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GSL_510: Scènes de la vie de saint François Xavier
(FR_Siviriez_EgliseSaintSulpice_GSL_510)

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Titre

Scènes de la vie de saint François Xavier

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1936
Dimensions
Env. 260 x 125 cm
Lieu
Emplacement
Transept, se VI
Inventaire

Iconographie

Description

Fenêtre en plein-cintre composée, sur fond bleu ciel, de trois panneaux comportant chacun un épisode de la vie de saint François Xavier, accompagnés d’inscriptions les décrivant.
Le panneau supérieur met en scène saint François Xavier au Japon. Debout au centre, vêtu de noir, il fait face à un guerrier japonais en armure, tandis qu’un autre indigène l’accompagne, tenant un tableau représentant la Vierge à l’Enfant. Un troisième japonais assiste à la scène, assis en tailleur à côté du guerrier, derrière un petit siège garni d’un coussin brodé. Le décor se compose d’un élément d’architecture japonisant, d’un panneau comportant un idéogramme, et à gauche d’un pin à côté de petites maisons.
Le panneau central présente François Xavier, assis à droite, prêchant la bonne parole à Goa, alors capitale des Indes. Il s’adresse à un couple de personnages de haut rang assis sur un trône garni de riches étoffes, l’homme étant probablement un dignitaire portugais, comme l’indique la présence des armoiries du Royaume du Portugal placées derrière lui. La femme qui l’accompagne porte une tenue traditionnelle indienne, avec un long voile rose lui couvrant la tête. Les deux écoutent attentivement le saint, tout comme deux personnages placés à l’arrière-plan. Une colonne et un palmier sont figurés à côté d’eux, tandis que le bateau du missionnaire apparaît à droite du trône.
Sur le panneau inférieur, saint François Xavier est représenté sur son lit de mort, le visage blafard et le corps recouvert de son vêtement noir, tenant encore un cierge allumé de sa main droite. Il est veillé par un asiatique agenouillé, élevant un crucifix au-dessus de lui. L’arrière-plan est composé d’une tente constituée d’une structure de bambous habillée de pans de toile ou de tissus. A l’arrière-plan, on devine la silhouette du navire ayant transporté le saint jusqu’à l’île de Sancian où il décède.
Au sommet de la verrière est figuré un globe terrestre autour et à côté duquel se déploient un filet, une ancre, une croix et un navire à l’arrière-plan.

La partie centrale est encadrée par une fine bordure dans les tons de rouge et ocre, autour de laquelle se déploie un plus large encadrement avec des motifs ornementaux entrecroisés d’éléments en lien avec l’iconographie hagiographique développée au centre de la baie. De bas en haut, à gauche, on peut reconnaître : un bateau, un crabe, de la végétation sous-marine, un voilier, des coquillages, une main bénissant et une jonque. Au sommet de la verrière, des rinceaux ornementaux et des motifs floraux dorés sont entrecroisés avec la représentation d’une bouée et d’un objet métallique en son centre, à gauche, au milieu le monogramme « XP », et, à droite, plusieurs pages remplies d’écriture et des objets qui pourraient être des instruments de navigation. En redescendant du côté droit, on trouve une mouette survolant une plage avec un coquillage, les voiles d’un bateau, des étoiles, une anémone ou une éponge de mer, un autre navire, les côtes d’un rivage avec une pagode et un dragon chinois dans l’eau, un phylactère avec une inscription, les voiles d’un bateau, un phare et une boussole.

Code Iconclass
11D112 · chrisme et formes dérivées ~ symbole du Christ
11H(FRANCIS XAVIER)4 · activités et événements non-miraculeux ~ St François Xavier
11H(FRANCIS XAVIER)412 · St François Xavier, comme missionnaire aux Indes Orientales, prêchant, p.ex. devant un souverain indien
11H(FRANCIS XAVIER)6 · martyre, souffrance, malheurs, mort de St François Xavier
25A13 · globe
25C21 · boussole
25F37(GULL) · échassiers et oiseaux riverains : mouette
25F716(CRAB) · crustacés : crabe
25G41(ANEMONE) · fleurs : anémone
46C21 · navires (en général)
46C215(ANCHOR) · partie de l'extérieur du navire : ancre
48A9853 · coquillage ~ ornement
Mot-clés Iconclass
Inscription

il meurt en vue de la chine (en bas du panneau inférieur)
il réforme les moeurs a goa (en bas du panneau médian)
st françois xavier au japon (en bas du panneau supérieur)
DON DE F. / DEMIERRE / CURE 1936 (tout en bas de la bordure de gauche)
AMPLIUS / DOMINE / AMPLIUS (sur le phylactère du deuxième segment de la bordure de droite)

