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GSL_561: Sainte Élisabeth de Hongrie et le miracle des roses
(VD_Aubonne_EgliseNotreDame_GSL_561)

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Titre

Sainte Élisabeth de Hongrie et le miracle des roses

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1915
Dimensions
117 x 46 cm
Lieu
Emplacement
Salle paroissiale, ne I
Inventaire

Iconographie

Description

Sainte Élisabeth de Hongrie, auréolée à gauche, accompagnée d’une suivante, est découverte par son mari Ludovic, roi de Thuringe, alors qu'elle porte le pain aux pauvres, celui-ci se changeant miraculeusement en roses qui cascadent à ses pieds. Son époux est représenté en tenue de chevalier et tenant un arc à la main, de dos à droite, regardant vers la sainte. La scène se déroule dans un environnement végétal suggéré par des fougères au premier plan et des arbres stylisés à l’arrière-plan, sur les branches desquels sont posés des oiseaux.
La scène narrative en arc en plein cintre est inscrite au centre d’un encadrement géométrique rectangulaire, qui a été travaillé avec un quadrillage de différents petits verres colorés et de fins rectangles disposés verticalement.

Code Iconclass
11HH(ELISABETH OF HUNGARY)51 · le miracle des roses : Ste Élisabeth de Hongrie portant dans son tablier du pain aux pauvres rencontre son mari; quand celui-ci ouvre le tablier il le trouve rempli de roses
25F3 · oiseaux
25GG · plantes fantastiques, végétation fabuleuse
25GG51 · fougères fantastiques
Mot-clés Iconclass
Inscription

LA CHERE SAINTE ELISABETH (en bas)

Signature

MARCEL / PONCET / A.D.1915 (en bas à droite de l’inscription)

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, verre plaqué gravé à l’acide

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce vitrail, situé dans la salle paroissiale attenante à la chapelle catholique d’Aubonne a été réalisé en 1915 par l’artiste genevois Marcel Poncet. Ce vitrail se trouvait à l’origine dans la maison Maurer, espace utilisé comme lieu de culte par la communauté catholique d’Aubonne, avant d’être déplacé à son emplacement actuel lors la construction de la chapelle en 1939-1941 par les architectes François de Reynold et Albert Cingria (Lincio, 2002, p. 18).

Un certain mystère entoure le contexte de sa création. Datant de 1915, il n’a pas pu être conçu spécifiquement pour la maison Maurer, qui n’est mise à disposition des catholiques d’Aubonne que dès 1921. Peut-être a-t-il été commandé pour l’un des anciens lieux de culte utilisés successivement par la communauté depuis 1913 ("Inauguration et consécration de la chapelle catholique [...]", 1941, p. 2), ou par un privé qui en a ensuite fait don à la paroisse.
A l’origine, la seule décoration prévue pour la chapelle était une peinture murale. C’est à la suite d’un don pour les vitraux que leur réalisation est envisagée et Marcel Poncet est d’abord pressenti pour ce mandat (De Reynold, 1940). Mais l’accent est mis sur le vaste chemin de croix en peinture murale, confié à l’artiste Emilio-Maria Beretta. Sans doute afin de favoriser l’harmonie stylistique entre les différents éléments de la décoration, c’est Beretta qui est finalement chargé de la réalisation des six vitraux de la nef, consacrés aux Litanies de la Vierge. La seule oeuvre de Poncet présente dans l’édifice est donc ce petit vitrail de la salle paroissiale.

Il s’agit d’une oeuvre de jeunesse de l’artiste, qui présente la particularité d’avoir été à la fois peintre-verrier et maître-verrier. Il entreprend en effet, parallèlement à ses études aux Beaux-Arts de Genève, un apprentissage de maître-verrier au sein de l’atelier carougeois de Gérard Krachten, lui permettant d’ouvrir son propre atelier à son domicile dès 1915 (Reymond, 1992, p. 37), année de la réalisation de ce vitrail. Il obtient à la même période sa première commande d’importance : les trois vitraux de la nef de l’église Saint-Paul de Cologny, dans le quartier de Grange-Canal (GE_08.10 ; GE_08.11 ; GE_08.12), édifice marquant de l’histoire du renouveau de l’art sacré romand et augurant les futures activités du Groupe de Saint-Luc, dont il est un membre fondateur (Hermanès, Poiatti, 2001 ; Poiatti, 2008, p. 118-122). Parallèlement à cette commande, il réalisera aussi dans son atelier les vitraux d’autres artistes, d’abord ceux Alexandre Cingria à l’église Notre-Dame de Genève (par exemple GE_08.07 ; GE_18.09), puis, à Saint-Paul, les verrières dessinées par Alexandre Cingria, Charles-Emile Brunner et Maurice Denis (par exemple GE_08.03 ; GE_08.04 ; GE_08.13) (Sauterel, 2008, pp. 236-242).

Ce vitrail s’apparente fortement à ses verrières de la nef de l’église Saint-Paul de Cologny, avec ses formes sinueuses et arrondies inspirées par l’Art nouveau et par l’oeuvre de Maurice Denis, grand théoricien du renouveau de l’art sacré que Poncet côtoie alors sur le chantier de l’église genevoise et qui deviendra son beau-père (Noverraz, 2014, p. 21-27). Il illustre une scène de la vie d'Élisabeth de Hongrie, ou de Thuringe, sainte du XIIIème siècle, fille du roi de Hongrie. Très généreuse, Élisabeth porte secrètement du pain aux pauvres, ce que son mari, le roi Ludovic de Thuringe, réprouve. Un jour, il la surprend et lui demande de lui montrer ce qu'elle porte de si lourd caché dans son manteau. Alors qu'elle s'exécute, une cascade de roses en sort au lieu de la nourriture. Le roi se serait exclamé : « Chère Élisabeth, c’est le Christ que tu nourris, que tu laves et c’est de lui que tu prends soin ». Cet épisode est nommé le "miracle des roses" (Vial-Andru, 2018).

