “église d’Echallens [sic] dans le canton Fribourg”) (Vitraux d’art, 1931). Notre hypothèse est que Cingria, très mécontent de la réalisation de ses vitraux de la nef par Kirsch & Fleckner, qui les avait peints et posés sans en référer à l’artiste (Cingria, 1933, p. 29), a préféré changer d’atelier pour la réalisation des verrières du choeur et de la tribune.
Dans une lettre du 25 juin 1926 de l’artiste adressée à l’architecte, l’artiste présente un devis pour les derniers vitraux dans lequel est mentionné le nom de la maison Chiara à Lausanne pour la pose de la rose (Cingria, 1926a). Cingria avait travaillé une première fois avec cette entreprise vaudoise en janvier de cette même année pour la réalisation des quatre verrières du vestibule de l’église Saint-Paul à Cologny, où il avait pu peindre lui-même ses vitraux dans l’atelier, comme il l’explique dans une note explicative (Cingria, 1926d). C’est donc probablement pour cette raison qu’il choisit à nouveau de travailler avec Chiara à Echarlens. Ces premières coopérations aboutiront rapidement à une fructueuse collaboration qui perdurera des années. A Echarlens, c’est apparemment par l’intermédiaire de l’artiste que l’atelier a été payé, comme le laissent supposer les prix avancés par Cingria sur une note et une facture (Cingria, 1926b et c) (Sauterel, Noverraz, 2022).

Les deux verrières du choeur sont consacrées à la Vierge et relatent différents épisodes de sa vie. Construites selon un modèle identique, trois scènes de tailles différentes sont superposées et encadrées de motifs géométriques. Composées dans des coloris à dominante chaude (orange, jaune, rose, beige, brun et rouge-violet), ponctués de quelques touches froides (bleu, gris), elles reprennent, dans un souci d’harmonie des couleurs, les teintes déployées sur le grand retable brodé de Marguerite Naville, mais aussi celles des chandeliers en bronze émaillés de Feuillat et de la mosaïque de Cingria, situés sur et au-dessous du maître-autel.

En 1932, une enquête est lancée auprès du clergé dans la revue suisse Ars sacra, afin de questionner la manière dont les fidèles s’accoutument aux nouvelles formes d’art sacré. En 1934, le curé de la paroisse d’Echarlens, Etienne Dumas, répond ceci : “les oeuvres de Cingria et de Baud ne sont pas aimées, parce que précisément, il n’y a pas de dessin, ce n’est pas fini; ça sent le bâclé, le pressé, le détail y est trop négligé. C’est le mal moderne : la vitesse, on ne prend pas le temps de faire consciencieusement son travail” (Enquête auprès du clergé, 1934, p. 59-60). Il apparaît donc que les paroissiens, six ans après la fin du chantier, n’ont toujours pas réussi à apprivoiser l’art de Cingria et lui reprochent, comme Dumas l’avait fait quelques années auparavant, son art indiscipliné manquant de lisibilité et de clarté. Lors de la consécration de l’église, Mgr Besson avait pourtant prononcé un discours éloquent témoignant du regard positif qu’il portait alors sur cette réalisation et sur les oeuvres que les artistes y avaient exécutées : “leur talent vient de s’épanouir une fois de plus en une oeuvre d’originale splendeur. Soutenus par la foi qui suscita les imagiers incomparables des grands siècles chrétiens, ils restèrent à l’écart de certaines extravagances modernes, tout en réalisant des solutions nouvelles qui montrent que le XXème siècle sait mieux faire que de copier servilement le passé” (Cingria, 1929, p. 43). Bien que l’église d’Echarlens ait obtenu l’approbation de l’évêque du diocèse, la population locale peine à comprendre cet art moderne face auquel elle n’a pas de repère.

Datation
1926
Propriétaire

Paroisse catholique d’Echarlens

Bibliographie et sources

Bibliographie

Bouvier, J. B. (1928). La nouvelle église d’Echarlens. [Tiré à part des Étrennes Fribourgeoises], Fribourg, Suisse : Fragnières Frères.

Chiara, P. (1926, 19 juillet). [Facture]. Archives de l'État de Fribourg, Suisse. Fonds paroisse d'Echarlens.

Cingria, A. (1926a, 25 juin 1926). [Lettre à Fernand Dumas]. Archives de l'État de Fribourg, Suisse. Fonds paroisse d'Echarlens.

Cingria, A. (1926b, 3 octobre 1926). [Note]. Archives de l'État de Fribourg, Suisse. Fonds paroisse d'Echarlens.

Cingria, A. (1926c, 6 décembre 1926). [Facture]. Archives de l'État de Fribourg, Suisse. Fonds paroisse d'Echarlens.

Cingria, A. ([1926d]). Vitraux du narthex de Saint-Paul [Note explicative]. Archives de la paroisse Saint-Paul, Cologny, Suisse.

Cingria, A. (1929). Chronique du Spectateur romand. Ars Sacra : Schweizerisches Jahrbuch für christliche Kunst, 43-45.

Cingria, A. (1933). Souvenirs d’un peintre ambulant. Lausanne, Genève, [etc.], Suisse : Payot.

Enquête auprès du clergé. (1934). Ars Sacra : Schweizerisches Jahrbuch für christliche Kunst, 58-61.

Kirsch, V. et Fleckner, H. (1926, 7 décembre). [Facture]. Archives de l'État de Fribourg, Suisse. Fonds paroisse d'Echarlens.

Lauper, A. (2012). Echarlens. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 115 – 116). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Radin, G. (2011). Correspondance Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki.

Rudaz, P. (1998). Carouge, foyer d’art sacré, 1920-1945. Carouge, Suisse : Ville de Carouge.

Sauterel V., Noverraz, C. (2022). Le statut de l’artiste et son évolution dans le cadre de sa collaboration avec l’atelier Kirsch & Fleckner. Actes du XXXe symposium du Corpus Vitrearum International et du XIe Forum pour la conservation et la technologie du vitrail, Barcelone 4–10 juillet 2022, 115–122.

Vitraux d’art. Industrie suisse. Exécutés par la Maison Chiara de Lausanne sur les projets et avec la collaboration d’Alexandre Cingria [Catalogue publicitaire]. (1931). Centre des littératures en Suisse romande (CLSR), Lausanne, fonds Alexandre Cingria.

Waeber, L. et Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Echarlens_EgliseNotreDamedelAssomption_GSL_132
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Paroisse catholique d’Echarlens

Inventaire

Numéro de référence
GSL_132
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024