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GSL_432: La Délivrance de l'apôtre Saint Pierre
(FR_Mezieres_Eglise_SaintPierreauxLiens_GSL_432)

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Titre

La Délivrance de l'apôtre Saint Pierre

Type d'objet
Artiste
Datation
1940
Dimensions
1250 x 550 cm

Iconographie

Description

Le retable, composé de 82 panneaux rectangulaires, chacun d'environ 1 m², illustre au centre la délivrance de l'apôtre saint Pierre par un ange, alors qu'il est emprisonné sur ordre d'Hérode Agrippa (Actes des Apôtres 12, 1–11). Saint Pierre, assis dans sa cellule baignée d'un halo lumineux, tend les bras pour montrer que les chaînes qui liaient ses poignets sont brisées. À l'arrière-plan, un décor architectural se dessine, avec divers monuments de la Rome antique et chrétienne, tandis que deux soldats chargés de le surveiller dorment au premier plan. Six scènes retraçant la vie du saint sont situées de part et d’autre du motif central, sur un fond bleu foncé. L'apparition de l'ange, marquée par une lumière surnaturelle, contraste avec l’atmosphère nocturne de la représentation.

Code Iconclass
73F21 · vie et actes de Pierre
73F21231 · la nuit un ange ouvre les portes de la prison ~ vie et actes de Pierre
Mot-clés Iconclass
ange · nuit · ouvrir · Pierre (St) · porte
Inscription

Aucune

Signature

EMILIO MARIA BERETTA/A.D.MCMXXXX (en bas à droite)

Technique / Etat

Technique

Peinture à l'huile sur verre

Historique de l'oeuvre

Recherche

La commande du retable en peinture sous verre de l’église Saint-Pierre-aux-Liens de Mézières est confiée à Emilio Beretta, responsable de la décoration générale (Noverraz/Sauterel 2024, p. 165-167). Il s’agit d’une œuvre d’un format exceptionnel, puisqu’elle mesure dix mètres sur cinq, qui marque, par sa monumentalité, un tournant résolument moderne dans ce genre artistique. À l’origine, Dumas avait imaginé un retable en peinture murale, pour laquelle une isolation spéciale avait été réalisée (Président du conseil de paroisse, Lettre à Fernand Dumas, AP Mézières, 15 novembre 1938). Le mandat a d’ailleurs failli être accordé au Toscan Gino Severini, spécialiste de la peinture murale, mais pour des raisons inconnues Beretta lui est préféré, sans doute car le jeune artiste pouvait proposer une technique complexe qu’il maîtrisait, puisqu’il avait déjà réalisé un antependium composé de vingt-et-un panneaux peints sous verre pour la triennale d’art sacré de Milan en 1933 (Torche-Julmy 1997, p. 15).
Beretta réalise au total quatorze projets pour le retable de Mézières illustrant la délivrance de saint Pierre, patron de l’église. En février 1939, Dumas et le curé de la paroisse valident le dernier projet de Beretta, souhaitant tout de même que l’artiste apporte plus de luminosité au vêtement de Pierre (Fernand Dumas, Lettre à l’abbé Théophile Perroud, AP Mézières, 14 février 1939). L’interprétation iconographique faite par Beretta déplaît cependant au curé qui lui reproche de ne pas avoir « respect[é] parfaitement le texte historique » (Théophile Perroud, Lettre à Fernand Dumas, AP Mézières, 23 février 1939). Le récit raconte que Saint Pierre dormait entre deux soldats lorsque l’ange le réveilla en le frappant au côté et lui dit de se lever, les chaînes lui tombèrent alors de ses mains. Beretta choisit de représenter l'apôtre déjà éveillé, assis, tandis que l'ange, se tenant à distance, l'appelle à se lever.
En avril, l’œuvre est agrandie à la taille d’exécution (Fernand Dumas, Lettre à l’abbé Théophile Perroud, AP Mézières, 5 avril 1939) mais en décembre, l’artiste doit interrompre ses travaux dans l’église, étant mobilisé en raison de la guerre qui frappe l’Europe (Fernand Dumas, Lettre à la paroisse, AP Mézières, 4 décembre 1939). Ainsi, pour l’inauguration du premier août 1939, c’est le carton de l’œuvre en grandeur nature, envoyée depuis Genève, qui est fixé dans le chœur afin de cacher la nudité du béton du chevet, en attendant que l’original soit achevé (Murith 2014). Ce n’est qu’en été 1940 que démarre l’exécution de chacun des 82 panneaux rectangulaires composant cette œuvre, peints avec la collaboration de l’épouse d’Emilio Maria Beretta, Isabelle Cingria, tandis que le serrurier Willy Brant de Bulle se charge de la pose de l’ensemble en octobre 1940 (Théophile Perroud, « Notre église », dans Bulletin paroissial, AP Mézières, février 1941). Entre 1942 et 1943, l’artiste finalise le chemin de croix, également en peinture sous verre, qui reprend les tons employés pour la décoration du chœur, après une nouvelle période de service militaire (Lauper, s.d.b). Les comptes de la construction indiquent que cette ornementation en verre a coûté très cher, soit environ 15'000 francs sur un budget total de 212'000 francs (Torche-Julmy, 1998, p. 15-16).
La technique utilisée par Beretta est issue de la peinture de chevalet. Les couleurs à l’huile sont appliquées alla prima, c’est-à-dire sans attendre leur séchage. Elles sont mélangées sur la palette ou sur le support de verre pendant le processus de création. L’artiste emploie la couleur de manière spontanée et très libre en larges touches de pinceau. Dans le cadre d’une importante intervention de restauration réalisée en 2013 nécessitant le démontage d’urgence du retable de Mézières, l’analyse des prélèvements a montré que le liant était de l’huile de lin, produit permettant à l’artiste de travailler de manière fluide et dynamique (Neuner/Jolidon/Moret 2019, p. 737). Sur cette œuvre, le paysage crépusculaire dans lequel a lieu la délivrance nocturne de saint Pierre est décliné dans des tons sombres par l’application d’un fond noir et opaque, ce qui crée un contraste dramatique avec la cellule baignée de lumière et l’apparition rayonnante de l’ange libérateur rendues en jaune clair (Ambrosio 2024, p. 126). Beretta joue avec virtuosité des effets de clair-obscur en exploitant la brillance du verre.

