Verrière ornementale en plein cintre comprenant, dans la partie centrale, trois losanges comportant des symboles chrétiens.
Le losange supérieur présente une colombe, tête en bas, la tête auréolée, sur fond rouge. Celui du centre est orné d’un poisson rose foncé, devant lequel est représentée une croix de saint André, le tout sur un fond bleu agrémenté de vagues. Le losange inférieur comporte une corbeille remplie de pains, se détachant sur un fond rouge.
Ces trois symboles figurent sur un fond ornemental composé d’une combinaison de losanges de différentes formes dans des tons de jaune, orange, brun, bleu et blanc, avec dans les bords de petits demi-losanges rouges et bleus. Le vitrail est entouré d’une bordure ornée de différentes formes géométriques, triangles et portions de cercle. La verrière se compose de verres présentant différentes textures, notamment du verre chenillé et du verre cathédrale.

Ce vitrail ornemental a été réalisé en 1938-1939 par l’artiste fribourgeois Gaston Thévoz et probablement par l’atelier A. Kirsch & Co, pour le choeur de l’église de Villars-le-Terroir.

Ce vitrail fait partie d’un groupe de quatre vitraux conçus par Thévoz pour le choeur de l’édifice, dans le cadre de la rénovation entreprise entre 1938 et 1939 par Fernand Dumas. L’architecte emblématique du Groupe de Saint-Luc fait appel à quelques artistes afin d’obtenir un ensemble mêlant plusieurs arts décoratifs (de Diesbach, 1939, p. 57). Thévoz collabore notamment avec Faravel pour la conception du retable monumental comprenant un vitrail central avec la Crucifixion (GSL_607), inséré dans un panneau de bois orné de scènes peintes. Il réalise encore dans le choeur quatre verrières ornementales avec des motifs symboliques, dont celle-ci fait partie. Lorsqu’il est appelé à Villars-le-Terroir, Thévoz n’a pas encore une très longue expérience dans le domaine du vitrail, qu’il aborde pour la première fois à l’église catholique de Bottens en 1937, puis à Bussy en 1938, avec la rose de la tribune des orgues (GSL_63).

Malgré leur aspect simple, l’artiste soigne la composition de ces verrières ornementales. Le dessin, clair et lisible, est constitué de trois symboles chrétiens au dessin volontairement naïf (des pains dans une corbeille, un poisson derrière une croix de saint André et une colombe tête en bas), disposés sur un fond géométrique. D’importance secondaire par rapport au vitrail du retable, le rôle de ces verrières est avant tout de filtrer la lumière pénétrant dans cet espace, tout en la réchauffant par une palette de tons chauds. L’artiste emploie pour cela des verres plus épais présentant différentes textures, largement employés à cette époque dans le vitrail et notamment dans les églises liées au Groupe de Saint-Luc. Dans un souci d’harmonie avec le retable, il reprend les coloris principaux déclinés dans le vitrail du choeur, soit le rouge, le bleu et le jaune. Coloriste de talent, Thévoz choisit pour la plupart de ses vitraux des teintes souvent vives et bien équilibrées, participant à l’expressivité de ses compositions. On peut citer à cet égard ses verrières de 1941 de la chapelle de Prévondavaux (par exemple GSL_597).

Bien que le nom de l’atelier avec lequel l’artiste a collaboré soit inconnu, on peut rattacher la réalisation de ces verrières ornementales à l’atelier fribourgeois A. Kirsch & Co, comme le suggère la présence d’un travail préparatoire lié à ces vitraux dans le fonds de l’atelier Kirsch & Fleckner conservé au Vitrocentre Romont (KF_1687). Cette hypothèse est corroborée par la présence d’une verrière conservée au Vitromusée Romont (VMR_122) qui constitue le double du vitrail-retable de Villars-le-Terroir (probablement une première version qui n’a pas été retenue) et qui a été déposée à Romont en tant que pièce appartenant au dépôt Kirsch. Au moment de la réalisation de ces verrières, l’atelier Kirsch & Fleckner d’origine s’est scindé en deux suite au décès de son co-fondateur Vinzenz Kirsch en 1938, les descendants Kirsch reprenant la succession sous le nom A. Kirsch & Co (qui deviendra ensuite Kirsch Frères) (Pasquier, 1995, p. 100).