Ce vitrail fait partie des trente-sept panneaux connus provenant du cloître du monastère cistercien de Tänikon, en Thurgovie. Cette scène se rapporte à la tentative de lapidation du Christ telle que décrite dans Jean 8:59, en témoigne l’inscription aux pieds du Christ. Un second vitrail, aujourd’hui disparu, devait être son pendant et terminer l’inscription en donnant probablement le statut ou le nom du donateur qui demeure inconnu (Volkart & Elser, 2022, p. 111).
Le cloître du monastère cistercien de Tänikon, bâti vers 1508, est composé de vingt-deux fenêtres en plein cintre. Entre 1558 et 1610, elles sont dotées en plusieurs étapes d’un cycle de vitraux financé par une trentaine de donateurs. Cette commande, qui est l’une des plus importantes pour le vitrail en terre thurgovienne, a été initiée par l’abbesse Sophia vom Grüth (en fonction entre 1550-1579) qui est parvenue à rassembler de nombreux donateurs, parmi lesquels sa propre famille, les parents des conventuelles résidant à Tänikon (Zehnder, 1992, p. 98), les monastères voisins et certaines familles aristocratiques de la région. La première série de vitraux, vers 1558-1559, comporte une vingtaine de panneaux, dont seize portent le monogramme du peintre verrier zurichois Niklaus Bluntschli (avant 1525-1605) et un celui de Jos Murer (1530-1580). Vers 1563-1565, au moins cinq panneaux rejoignent le cloître, dont l’un d’entre eux est signé par le peintre verrier de Bremgarten Hans Füchslin (avant 1558-après 1586). Enfin, entre 1585 et 1610, onze autres panneaux ont été offerts. Par la suite, les dons de vitraux ne sont plus destinés au cloître, mais à d’autres parties du monastère, telles que le réfectoire (Boesch, 1943, p. 16 et 66 ; Keller & Kaufmann, 2022, p. 23).
Bien que les vitraux du cloître aient été donnés sur une longue durée et proviennent de divers donateurs et ateliers de peintres verriers, une cohérence de style, de composition et d’iconographie a été assurée par les abbesses qui se sont succédé à la tête de la commande, notamment par le choix des scènes représentées qui s’articulent autour de la vie du Christ, laissant aux armoiries des commanditaires une place secondaire.
Le “S” relevé par Sidler (1905, p. 102) et Deonna (1938, p. 8) sur le sabre du personnage penché au premier plan s’apparente plus à une simple décoration qu’à un monogramme de peintre verrier (Boesch, 1943, p. 55). En l’absence de plus amples informations, ce vitrail ne peut en définitive être ni daté ni attribué. Zehnder (1992, p. 97) propose toutefois de rattacher ce panneau à la série des onze vitraux arrivés après la mort de Sophia vom Grüth, sous sa coadjutrice Barbara von Hertenstein.
Ce panneau provient de la collection constituée par le marchand de soie de Constance Johann Nikolaus Vincent (1785-1865) de 1816 jusqu’à sa mort. Vendus au collectionneur en 1832 par l’abbesse Maria Johanna Baptista Rutz (en fonction entre 1827-1848), les vitraux de Tänikon sont restés groupés jusqu’en 1890. Ce n’est qu’à cette date, lors de la mise aux enchères de la collection Vincent, qu’ils ont été dispersés (Keller, 2022, p. 43 et suivantes ; Volkart & Elser, 2022, p. 79). Six panneaux se trouvent aujourd’hui au Musée Ariana à Genève, tandis que les autres sont conservés dans diverses institutions, telles que le Musée national suisse, le Musée historique de Thurgovie, le Musée régional de Bade à Karlsruhe, le Musée national germanique à Nuremberg, le Musée Heylshof à Worms, ou encore le Musée historique de Lucerne.
Cité dans:
Rahn, 1890, p. 199, n° 83.
Sidler, 1905, p. 102, n° 53.
Deonna, 1938, p. 8, n° 3.
Boesch, 1943, p. 55, n° 30.
Zehnder, 1992, p. 25, 95-105, n° 30.
Keller & Kaufmann, 2022, p. 23, n° 30.
Volkart & Elser, 2022, p. 79-80, p. 111, n° 30.