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Ce vitrail ainsi que cinq autres présentant des portraits de réformateurs ont été réalisés en 1886, comme le mentionne la date présente sur les verrières consacrées à Théodore de Bèze (GE_2244) et Jean Calvin (GE_2248), parallèlement à la signature de son auteur, le peintre verrier bernois Johann Heinrich Müller. Ils font partie d’un groupe de vingt-six oeuvres commandées en 1883 par Gustave Revilliod et réalisées entre 1883 et 1886 pour les ouvertures du tambour de la coupole, les dormants des deux portes d’entrée et les fenêtres du rez-de-chaussée du Musée Ariana (Deonna, 1938, p. 2). Alors que les vitraux du tambour de la coupole et des dormants des portes d’entrée sont encore en place aujourd’hui, ces six portraits ont été déposés à une date indéterminée à la suite de diverses interventions au musée. Ils s’inscrivent sur un fond ornemental composé de volutes ornées d’éléments végétaux et floraux s’inspirant stylistiquement de la Renaissance italienne. Müller fait un travail de peinture à la grisaille et au jaune d’argent délicat et précis, qui démontre ses qualités de peintre qui s’expriment pleinement sur les portraits.
Bien que nous ne connaissions pas les détails de cette commande faite par Gustave Revilliod, en 1886 Genève fête les 350 ans de la Réforme. En effet, le 21 mai 1536, le Conseil des Deux Cents se prononce en faveur de la Réformation religieuse à l'instigation de Calvin. La République de Genève va dès lors devenir le siège européen du calvinisme, la forme la plus rigoureuse du protestantisme (Vital-Durand, 14 août 2022). C’était donc probablement pour le propriétaire de l’Ariana une façon de marquer cet anniversaire mais aussi d’inscrire de manière symbolique cet épisode important de l’histoire genevoise au sein même des murs de son musée. Il choisit les portraits des trois personnages majeurs de la Réforme genevoise : Jean Calvin, Théodore de Bèze et John Knox qui accompagnent Martin Luther, l’initiateur de la Réforme. Il complète la galerie de portraits par deux figures féminines : Marie Dentière et Marguerite de Navarre, proche des idées réformatrices et amie de Calvin. Ancienne abbesse, Marie Dentière épouse en seconde noces, Antoine Froment, un proche de Guillaume Farel et s’installe à Genève où elle devient l’une des militantes les plus actives de la Réforme, publiant plusieurs textes anonymes sur la Réforme dont une épître qu’elle adresse à la reine de Navarre, où elle lui demande d'intercéder auprès de François Ier pour mettre fin aux divisions déchirant la France (Skenazi, 1997, p. 6).*
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Datation
1886
Date d'entrée
1890
Donateur·trice / Vendeur·euse
Gustave Revilliod, Genève (donateur)
Localisation d'origine
Lieu de production
Propriétaire
Propriétaire précédent·e
Gustave Revilliod, jusqu’en 1890 (Genève) · Provient de la collection de vitraux du Musée d’art et d’histoire de Genève
Numéro d'inventaire
AR 2017-020-10