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GE_2157: Lavement des pieds
(GE_Geneve_Ariana_GE_2157)

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Titre

Lavement des pieds

Type d'objet
Artiste
Lieu de production
Datation
vers 1250
Dimensions
ø 53 cm (avec cadre) ; ø 41 cm (en lumière)

Iconographie

Description

Médaillon représentant le Christ à nimbe crucifère agenouillé, avec derrière lui deux apôtres en pied, dont l’un lève sa main. Les trois personnages regardent la partie droite du panneau, composée d’une double colonnade et d’éléments ornementaux disparates. Dans la partie gauche, la scène est bordée d’un liseré rouge, orné à gauche d’un fragment de fermaillet.

Code Iconclass
73D23 · Jésus-Christ lave les pieds de ses apôtres (Jean 13:1-20)
Mot-clés Iconclass
Inscription

Aucune

Signature

Aucune

Technique / Etat

Etat de conservation et restaurations

Quelques fentes, quelques éclats, avers et revers fortement corrodés avec formation de trous, grand nombre de compléments disparates (pourtour et partie droite), nombreux plombs de casse, vitrail encadré d’une bordure noire moderne, avec l’inscription “76” dans la partie inférieure (avers).

Technique

Vitrail au plomb, verre incolore et coloré, grisaille

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce médaillon fait partie d’un ensemble de vingt-trois panneaux connus à ce jour, provenant de l’église Saint-Ferréol à Saint-Fargeau, dans l’Yonne en France. Malgré l’état fragmentaire et fortement remanié du groupe, les différents épisodes illustrés peuvent être rattachés à des thèmes christologiques qui s’articulent autour de la Passion du Christ, de la Vie de la Vierge et du Jugement dernier, ou hagiographiques, essentiellement centrés sur les saints Pierre, Paul, Blaise, François et Vincent.
Sur le présent vitrail du Lavement des pieds ne figure plus que le Christ agenouillé et deux apôtres. Malgré son état fragmentaire, son sujet le rattache au thème de la Passion, ce que confirme le fragment de fermaillet inséré dans la bordure gauche qui est analogue à ceux du Baiser de Judas (GE_2162) et de la Flagellation du Christ (GE_2163) (Lafond, 1948, p. 116-117).
Dans leur composition d’origine, chaque niveau de la baie de la Passion pouvait comporter un médaillon circulaire encadré de deux demi-cercles bordés de filets rouge et blanc perlé et étaient rattachés entre eux par des fermaillets composés d’un anneau jaune et d’un cercle bleu peints à la grisaille. Les intervalles entre les médaillons semblaient décorés de losanges bleus ornés de roses (Lafond, 1948, p. 125).

Cet ensemble, au travers de son iconographie et de son style, peut être rattaché à la production verrière du XIIIe siècle en Bourgogne et se présente, malgré son état partiel, comme un exemple remarquable (Raguin, 1985, p. 73 et p. 77). L’exécution des vitraux a probablement été commandée à l’atelier itinérant de peintres verriers, nommé « atelier de l’Apocalypse » par Raguin (1982, p. 59-60), d’après son cycle le plus connu. Celui-ci semble avoir également oeuvré à la réalisation des verrières du choeur de la cathédrale d’Auxerre entre 1235 et 1245, puis du choeur de l’église Saint-Julien-du-Sault, peu avant 1250, avant de travailler à Saint-Fargeau (Raguin, 1985, p. 70). Cette attribution est convaincante au vu des similitudes entre ces cycles.
Pour le présent vitrail, bien qu’un exemple de Lavement des pieds apparaisse à Saint-Julien-du-Sault, la représentation la plus proche semble se trouver dans un médaillon du XIIe siècle issu de la verrière de la Passion de la cathédrale de Chartres (Lafond, 1948, p. 116-117). Ces rapprochements stylistiques et iconographiques entre des lieux de production aussi éloignés pourraient être appréhendés au travers des liens étroits évoqués par Raguin (1982, p. 59-60) entre les créations de l’atelier bourguignon et les manuscrits produits à Paris, notamment l’évangéliaire de la Sainte-Chapelle. La même chose pourrait être dite au sujet d’un vitrail représentant un homme fuyant un dragon provenant de Mantes, conservé depuis 1919 au Rhode Island School of Design Museum, rapproché par Caviness du groupe fargeaulais (Caviness, 1986, p. 132). Malgré la distance, celui-ci présente un style analogue à l’ensemble (angularité et rigidité des drapés, raideur des personnages) ainsi que des bordures et fermaillets similaires (Caviness, 1986, p. 132). Les relations suggérées par Raguin (1985, p. 73) entre les ateliers de Saint-Fargeau et de Bourges pourraient ainsi être étendues à Mantes (Caviness, 1986, p. 132).

