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GSL_500: Scènes de la vie de saint Pierre Canisius
(FR_Siviriez_EgliseSaintSulpice_GSL_500)

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Titre

Scènes de la vie de saint Pierre Canisius

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1936
Dimensions
Env. 260 x 125 cm
Lieu
Emplacement
Transept, nw IV
Inventaire

Iconographie

Description

Fenêtre en plein cintre composée, sur un fond bleu ciel, de trois scènes superposées comportant chacune un épisode de la vie de saint Pierre Canisius, accompagnés d’inscriptions les décrivant.
Sur le panneau supérieur, Pierre Canisius arrive à Fribourg, accompagné à sa droite d’un cardinal vêtu en violet, probablement le nonce Bonomini, et serre la main de l’avoyer de Fribourg, derrière lequel se tient un banneret en armure portant le drapeau du canton. Ils se trouvent devant l’une des portes de la ville (peut-être celle de Morat), surmontée des armoiries du canton, avec à l’arrière-plan la tour de la cathédrale qui apparaît derrière des maisons.
Le panneau central met en scène Pierre Canisius priant à Bourguillon, agenouillé devant l’autel sur lequel se trouve la statue de la Vierge à l’Enfant, qui l’aurait guéri. A l’arrière-plan à droite, trois enfants ou une mère et ses enfants prient, appuyés sur un banc. Un nuage flotte au-dessus de la tête du saint, au coeur duquel on peut voir deux anges les mains croisées sur la poitrine.
Sur le panneau inférieur, Pierre Canisius, assis avec un livre ouvert sur ses genoux, enseigne à des enfants, qui l’entourent assis ou debout. A l’arrière-plan à droite apparaît la tour de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg tandis qu’à gauche, l’archange saint Michel debout, incarne le collège fondé par le saint et placé sous sa protection.
Dans la partie supérieure de la fenêtre, la chapelle de pèlerinage de Bourguillon complète ces trois scènes.

Ces trois scènes sont encadrées par une fine bordure dans les tons de rouge et ocre, autour de laquelle se déploie un plus large encadrement avec des motifs ornementaux bleus et jaunes, entrecroisés d’éléments en lien avec l’iconographie hagiographique développée sur les scènes narratives. De bas en haut, à gauche, on peut reconnaître : une main tenant un calice surmonté de l’hostie, un parchemin comportant le nom de la donatrice du vitrail, des fonts baptismaux, l’église du collège Saint-Michel, une tiare papale et les clés de saint Pierre, l’emblème des jésuites comportant le monogramme “IHS” et les clous du supplice du Christ, les plans du collège Saint-Michel en projet, des vases liturgiques disposés sur une coupe et un bougeoir. Au sommet de la verrière, sont représentés deux drapeaux, l’un avec les armoiries de la ville de Fribourg et l’autre avec l’aigle bicéphale impérial, et, au-dessus, un triangle évoquant la Trinité. En redescendant du côté droit, on trouve l’illustration d’un édifice en proie aux flammes devant lequel s’érige un pont couvert, tandis qu’un démon sous la forme d’un animal noir à tête blanche, tirant la langue, s’éloigne sur la droite. En dessous est figuré un élément non identifié, peut-être un chapelet, en dessus d’un livre, puis un ostensoir tenu par deux mains, les deux pans d’une étole, une barrette de prêtre posée sur une aube, une plume dans un encrier avec un parchemin, et enfin une colombe auréolée, les ailes ouvertes.

Code Iconclass
11B11 · symboles de la Trinité ~ compositions circulaires et/ou triangulaires
11H(PETER CANISIUS) · Pierre Canisius, père jésuite; attributs possibles : livre, crucifix, monogramme IHS, plume, tête de mort
11H(PETER CANISIUS)4 · activités et événements non-miraculeux ~ St Pierre Canisius
11H(PETER CANISIUS)41 · St Pierre Canisius enseignant le catéchisme
11K2 · diables sous forme d'animaux (fabuleux)
11P31111 · insignes de la papauté, p.ex. la tiare
11P3161 · clergé régulier, p.ex. les Jésuites, les Rédemptoristes
11Q6221 · lieu de pèlerinage, lieu sacré
11Q712 · église (extérieur)
11Q7144 · vases et ustensiles utilisés dans l'église
11Q71442 · patène
11Q71444 · ostensoir, monstrance
11Q71466 · étole ~ vêtements liturgiques
11Q73214 · fonts baptismaux
44A31 · étendard, bannière (en tant que symbole d'un état, etc.)
48AA98212 · tête feuillue, à rinceaux ~ ornement - AA - stylisé
7(+13) · Bible (+ le Saint-Esprit (sous la forme d'une colombe))
Mot-clés Iconclass
Héraldique