Dans le fonds de l’artiste déposé au Vitrocentre Romont, sont conservées huit oeuvres préparatoires en lien avec ce vitrail. Majoritairement des esquisses, elles illustrent le processus de réflexion de l’artiste qui imagine plusieurs options dans la composition de cette scène. Sur les premières esquisses (MP_16.01 ; MP_16.02 ; MP_16.03), la sainte est représentée à droite et son mari, le roi Louis de Thuringe, à gauche, en cotte courte, déjà coiffé du casque de chevalier qu’il porte sur le vitrail mais sans la maille métallique qui figure sur l’oeuvre verrière. Sur deux d’entre elles (MP_16.01 et MP_16.03), il envisage déjà la présence d’un troisième personnage, une suivante assistant à la scène, et imagine des perles pour l’auréole de sainte Élisabeth sur deux projets (MP_16.02 ; MP_16.03), parti qui sera abandonné dans les étapes suivantes.
Il fixe ensuite plus définitivement la disposition des personnages (MP_16.05) et réfléchit à la posture du mari d’Élisabeth sur une esquisse qui lui est spécifiquement dédiée (MP_16.04), le disposant tourné de dos, habillé d’une cape et tenant son arc à la main. Les oeuvres préparatoires suivantes lui permettent de définir sa composition de manière plus aboutie en prenant en compte la bordure décorative et en réfléchissant en marge à quelques éléments de détail (MP_16.06). Une des esquisses au crayon et à l'encre de chine (MP_16.07) montre un état presque finalisé. Même si les visages des personnages ne sont pas dessinés, tous les éléments principaux du vitrail sont définis, l’artiste se concentrant sur les motifs des vêtements pour lesquels il imagine plusieurs variantes dans la marge. Enfin, l’artiste réalise un carton au format de la scène centrale du vitrail (MP_16.08), qui présente de nombreuses variations par rapport au vitrail.

Cette oeuvre pose enfin une dernière énigme, celle de son encadrement. En effet, le vitrail est entouré d’une bordure non figurative assez surprenante, différente d’une bordure classique et détonnant par rapport à la partie narrative. Le vitrail étant une oeuvre antérieure qu’il replace dans une nouvelle fenêtre, il adapte son format en ajoutant une bordure géométrique dont les coloris répondent à ceux de cette oeuvre de jeunesse. Le style de cette bordure peut rappeler les parois de verre en quadrillage coloré entièrement non-figuratif que l’artiste réalise dans les bas-côtés de l’église de Chermignon en 1952, à une période où son oeuvre verrier tend de plus en plus vers l’abstraction (Noverraz, 2014, p. 97-103).

Datation
1915
Propriétaire

Paroisse catholique de Notre-Dame d'Aubonne

Bibliographie et sources

Bibliographie

Aubonne. (1990, 6 avril). Le Jura vaudois. Journal d’Aubonne. Feuille d’avis du district d’Aubonne (14), 1. https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/396127/view?page=1&p=separate&search=Aubonne%20chapelle%20catholique&hlid=384797759&tool=search&view=0,0,3983,5701

Societas Sancti Lucae. (1932). Mitgliederverzeichnis / Liste des membres. Archives de l’état de Lucerne, fonds PA 378/70.

Hermanès, T.-A. et Poiatti, M. (2001). L’église de Saint-Paul, Grange-Canal, Genève (Guides de monuments suisses, 696). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lincio, P. (2002). Paroisse catholique romaine Aubonne-Gimel (Secteur de la Côte Rolle-Aubonne-St-Prex) (Décanat de Saint-Bernard) [document inédit]. Paroisse catholique Aubonne-Gimel. Archives de la paroisse d’Aubonne, Suisse.

Noverraz, C. (2014). Marcel Poncet (1894-1953), Au coeur de l'oeuvre d'un artiste-verrier [mémoire de maîtrise inédit]. Université de Lausanne.

Poiatti, M. (2008). Vitrail et modernité. Dans : Léopold Borel (dir.), Emotion(s) en lumière, le vitrail à Genève (p. 98-136). Genève, Suisse : La Baconnière Arts, 2008.

Reymond, V. (1992). Marcel Poncet. Paris, France : L�a� �B�i�b�l�i�o�t�h�èq�u�e� �d�e�s� �A�r�t�s�.

Sauterel, V. (2008). Catalogue raisonné des vitraux de Genève. Dans : Léopold Borel (dir.), Emotion(s) en lumière, le vitrail à Genève,(p. 224-375). Genève, Suisse : La Baconnière Arts, 2008.

Vial-Andru, M. (2018, 14 novembre). Sainte Élisabeth de Hongrie : le miracle des roses. Actualies.fr. https://www.actuailes.fr/page/1554/sainte-elisabeth-de-hongrie-le-miracle-des-roses

Informations sur l'image

Nom de l'image
VD_Aubonne_EgliseNotreDame_GSL_561
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2023
Propriétaire

Paroisse catholique de Notre-Dame d'Aubonne

Inventaire

Numéro de référence
GSL_561
Auteur·e et date de la notice
Camille Noverraz 2024