Ces verrières ont probablement été réalisées vers 1250 pour orner les baies du choeur de l’église Saint-Ferréol à Saint-Fargeau, datation appuyée par l’achèvement de l’édifice aux alentours de 1255. Lors de la reconstruction du bâtiment au XVe siècle, les panneaux alors endommagés (peut-être au cours du conflit entre les Bourguignons et les Armagnacs, durant la première moitié du XVe siècle ?) ont été retaillés, remployés et complétés par des verres du XVe siècle afin de conserver une cohérence et d'être réinsérés dans les lancettes centrale et de gauche de l’abside nouvellement construite. Des observations effectuées au XIXe siècle témoignent de leur présence dans ces baies, sans preuve d’autres changements avant 1876 (Raguin, 1982, p. 64, 70, 71). C’est à cette date que trois nouvelles verrières pour le choeur sont commandées au peintre verrier parisien Édouard Didron (1836-1902) qui effectue la dépose de l’ensemble médiéval (Lafond, 1988, p. 146-147). Bien que les panneaux soient restés entreposés à Saint-Fargeau jusqu’en 1884 (Pélissier, 1980, p. 79, cité dans Raguin, 1985, p. 72 ; Aballéa, 2018, p. 231), il semblerait qu’à la suite des travaux, Didron en soit devenu implicitement propriétaire, comme il en était souvent d’usage (Raguin, 1985, p. 72 ; CVMA, 1986, p. 202). Entre 1877 et 1885, les panneaux les moins complets ont été remontés et réarrangés à l’aide de fragments anciens de Saint-Fargeau et d’ailleurs, sans doute par Didron lui-même (Raguin, 1985, p. 73 ; Perrot, 1998, p. 241).

Parmi les vingt-trois verrières conservées jusqu’à nos jours, vingt d’entre elles se trouvent aujourd’hui au Musée Ariana à Genève. Une représentation du Dernier repas est conservée dans la collection Pitcairn du Glencairn Museum en Pennsylvanie (Hayward & Cahn, 1982, p. 211-212, n° 81), une autre avec des apôtres en buste tenant des livres est au Wellesley College Museum dans le Massachusetts (Caviness, 1985, p. 61) et une dernière illustrant l’Assomption de la Vierge Marie (?) a été identifiée dans les collections de l’Instituto Cultural Helenico de Mexico (Perrot, 1998). Alors que Lafond (1948, p. 115) a faussement estimé que les vitraux avaient été achetés lors de la vente de la collection Vincent en 1891, Lapaire a pu affirmer qu’ils ont été acquis par Gustave Revilliod en 1885 par l’intermédiaire de Jean-Charles Töpffer (1832-1905), qui avait auparavant proposé à la vente une sélection de l’ensemble au Musée de Cluny, sans succès (Lapaire, 1980, cité dans Raguin, 1985, note 19 ; Aballéa, 2018, p. 227, note 1). D’après Perrot (1998, p. 240-241), plusieurs panneaux provenant de l’Yonne faisaient également partie de la collection Engel-Gros (cf. cat. 1922, p. 5-9) avant d’être dispersés à la suite de la vente de 1922.

Cité dans :

  • Sidler, 1905, p. 103, n° 76.

  • Deonna, 1938, p. 173, n° 71.

  • Lafond, 1948, p. 116-117, n° 71.

  • Pélissier, 1980, p. 81.

  • Raguin, 1982, p. 60-67.

  • Raguin, 1985, p. 70-81.

  • CVMA, 1986, p. 202-203.