Signature

CINGRIA (sous les pieds du saint au bas du panneau inférieur)
AC [monogramme en ligature] (en bas à gauche du panneau inférieur en dessous du saint allongé)
Kirsch & Fleckner / Fribourg 1936 (au bas du panneau inférieur, à droite)
CINGRIA (sous le saint, en bas du panneau médian)
AC [monogramme en ligature] (en bas à gauche du panneau médian)
CINGRIA (sous les pieds du saint, en bas du panneau supérieur)
AC [monogramme en ligature] (à côté du petit siège, au bas du panneau supérieur)

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, verres plaqués gravés à l’acide, jaune d’argent

Historique de l'oeuvre

Recherche

Cette verrière a été réalisée en 1936 par Alexandre Cingria et l’atelier Kirsch & Fleckner pour le transept sud-est de l’église de Siviriez.
Ce vitrail fait partie d’un cycle de six vitraux conçus par l’artiste dans le nouveau transept, créé lors de la rénovation et l’agrandissement entre 1932 et 1933, par l’architecte du Groupe de Saint-Luc Fernand Dumas, de l’édifice datant du début du XIXème siècle (Lauper, 2012, p. 188). Le budget alloué pour la rénovation est limité, et ne prévoit au départ aucun travail artistique (Barras, Cosandey, 1931). En 1933, l’artiste Gaston Faravel est néanmoins mandaté pour la décoration générale de l’édifice (Cingria, 1934, p. 67).
Les comptes de bâtisse indiquent qu’aucun artiste n’est sollicité pour la réalisation de vitraux, les verrières de l’ancienne église étant encore en place dans la nef. Seul l’atelier Chiara est mentionné dans un décompte des dépenses établi au 30 janvier 1935 dans les procès-verbaux du conseil de paroisse, qui ne précise pas pour quel type de travail l’entreprise lausannoise a été mandatée (Barras, Cosandey, 1935). L’atelier fournit probablement la vitrerie ou les verres colorés du transept et des deux fenêtres du choeur, ainsi que la verrière de la voûte du choeur. Tous ces éléments ont aujourd’hui disparu. La verrière zénithale du choeur est supprimée en 1968, tandis que de nouveaux vitraux de l’artiste Samuel Burri sont placés dans le choeur en 1985, garnissant les deux anciennes fenêtres latérales tout comme trois nouvelles fenêtres percées dans l’abside (Raemy, 1986). Quant aux fenêtres du transept, elles ne recevront des vitraux de Cingria qu’en 1936.

Les archives concernant la rénovation de l’église de Siviriez par les artistes du Groupe de Saint-Luc étant lacunaires, il est difficile de comprendre pourquoi les vitraux de Cingria ont été placés près de trois ans après la fin des travaux. Il est toutefois possible, sur la base de quelques sources, de formuler une hypothèse concernant l’attribution de la commande. Lors de la consécration de l’édifice en septembre 1933, Cingria assiste à la célébration, ce qui est étonnant étant donné que l’artiste n’a à ce moment-là réalisé aucune oeuvre dans l’édifice (M. Zg., 1933, p. 2-3). Outre son rôle de président du Groupe romand de Saint-Luc, sa présence pourrait laisser supposer que l’artiste, alors activement à la recherche de commande, est pressenti pour les futurs vitraux, dont la réalisation ne peut être réalisée immédiatement pour des raisons financières. Les inscriptions présentes sur l’ensemble des six vitraux indiquent qu’ils ont tous été offerts par un donateur privé, association ou ordre religieux. Les trois ans séparant la consécration de la pose ont donc probablement été nécessaires pour obtenir ces financements.

Ces six verrières du transept sont représentatives de l’art de peintre-verrier de Cingria, qui y déploie un programme hagiographique d’une grande cohérence et complexité. Au centre de la verrière, il dispose trois épisodes narratifs représentés à la manière de scènes de théâtre : les personnages expriment leurs intentions grâce à une gestuelle et des expressions claires, tandis que l’espace dans lequel l’action se déroule est figuré partiellement, comme un décor se détachant sur un fond bleu clair. La cohérence visuelle entre les six verrières est assurée par la présence de ce fond bleu, tout comme par la bordure ornementale composée d’entrelacs et de rinceaux aux formes très originales, qui se répètent dans chacune des fenêtres, entremêlés d’objets et d’attributs liés à la vie du saint dont il est question dans chaque verrière. De ce côté du transept, les trois parties centrales des fenêtres sont surmontées d’éléments figuratifs en lien avec la vie du saint alors que du côté nord-ouest sont figurées de représentations de sanctuaires de pèlerinages mariaux.