Armoiries du canton de Fribourg (dans le panneau central au-dessus de la porte de la ville)
Drapeau du canton de Fribourg (dans la scène centrale, tenu par le banneret)
Drapeau de la ville de Fribourg (au sommet de la verrière à gauche)
Drapeau du Saint Empire romain germanique (au sommet de la verrière à droite)

Inscription

st. pierre canisius enseignant (en bas du panneau inférieur)
st pierre canisius a bourguillon (en bas du panneau médian)
st pierre canisius arrive a fribourg (en bas du panneau supérieur)
IHS (sur le segment supérieur de la bordure de gauche)
DON / DE / MLLE / LEONIE / DEMATRAZ / INSTITUTRICE (sur le parchemin dans le segment inférieur de la bordure de gauche)

Signature

AC [monogramme en ligature] (en bas à droite de la scène de saint Pierre Canisius enseignant)
CINGRIA (en bas à droite sous saint Pierre Canisius priant dans le panneau central)
CINGRIA 193[?] (en bas au centre de la scène supérieure)

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, verres plaqués gravés à l’acide, jaune d’argent

Historique de l'oeuvre

Recherche

Cette verrière a été réalisée en 1936 par Alexandre Cingria et l’atelier Kirsch & Fleckner pour le transept nord-ouest de l’église de Siviriez.
Ce vitrail fait partie d’un cycle de six vitraux conçus par l’artiste dans le nouveau transept, créé lors de la rénovation et l’agrandissement entre 1932 et 1933, par l’architecte du Groupe de Saint-Luc Fernand Dumas, de l’édifice datant du début du XIXème siècle (Lauper, 2012, p. 188). Le budget alloué pour la rénovation est limité, et ne prévoit au départ aucun travail artistique (Barras, Cosandey, 1931). En 1933, l’artiste Gaston Faravel est néanmoins mandaté pour la décoration générale de l’édifice (Cingria, 1934, p. 67).
Les comptes de bâtisse indiquent qu’aucun artiste n’est sollicité pour la réalisation de vitraux, les verrières de l’ancienne église étant encore en place dans la nef. Seul l’atelier Chiara est mentionné dans un décompte des dépenses établi au 30 janvier 1935 dans les procès-verbaux du conseil de paroisse, qui ne précise pas pour quel type de travail l’entreprise lausannoise a été mandatée (Barras, Cosandey, 1935). L’atelier fournit probablement la vitrerie ou les verres colorés du transept et des deux fenêtres du choeur, ainsi que la verrière de la voûte du choeur. Tous ces éléments ont aujourd’hui disparu. La verrière zénithale du choeur est supprimée en 1968, tandis que de nouveaux vitraux de l’artiste Samuel Burri sont placés dans le choeur en 1985, garnissant les deux anciennes fenêtres latérales tout comme trois nouvelles fenêtres percées dans l’abside (Raemy, 1986). Quant aux fenêtres du transept, elles ne recevront des vitraux de Cingria qu’en 1936.