Datation
1940
Propriétaire

Paroisse de Notre-Dame de l’Épine, Mézières

Bibliographie et sources

Bibliographie

Ambrosio, E. (2024). La peinture sous verre et sa réappropriation par les artistes du Groupe de Saint-Luc. In C. Noverraz, V. Sauterel, Lumières sur le renouveau de l’art sacré : 100 ans du Groupe de Saint-Luc. Arts du Verre, Nouvelles recherches du Vitrocentre Romont (p. 122-128). Berlin, Boston : Walter de Gruyter.

Lauper, A. (s.d.). De la peinture sous verre au néon. [Plaquette réalisée par le Service des Biens culturels, Fribourg]. Mézières, Suisse : Paroisse Notre-Dame de l'Épine.

Murith, S. (2014, 11 septembre). Septante-cinq ans après, il s’en souvient comme si c’était hier. La Gruyère, p. 15.

Neuner, M., Jolidon, Y., & Moret, P. (2017). La peinture sous verre monumentale de l’église paroissiale de Mézières (Fribourg, Suisse) : « La délivrance de Saint-Pierre », 1940, par Emilio Maria Beretta. In Annales du 20e congrès de l’Association internationale pour l’histoire du verre, Fribourg/Romont, 7-11 septembre 2015.

Noverraz, C. & Sauterel, V. (2024). Lumières sur le renouveau de l’art sacré : 100 ans du Groupe de Saint-Luc. Arts du Verre, Nouvelles recherches du Vitrocentre Romont. Berlin, Boston : Walter de Gruyter.

Torche-Julmy, M.-T. (1997). Redécouverte d’un artiste : son œuvre fribourgeoise. Dans P. Rudaz (dir.), Emilio Maria Beretta : [exposition]: Musée du pays et Val de Charmey, [du 23 novembre 1997 au 8 février 1998] (p. 11-21). Charmey, Suisse : Musée du pays et Val de Charmey.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Mezieres_Eglise_SaintPierreauxLiens_GSL_432
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Copyright
© Ayants droit
Propriétaire

Paroisse de Notre-Dame de l’Épine, Mézières

Inventaire

Numéro de référence
GSL_432
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024; Elisa Ambrosio 2024