En 1936, Cingria vient de terminer les vitraux des églises d’Ependes et d’Autigny et travaille cette même année aux vitraux de l’église Saint-Othmar de Broc et d’Orsonnens. Dans tous ces mandats, il renouvelle sans cesse sa manière d’aborder la représentation des saints, que ce soit d’un point de vue compositionnel, comme à Orsonnens (GSL_11), par la mise en relation d’éléments iconographiques historiques et contemporains, comme à Saint-Othmar de Broc (GSL_281), ou par un travail mêlant épisodes narratifs et éléments renvoyant aux caractéristiques personnelles de chaque saint, comme ici. Par leur superposition en trois scènes narratives encadrées d’une large bordure, ces vitraux suivent le schéma compositionnel établi dans la nef de l’église Saint-Paul de Cologny à Genève, réalisés par différents artistes dont Cingria entre 1915 et 1920, ainsi que ceux de la nef de Semsales qui s’en inspirent directement (GSL_75 ; GSL_90). Cingria reprend ici de manière presque littérale les éléments de sa composition de Cologny (bordure d’une grande complexité iconographique, présence des inscriptions), se référant volontairement à cette oeuvre pionnière ayant marqué le début du mouvement de renouveau de l’art sacré en Suisse romande (GE_08.04 ; GE_08.10 ; GE_08.02).
D’un point de vue stylistique et de la complexité iconographique, les vitraux de Siviriez rappellent beaucoup ceux de la chapelle du Foyer franciscain de Saint-Maurice, où il mêle également aspects narratifs, décoratifs et graphiques avec des symboles et attributs hagiographiques (GSL_180). Contrairement aux oeuvres du Foyer franciscain où l’artiste utilise des cabochons aux formes variées, ceux-ci sont utilisés de manière plus discrète à Siviriez où on les retrouve principalement sur le vitrail de la Vierge dans quelques éléments précis. C’est par un important travail de peinture à la grisaille et dans la technique de la gravure à l’acide sur des verres plaqués superposant plusieurs couches de couleurs que l’artiste compose l’ensemble du dessin, foisonnant de détails parfois difficilement lisibles.

L’exécution est confiée à l’atelier Kirsch & Fleckner, avec lequel Cingria a déjà travaillé quelques années plus tôt dans le cadre du mandat des vitraux d’Echarlens, commande durant laquelle l’artiste n’avait pas été satisfait du travail de l’entreprise, qui avait peint ses vitraux à sa place et les avait posés sans s’en référer à lui (Cingria, 1933, p. 21). Au vu de la complexité de ces verrières, il est évident que Cingria a réalisé la peinture à la grisaille lui-même et qu’avec l’atelier, ils ont réussi à trouver un équilibre dans cette collaboration. Kirsch & Fleckner a prouvé son savoir-faire dans le montage très délicat de ces vitraux, particulièrement pour les bordures présentant des verres de petites dimensions aux formes incurvées, réclamant une minutie particulière pour la mise en plomb et la découpe. Après Siviriez, l’artiste a d’autres occasions de collaborer avec la maison fribourgeoise, notamment à Orsonnens, puis pour la collégiale de Romont et l’église d’Attalens. A la fin de sa vie, Cingria travaille étroitement avec le fils de Karl Fleckner, Herbert, avec lequel il expérimente de nouvelles techniques dans le domaine du vitrail (Moullet, 1947, p. 5).

Datation
1936
Propriétaire

Paroisse de Siviriez-Villaraboud

Bibliographie et sources

Bibliographie

Barras, U., Cosandey, L. (1931, 26 juillet). Protocole de la séance de l’assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Barras, U., Cosandey, L. (1935, 30 janvier). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Cingria, A. (1933). Souvenirs d’un peintre ambulant. Lausanne, Genève, [etc.], Suisse : Payot.

Cingria, A. [Le Spectateur romand]. (1934). Chronique du Spectateur romand. Ars sacra, 62-68.

Cingria, A. (1937). Deux reproductions des vitraux de l’église de Siviriez. Nova et Vetera, (4), 369, 384.

Cingria, C. A. (1939, juillet). Cingria et le vitrail moderne. L’Art sacré, 206-211.

Defferrard, A. (1935). L'église de Siviriez. Nouvelles étrennes fribourgeoises, (68), 31-38.

Lauper, A. (2012). Siviriez. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 188). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

M. Zg. (1933, 14 septembre). L’inauguration de l’église de Siviriez. La Gruyère, 2. https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LGE19330914-01.2.8&srpos=3&e=-------fr-20--1--txt-txIN-Cingria+consécration+Siviriez-------0-----

Raemy, F. (1986, 29 mars). Message relatif à la restauration de l'église paroissiale de Siviriez établi à l'intention de la Commission financière [...]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Siviriez_EgliseSaintSulpice_GSL_510
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Paroisse de Siviriez-Villaraboud

Inventaire

Numéro de référence
GSL_510
Auteur·e et date de la notice
Camille Noverraz 2024