  • Lafond, 1988, p. 146-147.

  • Perrot, 1998, p. 240-243.

Datation
vers 1250
Période
1250 – 1255
Date d'entrée
1890
Donateur·trice / Vendeur·euse

Gustave Revilliod, Genève (donateur)

Localisation d'origine
Lieu de production
Propriétaire

Musée Ariana, Genève

Propriétaire précédent·e

Édouard Didron, 1877-1884 (Paris) (?) · Jean-Charles Töpffer, jusqu’en 1885 (Paris) · Gustave Revilliod, jusqu’en 1890 (Genève) · Provient de la collection de vitraux du Musée d’art et d’histoire de Genève

Numéro d'inventaire
AD 8660

Bibliographie et sources

Bibliographie

Catalogue des vitraux anciens français, allemands, suisses et divers des XIIIe, XIVe, XVe, XVIe et XVIIe siècles composant la collection Engel-Gros et dont la vente aura lieu à Paris Hôtel Drouot, salle no 9, le jeudi 7 décembre 1922 à deux heures. (1922). Paris : Impr. G. Petit.

Les vitraux de Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes. (1986). Paris : Ed. du Centre national de la recherche scientifique.

(s. d.). Les vitraux. Cathédrale Notre-Dame de Chartres. Consulté en ligne le 20.12.2023 sur https://www.cathedrale-chartres.org/c/vitraux-cathedrale-chartres.php.

Aballéa, S. (2018). Un vitrail de Saint-Fargeau et l’illustre “tête” Gérente”. In D. Buyssens, I. Naef Galuba & B. Roth-Lochner (Dir.), Gustave Revilliod [1817-1890] un homme ouvert au monde (p. 227-231). Genève : Musée Ariana.

Caviness, M.H. (1985). Stained glass before 1700 in American collections : New England and New York. Washington : National Gallery of Art.

Caviness, M.H. (1986). A man with a Dragon from One of the Tribune Oculi of Mantes. Gesta, 25(1), 127-134.

Deonna, W. (1938). Catalogue du Musée Ariana (Fondation G. Revilliod). Genève : Ville de Genève.

Hayward, J. & Cahn, W. (Dir.). (1982). Radiance and reflection : medieval art from the Raymond Pitcairn Collection. New York : The Metropolitan Museum of Art.

Lafond, J. (1948). Les vitraux français du Musée Ariana et l'ancienne vitrerie de Saint-Fargeau (Yonne). Genava, *26*, 115-132.

Lafond, J. (1988). Le vitrail : origines, techniques, destinées. Lyon : La Manufacture.

Perrot, F. (1998). Un panneau de la vitrerie de Saint-Fargeau (Yonne) à Mexico. Gesta, 37(2), 240-243.

Pélissier, R. et S. (1980). L'ancienne vitrerie du XIII siècle de l'église de Saint-Fargeau. Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 112, 71-84.

Raguin, V.C. (1982). Stained glass in thirteenth-century Burgundy. Princeton : Princeton Univ. press.

Raguin, V.C. (1985). The Thirteenth-Century Glazing Program of Saint-Fargeau (Yonne). In M.H. Caviness & T. Husband, [Studies on medieval stained glass] : selected papers from the XIth International Colloquium of the Corpus Vitrearum, New York, 1-6 June 1982 (p. 70-81). New York : The Metropolitan Museum of Art.

Sidler, G. (1905). Catalogue officiel du Musée de l'Ariana. Genève : Ville de Genève/Atar.

Anthonioz, S. (Dir.). (2025). Post Tenebras Lux. La collection de vitraux du Musée Ariana. Genève : Éditions Georg.

Expositions

15.11.2024 – 02.11.2025 : Post tenebras lux. Les vitraux du Musée Ariana, Musée Ariana, Genève

Informations sur l'image

Nom de l'image
GE_Geneve_Ariana_GE_2157
Crédits photographiques
© Musée Ariana, Ville de Genève / Photo : Cyrille Girardet & Helder Da Silva
Date de la photographie
2024
Propriétaire

Musée Ariana, Genève

Inventaire

Numéro de référence
GE_2157
Auteur·e et date de la notice
Aude Spicher 2024