Ce vitrail a été réalisé par l’artiste fribourgeois Yoki (Émile Aebischer) en 1983, pour habiller la baie donnant sur la tribune des orgues de la chapelle du Christ-Roi de l’Université Miséricorde de Fribourg.

L’administrateur de l’Université, Hans E. Brühlart, contacte Yoki en fin d’année 1981 ou dans les premières semaines de l’année suivante pour lui demander si la création d’un vitrail pour la fenêtre de la tribune des orgues de la chapelle du Christ-Roi à l’Université Miséricorde l’intéresserait. Étant la seule partie du petit sanctuaire sans claustra, elle n’avait pas, lors de sa construction en 1939, été parée de verrière. Le souhait de Brühlart est d’imaginer un vitrail “d’accompagnement” pour la chapelle et l’ensemble en dalles de verres de l’artiste Alexandre Cingria, créé entre 1942 et 1944 (Yoki, 1983, 26 août). En d’autres termes, ce nouveau vitrail ne doit pas se mettre en concurrence avec l’ensemble verrier existant mais le compléter et le mettre en valeur. Yoki, enthousiasmé par le projet, accepte et se met rapidement au travail pour soumettre un avant-projet. Il envoie à Brühlart un devis comprenant son travail créatif, celui du maître-verrier et le prix du serrurier pour la construction métallique du cadre pour le vitrail (Yoki, 1982, 14 février). Yoki ayant été engagé par le bureau Dumas & Honneger lors de la construction de la chapelle et plus particulièrement lors de la réalisation des peintures murales de Barraud (Clerc, 2021, p. 11), il signifie son attachement au bâtiment de l’Université en réduisant ses honoraires. D’entente avec le verrier Michel Eltschinger, la pose est prévue pour décembre 1983 (Brühlart, 1983, 10 août).

Cette fenêtre en plein cintre fait face à la paroi de claustras et de dalles de verre située derrière l’autel. Étonnamment, Yoki choisit la technique du vitrail au plomb plutôt que la dalle de verre pour parachever le travail de Cingria. Bien que ce choix interpelle de prime abord, il est compréhensible : cette fenêtre étant la seule source de lumière naturelle, il devait préserver une arrivée de lumière suffisante tout en la modulant. Le vitrail au plomb apporte une forme de légèreté à cette architecture aux lignes géométriques très fortes. D’une part, l’artiste casse la rigidité des claustras en créant un dessin aux formes géométriques plus libres, mais ne s’en éloigne pas totalement, puisqu’il crée des panneaux carrés, s’inspirant clairement du quadrillage des parois de béton. D’autre part, il reprend pour les coloris une grande partie des couleurs (jaune, orange, bleu, mauve) choisies par Cingria pour ses dalles de verre, mais les rehausse de différentes nuances de gris et de brun (beige), faisant ainsi la liaison avec le béton brut et le bois des orgues.