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VMR_1549: Adoration des Rois mages, Nativité, Dieu et Esprit Saint
(FR_Romont_VMR_VMR_1549)

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Titre

Adoration des Rois mages, Nativité, Dieu et Esprit Saint

Type d'objet
Artiste
Datation
1947

Iconographie

Description

Cette maquette présente une fenêtre en plein cintre composée de trois scènes superposées, le tout encadré d’une large bordure.
En bas, les trois Rois mages, richement vêtus, sont debout côte à côte, Balthasar portant un turban et Melchior et Gaspard une couronne. Le premier tient un petit coffre, le second un encensoir et le troisième un ciboire. Deux chevaux, l’un noir et l’autre blanc les accompagnent.
Sur la scène médiane, Joseph, appuyé sur un bâton et Marie en prière, sont agenouillés devant l’Enfant Jésus, emmailloté et couché sur une mangeoire, encadré par l’âne et le boeuf. L’étoile de Bethléem les éclairent et à l’arrière-plan à droite, trois personnes se penchent vers le nouveau-né.
En haut au centre sur un fond bleu nuit, Dieu, coiffé d’une tiare, est assis sur un trône, les bras écartés, une colombe au centre d’un halo de lumière apparaissant devant lui. Sur les côtés, six ailes de séraphins au centre desquelles apparaît un visage encadrent Dieu.
Ces trois scènes narratives sont ceintes par une large bordure composée de motifs ornementaux et d’inscriptions à hauteur du plein cintre et en bas, alors que sur les côtés sont représentés une bergère tenant un agneau dans ses bras, un berger avec un mouton sur ses épaules et un second à ses pieds, ainsi que deux anges musiciens. Tous, à l’exception de la bergère, sont tournés vers les scènes centrales.

Code Iconclass
11B3 · la Trinité dans laquelle une (deux ou les trois) Personne(s) a (ont) une forme humaine
11G21 · ange(s) chantant, jouant de la musique
73B23 · adoration de l'enfant Jésus par Marie et Joseph
73B25 · adoration de l'enfant Jésus par les bergers; en présence de Marie et de Joseph
73B57 · adoration des Rois mages : les trois offrent des présents à l'enfant Jésus (de l'or, de l'encens et de la myrrhe)
Mot-clés Iconclass
Inscription

J H S (sur le nimbe de l’Enfant Jésus)
PVER NATVS EST / NOBIS // ET FILIVS DATVS EST / NOBIS (en bas sur la bordure)
FILIVS MEVS EST TV ET HABITAVIT IN NOBIS EGO HODIE GENVITE (en haut sur la bordure)
60 / N°7 / Eglise de Siviriez
[fragment de sceau de douane] (au verso du cadre en bas à droite)

Signature

Th. S (sur la scène inférieure en bas à gauche)

Technique / Etat

Etat de conservation et restaurations

Taches

Technique

Gouache, feutre, aquarelle sur papier

Historique de l'oeuvre

Recherche

Strawinsky a réalisé cinq maquettes, dont celle-ci, suite à une commande reçue en 1947 pour compléter le cycle verrier de la nef de l’église Saint-Sulpice à Siviriez. Ces maquettes étaient anciennement réunies dans un même cadre avant d’être séparées pour des raisons de conservation.
La comparaison de cette maquette avec le vitrail nous révèle à ce stade du processus créatif un dessin pratiquement définitif, dont seuls quelques détails ont été ajoutés ou affinés. L’inscription sur la bordure du bas a été raccourcie pour pouvoir être disposée sur une seule ligne.

Pour le projet d’agrandissement de l’église de Siviriez, édifice datant du début du XIXème siècle (Lauper, 2012, p. 188), l’architecte du Groupe de Saint-Luc Fernand Dumas ne prévoit pas de peintures décoratives pour l’église (Barras et Cosandey 1931). Le 28 mai 1933, une soumission est néanmoins organisée entre trois artistes, sélectionnés par Dumas (Defferard, 1935, p. 35) afin de choisir le responsable de la décoration de l’église, mandat attribué au Vaudois Gaston Faravel (Cingria, 1934, p. 67). Il réalise la polychromie générale, un chemin de croix à la peinture minérale sur des plaques de béton (Waeber, 1957, p. 286), le décor de la tribune des orgues (Diesbach, 1939, p. 29), les décors peints des lunettes à la base des arêtes des voûtes et les deux vitraux qui complètent ce décor sur la tribune des orgues. Ces verrières sont réalisées probablement par l’atelier Chiara, qui s’est également occupé des travaux de vitrerie et de la grande verrière zénithale dans le chœur (Barras, Cosandey, 1935), supprimée en 1968 (Raemy, 1986).

