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GSL_623: Vierge à l’Enfant
(VD_Lutry_EgliseStMartin_GSL_623)

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Titre

Vierge à l’Enfant

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1930
Dimensions
235 x 119 cm
Lieu
Emplacement
Choeur, s II
Inventaire

Iconographie

Description

La Vierge, la tête auréolée, est assise sur un siège caché par sa longue robe, posé sur un piédestal. Elle tient sur ses genoux l’Enfant Jésus encore bébé, lui aussi auréolé, en train de lire un livre. La Vierge le regarde et tient au-dessus de sa main droite un coeur rayonnant. L’arrière-plan est composé de motifs végétaux sur fond brun.

Code Iconclass
11F4223 · Marie assise, éventuellement sur un trône, avec l'enfant Jésus couché sur ses genoux (Jésus à la gauche de Marie)
Mot-clés Iconclass
Inscription

Aucune

Signature

Aucune

Technique / Etat

Technique

Mosaïque de verre avec éléments peints sous verre. Vitrail au plomb, verre américain, verre cathédrale, verre chenillé, grisaille, verre structuré

Historique de l'oeuvre

Recherche

Cette mosaïque de verre a été réalisée en 1930 par Alexandre Cingria et probablement l’atelier Chiara, pour le choeur de l’église catholique Saint-Martin de Lutry.

A la fin des années vingt, face à l’étendue de la paroisse et à l’augmentation des fidèles, l’édification d’un lieu de culte pour la région Paudex-Lutry s’impose. En avril 1929, l’assemblée de la Société catholique de la Paudèze, animée par l’abbé Henri Barras, curé du Saint-Rédempteur, désigne l’architecte Fernand Dumas, soutenu par Mgr Besson. En mandatant le Romontois, les paroissiens choisissent indirectement de travailler avec les artistes du Groupe de Saint-Luc, dont Dumas est un représentant emblématique (Neuenschwander Feihl, 1995, p. 666, 669). Il fait appel au principal animateur de la Société, le Genevois Alexandre Cingria, pour la réalisation des vitraux puis la décoration intérieure du sanctuaire, bien qu’aucune source n’explique les circonstances de ces attributions (Neuenschwander Feihl, 1995, p. 671). Après son travail à Echarlens et Finhaut, c’est la troisième fois que l’artiste collabore avec l’architecte fribourgeois pour la décoration intérieure d’une église, et l’expérience acquise jusque-là lui permet d’aborder son travail avec un peu plus de sérénité, comme il le souligne dans ses Souvenirs d’un peintre ambulant : “C’est une grande entreprise qui demandait beaucoup de surveillance. J’étais du reste à mes débuts, Echarlens étant la première église qu’on m’ait confiée à décorer. Depuis, avec Finhaut et St-Martin de Lutry, j’ai acquis de l’expérience, et quand je serai à ma septième église, comme notre jeune ami Faravel, je connaîtrai le métier” (Cingria, 1933, p. 17).

En février 1930, le curé Barras informe Dumas de son choix pour l’iconographie des vitraux. Pour les verrières du choeur, il suggère deux sujets à choix : l’apparition du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie ou l’Annonciation. Cingria, qui propose de faire un don pour celles-ci, opte pour deux autres thèmes : l’Église triomphante et le Chirst Roi. Ce choix semble avoir conquis le curé puisque ce sont ces thèmes qui sont déclinés dans les deux verrières du choeur (Neuenschwander Feihl, 1995, p. 673). Pour les vitraux de la paroi sud de la nef, il illustre différents saints ayant une importance pour l’histoire du catholicisme vaudois, à l’instar de saint Maire, premier évêque de Lausanne, ou pour le catholicisme romand et suisse (saint François de Sales, saint Pierre Canisius, saint Nicolas de Flüe). Saint François de Sales et saint Maire ont été suggérés par l’abbé Barras, qui a également proposé des vitraux dédiés à saint Martin et à Notre-Dame de Lausanne. Finalement, saint Martin, patron de l’église, sera à l’honneur dans le retable en mosaïque du choeur réalisé par l’artiste Marguerite Naville, et le thème de la Vierge à l’enfant est décliné par Cingria dans le choeur à travers cette très originale oeuvre en verre (Neuenschwander Feihl, 1995, p. 672, 673-674).

