Le vitrail se divise en trois registres. Sur la partie centrale, se présente dans un cadre architecturé composé de deux colonnes soutenant un arc dont le centre est orné des armoiries de la commune neuchâteloise de Gorgier, une femme richement vêtue, en pied, tenant une corbeille de fruits et dans sa main droite une grappe de raisin qu’elle tend devant elle. Elle est face au blason de la famille Braillard, surmonté d'un heaume et flanqué de lambrequins. Elle est représentée sur un sol beige devant un fond damassé vert. Sur la partie supérieure, de part et d’autre des armoiries de la commune neuchâteloise de Gorgier, sont représentée deux vues : à gauche, celle de Genève avec les places Bel-Air et de l’Île et à droite le château de Gorgier au centre d’un paysage arboré. Sur la partie inférieure se présentent les blasons des villes de Genève et Neuchâtel de part et d’autre d’un cartouche sur lequel est mentionné le nom de la donatrice ainsi que la date de 1885 qui est celle de son mariage.

Ce vitrail héraldique aux armes de la famille Braillard et son pendant aux armes de la famille Raisin (GE_2249) sont l’oeuvre de l’atelier genevois Gérard Krachten, réalisés en 1885 pour le mariage d’Henriette-Stéphanie Braillard (1860-1943) et Frédéric Raisin (1851-1923). Ils sont une donation de Liliane Raisin-Grandjean au Musée Ariana en 2018.

Bien qu’il existe des différences importantes par rapport au modèle traditionnel, nous pouvons rattacher ces deux oeuvres au type héraldique des vitraux de bienvenue. Selon les conventions, le couple est normalement présenté sur un seul panneau, se faisant face, la femme tendant une coupe ou un verre de bienvenue à son époux. Dans ce double panneau, les époux sont figurés séparément, se tenant chacun au pied de leurs armoiries familiales respectives. Henriette-Stéphanie Braillard ne tend pas de coupe, ni de verre à son époux, mais une grappe de raisin, faisant directement référence au nom de famille de son mari. Originaire de Cronay et de Genève, après des études de droit à Heidelberg et Genève, Frédéric Raisin est devenu avocat d’affaires (1873), juge suppléant au tribunal civil, puis à la cour de justice (1892-1922), bâtonnier du conseil de l'ordre des avocats de Genève en 1902 et 1913. Il fut Député au Grand Conseil genevois pour la Jeune République (mouvement radical, 1878-1880), puis pour le parti démocratique (1884-1895, puis en 1901 et 1913) et devint ensuite Conseiller aux Etats (1890-1892). Amateur de littérature, il a traduit les poèmes de l'Argentin Leopoldo Diaz, composé des poésies satiriques et, sous l'anagramme Nisiar, a écrit dans la revue l'Intermédiaire. Il fut également membre de jurys de peinture et de commissions artistiques. Son épouse, Henriette-Stéphanie Braillard est la fille de Frédéric Henri (Probst, 2012).