En 1947, Faravel est une nouvelle fois appelé à Siviriez pour réaliser les vitraux de la nef. Il n’a le temps de faire que les maquettes de trois vitraux, mourant prématurément en mai de cette même année. C’est Théodore Strawinsky qui est alors choisi pour réaliser les verrières de Faravel et compléter le cycle, en collaboration avec l’atelier Herbert Fleckner à Fribourg. Le programme théologique est élaboré avec le concours de l’abbé Borcard et l’approbation du chanoine Demierre. Les sujets principaux sont empruntés à la vie du Christ et se correspondent de chaque côté de la nef : l’Annonciation et la Nativité, Jésus parmi les Docteurs et Jésus apaisant la tempête, illustrant le double message doctrinal et pacificateur du Christ ; Le Christ au jardin de Gethsémani et la sainte Cène, deux mystères douloureux et la Transfiguration avec la Remise des clefs à saint Pierre. Ces scènes principales sont complétées par des scènes secondaires selon une concordance des thèmes soit tirée de l’Ancien ou du Nouveau Testament pour les scènes supérieures, soit se référant à un épisode de la vie d’un saint pour les tableaux inférieurs (Strub, 1950, p. 55-56).

Le choix de Strawinsky est surprenant, l’artiste étant totalement novice dans l’art verrier. Les archives de la paroisse ne nous apprennent malheureusement rien sur les circonstances de ce choix. L’artiste a collaboré avec l’atelier fribourgeois d’Herbert Fleckner pour l’ensemble du cycle. Ces nouvelles verrières remplacent les vitraux du XIXème siècle, qui avaient été gravement endommagés suite à un orage de grêle le soir du 11 juin 1942. Malgré l’intervention de l’atelier Fleckner, celles-ci étaient très abîmées. Dès février 1943, le curé parle de la nécessité de les remplacer et propose de faire deux quêtes à l’église durant l’année pour obtenir le financement nécessaire, le conseil de paroisse approuvant totalement cette idée (Oberson et Cosandey, 1943)

D’un point de vue des coloris, Strawinsky joue entre teintes chaudes et froides tout en variant leur dominance selon le message transmis par les scènes narratives. D’un point de vue compositionnel, il respecte les éléments principaux imaginés par Faravel : trois scènes superposées accompagnées d’inscriptions latines et entourées d’une large bordure sur les côtés de laquelle sont insérés quatre personnages, qu’il dispose avec une grande liberté. D’une part, il déplace les inscriptions sur la bordure pour gagner de la place pour la scène centrale et d’autre part, il agrandit sensiblement la taille des personnages situés sur celle-ci, atténuant leur hiératisme pour les faire participer plus directement à la narration principale. Ces changements apportent une plus grande dynamique aux vitraux qui paraissent aussi plus imposants, puisque non ceints totalement par cette bordure. Strawinsky renonce également aux fins encadrements entourant chaque scène, permettant ainsi un rapport plus direct aux épisodes historiés. L’ensemble de ces changements amène une forme de modernité à sa composition, qui n’en n’est pas moins lisible et équilibrée. L’artiste semble aussi comprendre l’avantage des lignes de plomb non assujetties au dessin mais lui apportant au contraire beaucoup de vivacité. Cela est d’autant plus étonnant pour un artiste néophyte dans le domaine verrier. Cette première expérience dans l’art du vitrail à Siviriez permet à Strawinsky d’établir les bases du langage verrier qu’il développera et fera évoluer dans les années suivantes autant dans le domaine sacré que profane, dont l’un des exemples les plus emblématiques est le cycle de dalles de verre de l’église du Christ-Roi à Fribourg réalisé en 1969-1971.

Datation
1947
Donateur·trice / Vendeur·euse

Donation de la Fondation Théodore Strawinsky, Genève (1995)

Propriétaire

Vitromusée Romont

Bibliographie et sources

Bibliographie

Barras, U., Cosandey, L. (1931, 8 juin). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Barras, U., Cosandey, L. (1935, 30 janvier). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Cingria, A. [Le Spectateur romand]. (1934). Chronique du Spectateur romand. Ars sacra, 62-68.

Cosandey, L. Oberson, L. (1943, 5 février). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : Paroisse de Siviriez. Protocole. 1936... 19[? ]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

De Diesbach, F. (1939). Gaston Faravel. Neuchâtel, Suisse : La Baconnière.

Defferrard, A. (1935). L'église de Siviriez. Nouvelles étrennes fribourgeoises, 68, 31-38.

"La consécration de l'église de Siviriez". (1933, 13 septembre). La Liberté, 6. *http://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19330913-01.2.30*

Strub, M. (1950). Théodore Strawinsky. Neuchâtel, Suisse : La Baconnière.

Waeber, L., Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg, Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Zermatten, M. (1990). Théodore Strawinsky, L’oeuvre monumentale. Genève, Suisse.

Zermatten, M. (1984). Théodore Strawinsky. Paris, France : Galerie suisse de Paris.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Romont_VMR_VMR_1549
Crédits photographiques
© Vitromusée Romont
Date de la photographie
2021
Copyright
© Fondation Théodore Strawinsky
Propriétaire

Vitromusée Romont

Inventaire

Numéro de référence
VMR_1549
Auteur·e et date de la notice
Astrid Kaiser 2022; Jennifer Burkard 2022; Valérie Sauterel 2024

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