Dans son article consacré à l’église, Joëlle Neuenschwander évoque la technique de la peinture sous verre pour la décrire (Neuenschwander Feihl, 1995, p. 674). Une analyse in situ nous permet de conclure qu’il s’agit d’une oeuvre mêlant plusieurs techniques, à cheval entre le vitrail, la mosaïque et la peinture sous verre. Comme pour le vitrail, les pièces sont assemblées à l’aide de baguettes de plomb peintes afin d’imiter le cuivre, la couleur or s’harmonisant avec l’effet précieux de l’ensemble. La différence principale avec le vitrail réside dans son absence de translucidité, le montage en verre étant posé devant le mur opaque, et non devant une fenêtre. Cet aspect le rapproche de la mosaïque ou de ce qui s’apparente à une sorte de marqueterie de verre, rappelant la technique utilisée par l’artiste en 1926 pour les parties décoratives ornant les pans de mur situés entre ses vitraux du vestibule de l’église de Saint-Paul de Cologny (par exemple GE_08.08). La technique de la mosaïque de verre est assez rare en Suisse à cette période. Durant le premier quart du XXème siècle, l’artiste lucernois Joseph von Moos réalise plusieurs oeuvres de ce type, comme à la Kinderkapelle au cimetière Friedental de Lucerne en 1907 (M. Just, communication par courriel, 28 juin 2022). Au moment de la réalisation de cette oeuvre à Lutry, Von Moos et Cingria faisaient tous deux partie de la Société Saint-Luc (réunissant les anciens membres romands du Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice et des suisses alémaniques animés de la même volonté de renouveler l’art sacré) (Brentini, 1982, p. 211).
A Lutry, Cingria s’est servi de pièces de verre industriel présentant différentes textures et degrés de brillance et d’opacité, comme le verre américain du piédestal, pratiquement complètement mat, qui évoque la matière marbre, ou les auréoles composées avec un verre chenillé particulièrement brillant. Il a travaillé les personnages avec la technique de la peinture sous verre, qui consiste à peindre à l’envers du support en verre composé d’une seule pièce, tandis que certaines parties des vêtements sont travaillées avec deux couches de verre superposés, dont seul le verso du verre supérieur est peint.

Artiste sans cesse à la recherche d’innovation, il n’est pas surprenant que Cingria soit l’auteur de cette oeuvre hybride. Au milieu des années 1930, il sera l’un des premiers à travailler en Suisse romande dans la technique de la dalle de verre, procédé qui se situe d’ailleurs à l’intersection du vitrail et de la mosaïque (Noverraz, Sauterel, Wolf, 2021). A la fin de sa carrière, il mettra également au point avec le verrier Fleckner une technique de vitrail sans plomb afin d’en améliorer la luminosité (Moullet, 1947, p. 5).

Datation
1930
Propriétaire

Paroisse St-Martin, Lutry

Bibliographie et sources

Bibliographie

Brentini, F. (1982). Im Dienste der modernen kirchlichen Kunst: Die Societas Sancti Lucae (SSL) 1924-1981 [mém�o�i�r�e� �d�e� �li�c�e�n�c�e�,� �U�n�i�v�e�r�s�i�t�é �d�e� �L�u�c�e�r�n�e�].� �

Cingria, A. (1933). Souvenirs d’un peintre ambulant. Lausanne, Genève, [etc.], Suisse : Payot.

Meylan, P. (1993). R�e�n�é �M�o�r�a�x� �e�t� �A�r�t�h�u�r� �H�o�n�e�g�g�e�r� �a�u� �T�h�éât�r�e� �d�u� �J�o�r�a�t�. G�e�n�èv�e�, Suisse : �S�l�a�t�k�i�n�e� �R�e�p�r�i�n�t�s�.

Moullet, M. (1947, 11 janvier). Une invention dans l’art du vitrail : A propos des nouvelles verrières d’Alexandre Cingria au sanctuaire de N-D des Marches. La Liberté, 5. https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19470111-01.2.40&e=-------de-20--1--txt-txIN-Une+invention+dans+l’art+du+vitrail-------0-----

Neuenschwander Feihl, J. (1995). L’église catholique Saint-Martin à Lutry : Brève chronique du chantier. Dans Hommage à Marcel Grandjean : Des Pierres et des hommes, Lausanne, Suisse.

Noverraz, C., Sauterel, V., Wolf, S. (2021). De béton et de verre. La dalle de verre et ses premières utilisations en Suisse. Monuments vaudois (11), 50-59.

Vitraux d’art. Industrie suisse. Exécutés par la Maison Chiara de Lausanne sur les projets et avec la collaboration d’Alexandre Cingria [Catalogue publicitaire]. (1931). Centre des littératures en Suisse romande (CLSR), Lausanne, fonds Alexandre Cingria.

Informations sur l'image

Nom de l'image
VD_Lutry_EgliseStMartin_GSL_623
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Paroisse St-Martin, Lutry

Inventaire

Numéro de référence
GSL_623
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024; Camille Noverraz 2024