Les archives concernant la rénovation de l’église de Siviriez par les artistes du Groupe de Saint-Luc étant lacunaires, il est difficile de comprendre pourquoi les vitraux de Cingria ont été placés près de trois ans après la fin des travaux. Il est toutefois possible, sur la base de quelques sources, de formuler une hypothèse concernant l’attribution de la commande. Lors de la consécration de l’édifice en septembre 1933, Cingria assiste à la célébration, ce qui est étonnant étant donné que l’artiste n’a à ce moment-là réalisé aucune oeuvre dans l’édifice (M. Zg., 1933, p. 2-3). Outre son rôle de président du Groupe romand de Saint-Luc, sa présence pourrait laisser supposer que l’artiste, alors activement à la recherche de commande, est pressenti pour les futurs vitraux, dont la réalisation ne peut se faire immédiatement pour des raisons financières. Les inscriptions présentes sur l’ensemble des six vitraux indiquent qu’ils ont tous été offerts par un donateur privé, association ou ordre religieux. Les trois ans séparant la consécration de la pose ont donc probablement été nécessaires pour obtenir ces financements.

Ces six verrières du transept sont représentatives de l’art de peintre-verrier de Cingria, qui y déploie un programme hagiographique d’une grande cohérence et complexité. Au centre de la verrière, il dispose trois épisodes narratifs représentés à la manière de scènes de théâtre : les personnages expriment leurs intentions grâce à une gestuelle et des expressions claires, tandis que l’espace dans lequel l’action se déroule est figuré partiellement, comme un décor se détachant sur un fond bleu clair. La cohérence visuelle entre les six verrières est assurée par la présence de ce fond bleu, tout comme par la bordure ornementale composée d’entrelacs et de rinceaux aux formes très originales, qui se répètent dans chacune des fenêtres, entremêlés d’objets et d’attributs liés à la vie du saint dont il est question dans chaque verrière. A la différence des cinq autres, la verrière centrale du côté nord-ouest met à l’honneur la Vierge Marie en pied. De ce côté du transept, les trois parties centrales des fenêtres sont surmontées de représentations de sanctuaires de pèlerinages mariaux, tandis que dans les trois baies du côté sud-est, ce sont d’autres éléments figuratifs en lien avec la vie du saint qui figurent à cet emplacement.

Deux cartons des vitraux de Siviriez ont été publiés dans les revues Nova et Vetera, en 1937, et L’Art sacré, en 1939 (Cingria, 1937, p. 369, 384 ; Cingria, 1939, p. 206). Ce sont les seuls témoins du travail préparatoire mené par Cingria dont nous ayons connaissance concernant Siviriez. Il s’agit, pour le premier, du carton de la partie figurée du panneau central de la verrière dédiée à saint Pierre Canisius et, pour le deuxième, du panneau central de celle dédiée à sainte Thérèse de Lisieux. Leur dessin est fidèle à la version finale visible sur les vitraux. Ils révèlent la manière dont Cingria a travaillé, en ne concevant non pas un carton grandeur de l’ensemble du vitrail, mais en travaillant panneau par panneau, tandis que des cartons spécifiquement dédiés aux encadrements décoratifs ont dû être élaborés pour guider le travail de l’atelier.

En 1936, Cingria vient de terminer les vitraux des églises d’Ependes et d’Autigny et travaille cette même année aux vitraux de l’église Saint-Othmar de Broc et d’Orsonnens. Dans tous ces mandats, il renouvelle sans cesse sa manière d’aborder la représentation des saints, que ce soit d’un point de vue compositionnel, comme à Orsonnens (GSL_11), par la mise en relation d’éléments iconographiques historiques et contemporains, comme à Saint-Othmar de Broc (GSL_281), ou par un travail mêlant épisodes narratifs et éléments renvoyant aux caractéristiques personnelles de chaque saint, comme ici. Par leur superposition en trois scènes narratives encadrées d’une large bordure, ces vitraux suivent le schéma compositionnel établi dans la nef de l’église Saint-Paul de Cologny à Genève, réalisés par différents artistes dont Cingria entre 1915 et 1920, ainsi que ceux de la nef de Semsales qui s’en inspirent directement (GSL_75 ; GSL_90). Cingria reprend ici de manière presque littérale les éléments de sa composition de Cologny (bordure d’une grande complexité iconographique, présence des inscriptions), se référant volontairement à cette oeuvre pionnière ayant marqué le début du mouvement de renouveau de l’art sacré en Suisse romande (GE_08.04 ; GE_08.10 ; GE_08.02).
D’un point de vue stylistique et de la complexité iconographique, les vitraux de Siviriez rappellent beaucoup ceux de la chapelle du Foyer franciscain de Saint-Maurice, où il mêle également aspects narratifs, décoratifs et graphiques avec des symboles et attributs hagiographiques (GSL_180). Contrairement aux oeuvres du Foyer franciscain où l’artiste utilise des cabochons aux formes variées, ceux-ci sont utilisés de manière plus discrète à Siviriez où on les retrouve principalement sur le vitrail de la Vierge dans quelques éléments précis. C’est par un important travail de peinture à la grisaille et dans la technique de la gravure à l’acide sur des verres plaqués superposant plusieurs couches de couleurs que l’artiste compose l’ensemble du dessin, foisonnant de détails parfois difficilement lisibles.

