Fragment de vitrail représentant de face la tête d'un vieil homme barbu et moustachu avec de longs cheveux, traditionnellement interprété comme Abraham. Il est encadré de verres blancs modernes.
Aucune
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Fragment de vitrail représentant de face la tête d'un vieil homme barbu et moustachu avec de longs cheveux, traditionnellement interprété comme Abraham. Il est encadré de verres blancs modernes.
Aucune
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Traces de corrosion, pièce démontée d'un plus grand vitrail et nettoyée en 1979.
Vitrail au plomb, verre incolore, grisaille des deux côtés
Cette tête masculine isolée a été extraite en 1979 du vitrail composite provenant de Saint-Fargeau représentant le Christ tenant un livre (GE_2169). Tout comme la tête dite Gérente (GE_2166), ce fragment est passé inaperçu durant plusieurs décennie dans le lot fargeaulais conservé au Musée Ariana. Il faut attendre l’étude de 1948 de Lafond sur le groupe pour qu’il soit identifié comme externe à l’ensemble.
Selon Lafond (1948, p. 130), le visage reprend le modèle byzantin d’Abraham “portant dans son sein les âmes des élus”. Le style d’exécution peut être rapproché des enluminures du manuscrit de l’Hortus Deliciarum (Alsace, vers 1185) et de celles du Psautier de la reine Ingeburge (Ile-de-France, vers 1218). Ne s’agissant pas d’un travail alsacien (Zschokke, cité in Lafond, 1948, p. 130), Lapaire (1980, p. 24) a proposé d’y voir l’oeuvre d’un atelier situé en Île-de-France, actif au tournant du XIIe siècle.
Le groupe de vingt vitraux dans lequel a été retrouvée la tête provient de l’église Saint-Ferréol de Saint-Fargeau en France et a été exécuté vers 1250 par un atelier actif sur plusieurs chantiers de vitraux dans l’Yonne (cf Raguin, 1982, p. 59-60). Cet ensemble est constitué de panneaux anciens provenant des verrières du choeur de l’église, ainsi que de remontages datant du XIXe siècle, composés d’authentiques verres fargeaulais, combinés à d’autres pièces de remplois de provenance et d’époque diverses. Ces vitraux ont été déposés en 1877 par le peintre verrier parisien Édouard Didron (1836-1902), qui avait par ailleurs acquis en 1868 la collection des frères Gérente, d’où provient la tête (GE_2166) et d’où pourrait également provenir le présent fragment, à la suite du décès d’Alfred (Suau, 1973, p. 636, note 41). Bien que les panneaux soient restés entreposés à Saint-Fargeau jusqu’en 1884 (Pélissier, 1980, p. 79, cité in Raguin, 1985, p. 72 ; Aballéa, 2018, p. 231), il semblerait qu’à la suite des travaux, Didron en soit devenu implicitement propriétaire, comme il en était souvent d’usage (Raguin, 1985, p. 72 ; CVMA, 1986, p. 202). En 1885, les vingt panneaux ont été acquis par le collectionneur genevois Gustave Revilliod (1817-1890) pour le Musée Ariana, par l’intermédiaire de Jean-Charles Töpffer (1832-1905), artiste genevois installé à Paris. Alors que Lapaire (1980, p. 23) a proposé que le montage moderne du vitrail composite soit de la main d’Alfred Gérente, l’hypothèse d’Aballéa (2018, p. 230-231) affirmant que l’insertion de la tête dite Gérente (GE_2166) dans un autre médaillon composite fargeaulais (GE_2165) a été effectuée par Didron entre 1877 et 1885, pourrait également s’appliquer à ce fragment.
Compte tenu de ces appartenances successives, Raguin (1985, p. 72) a proposé de voir dans ce fragment la tête de l’un des prophètes disparus de la rose ouest de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui présente elle aussi des similitudes stylistiques avec le Psautier d’Ingeburge. Toutefois, les comparaisons avec les autres prophètes de Notre-Dame sont limitées, car seul un original du XIIe siècle demeure de nos jours. L’implication d’Alfred Gérente et de Didron dans la restauration des roses de Notre-Dame au XIXe siècle (Gatouillat, 2012, p. 60-62) renforce l’hypothèse de la provenance parisienne de ce fragment. De plus, elle est soutenue par la présence dans le lot de vitraux de Saint-Fargeau acquis par l’Ariana de deux médaillons représentant des anges (GE_2179 et GE_2180), issus de la rose septentrionale du transept de Notre-Dame (Gatouillat, 2012, p. 64). Cette éventuelle localisation d’origine, couplée à la révision de la datation du Psautier de la reine Ingeburge, passé de 1195 à 1218, la datation du fragment pourrait elle aussi être repoussée vers 1230.
Cité dans :
Sidler, 1905, p. 103, n° 91 ; remarque : "Un saint tenant un livre."
Deonna, 1938, p. 174, n° 82.
Lafond, 1948, p. 121, n° 82 et p. 130-131.
Lapaire, 1980, p. 24, pl. 2.
Loche, 1982, p. 164-165, n° 70.
Raguin, 1985, p. 72.
Gustave Revilliod, Genève (donateur)
Musée Ariana, Genève
Henri Gérente, jusqu’en 1849 (Paris) (?) · Alfred Gérente, jusqu’en 1868 (Paris) · Édouard Didron, jusqu’en 1884 (Paris) (?) · Jean-Charles Töpffer, jusqu’en 1885 (Paris) · Gustave Revilliod, jusqu’en 1890 (Genève) · Provient de la collection de vitraux du Musée d’art et d’histoire de Genève
Aballéa, S. (2018). Un vitrail de Saint-Fargeau et l’illustre “tête” Gérente”. In D. Buyssens, I. Naef Galuba & B. Roth-Lochner (Dir.), Gustave Revilliod [1817-1890] un homme ouvert au monde (p. 227-231). Genève : Musée Ariana.
Deonna, W. (1938). Catalogue du Musée Ariana (Fondation G. Revilliod). Genève : Ville de Genève.
Gatouillat, F. (2012). Les vitraux anciens. In A. Vingt-Trois (Dir.). Notre-Dame de Paris (p. 60-65). Strasbourg : La nuée bleue.
Lafond, J. (1948). Les vitraux français du Musée Ariana et l'ancienne vitrerie de Saint-Fargeau (Yonne). Genava, *26*, 115-132.
Lapaire, C. (1980). Vitraux du Moyen Age. Genève : Musée d'art et d'histoire.
Loche, R. (1982). Sauver l'art ? : conserver, analyser, restaurer : [exposition] Musée Rath, Genève, 18 mars 16 mai 1982. Genève : Ed. du Tricorne.
Raguin, V.C. (1985). The Thirteenth-Century Glazing Program of Saint-Fargeau (Yonne). In M.H. Caviness & T. Husband, [Studies on medieval stained glass] : selected papers from the XIth International Colloquium of the Corpus Vitrearum, New York, 1-6 June 1982 (p. 70-81). New York : The Metropolitan Museum of Art.
Sidler, G. (1905). Catalogue officiel du Musée de l'Ariana. Genève : Ville de Genève/Atar.
Anthonioz, S. (Dir.). (2025). Post Tenebras Lux. La collection de vitraux du Musée Ariana. Genève : Éditions Georg.
18.03.1982 – 16.05.1982, Sauver l'art ? : conserver, analyser, restaurer, Musée Rath, Genève
15.11.2024 – 02.11.2025 : Post tenebras lux. Les vitraux du Musée Ariana, Musée Ariana, Genève
Musée Ariana, Genève