L’exécution est confiée à l’atelier Kirsch & Fleckner, avec lequel Cingria a déjà travaillé quelques années plus tôt dans le cadre du mandat des vitraux d’Echarlens, commande durant laquelle l’artiste n’avait pas été satisfait du travail de l’entreprise, qui avait peint ses vitraux à sa place et les avait posés sans s’en référer à lui (Cingria, 1933, p. 21). Au vu de la complexité de ces verrières, il est évident que Cingria a réalisé la peinture à la grisaille lui-même et qu’avec l’atelier, ils ont réussi à trouver un équilibre dans cette collaboration. Kirsch & Fleckner a prouvé son savoir-faire dans le montage très délicat de ces vitraux, particulièrement pour les bordures présentant des verres de petites dimensions aux formes incurvées, réclamant une minutie particulière pour la mise en plomb et la découpe. Après Siviriez, l’artiste a d’autres occasions de collaborer avec la maison fribourgeoise, notamment à Orsonnens, puis pour la collégiale de Romont et l’église d’Attalens. A la fin de sa vie, Cingria travaille étroitement avec le fils de Karl Fleckner, Herbert, avec lequel il expérimente de nouvelles techniques dans le domaine du vitrail (Moullet, 1947, p. 5).

Datation
1936
Propriétaire

Paroisse de Siviriez-Villaraboud

Bibliographie et sources

Bibliographie

Barras, U., Cosandey, L. (1931, 26 juillet). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Barras, U., Cosandey, L. (1935, 30 janvier). Protocole de la séance de l'assemblée paroissiale. Dans cahier : [Procès-verbaux du Conseil paroissial de Siviriez], [1931-1935]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Cingria, A. (1933). Souvenirs d’un peintre ambulant. Lausanne, Genève, [etc.], Suisse : Payot.

Cingria, A. [Le Spectateur romand]. (1934). Chronique du Spectateur romand. Ars sacra, 62-68.

Cingria, A. (1937). Deux reproductions des vitraux de l’église de Siviriez. Nova et Vetera, (4), 369, 384.

Cingria, C. A. (1939, juillet). Cingria et le vitrail moderne. L’Art sacré, 206-211.

Defferrard, A. (1935). L’église de Siviriez. Nouvelles étrennes fribourgeoises, (68), 31-38.

Lauper, A. (2012). Siviriez. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 188). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

M. Zg. (1933, 14 septembre). L’inauguration de l’église de Siviriez. La Gruyère, 2, https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LGE19330914-01.2.8&srpos=3&e=-------fr-20--1--txt-txIN-Cingria+consécration+Siviriez-------0-----

Moullet, M. (1947, 11 janvier). Une invention récente dans l’art du vitrail : A propos des nouvelles verrières d’Alexandre Cingria au sanctuaire de N-D des Marches. La Liberté, 5. https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19470111-01.2.41&srpos=1&e=-------fr-20--1--img-txIN-Une+invention+récente+dans+l’art+du+vitrail-------0-----

Raemy, F. (1986, 29 mars). Message relatif à la restauration de l'église paroissiale de Siviriez établi à l'intention de la Commission financière [...]. Archives de la paroisse de Siviriez, Suisse.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Siviriez_EgliseSaintSulpice_GSL_500
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Paroisse de Siviriez-Villaraboud

Inventaire

Numéro de référence
GSL_500
Auteur·e et date de la notice
Camille Noverraz 2024