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GSL_353: Sanctuaires de pèlerinage de la Salette, de Lourdes et de Fatima
(FR_Broc_ChapelleNotreDamedesMarches_GSL_353)

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Titre

Sanctuaires de pèlerinage de la Salette, de Lourdes et de Fatima

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1944
Dimensions
190 x 90 cm
Lieu
Emplacement
Choeur, se II
Inventaire

Iconographie

Description

La fenêtre, rectangulaire, est divisée en différentes zones de formes irrégulières, comprenant des représentations symbolisant différents lieux de pèlerinage mariaux à l’étranger. Tout en haut à gauche est figurée la scène de l’apparition de la Vierge en pleurs à deux enfants au village de la Salette en Isère. Au centre à gauche, on reconnaît la scène de l’apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous à Lourdes. La jeune Bernadette est agenouillée au premier plan, vêtue en paysanne, levant ses mains jointes vers la vierge vêtue de blanc qui se tient au-dessus d’elle, au sein d’un paysage suggérant une grotte envahie par la végétation. La vierge a une rose posée sur l’un de ses pieds et une source jaillit en dessous d’elle. Au centre du vitrail, une banderole blanche et bleue portant l’inscription “Lourdes” accompagne la scène.
A droite, c’est la Vierge de Fatima qui est représentée, vêtue de blanc et les mains jointes, apparaissant à un personnage vêtu d’une cape à gauche et à deux petits bergers agenouillés à droite. En dessus d’elle à droite, un astre sombre entouré de rayons argentés évoque l’épisode du miracle du soleil lié au site de Fatima. Dans la partie au-dessous, on retrouve la banderole avec l’inscription “Fatima”.
La partie inférieure de la fenêtre comprend, à gauche, un drapeau bleu orné de trois fleurs de lys, blason de la monarchie française. A droite, sous la scène de Fatima, est représenté le drapeau vert et rouge du Portugal avec, au centre, le blason de la famille royale.

Code Iconclass
11Q6221(+2) · lieu de pèlerinage, lieu sacré (+ Marie)
Mot-clés Iconclass
Héraldique

Drapeau de la monarchie française (en bas à gauche)
Drapeau du Portugal avec le blason de la famille royale (en bas à droite)

Inscription

La Salette / Lourdes / Fatima (de haut en bas)

Signature

VITRAUX FLECKNER / FRIBOURG 1944 (au centre en dessus de la vierge de Fatima)
CINGRIA (en bas à droite des pieds de la vierge de Fatima)

Technique / Etat

Technique

Verre coloré intégré entre deux vitres transparentes, grisaille, jaune d’argent, émaux, gravure à l’acide

Historique de l'oeuvre

Recherche

Ce vitrail a été réalisé par Alexandre Cingria et le maître-verrier Herbert Fleckner en 1944, pour la fenêtre de droite du choeur de la chapelle Notre-Dame des Marches à Broc.
La création de ce vitrail s’inscrit dans la rénovation de l’édifice entreprise entre 1944 et 1946 par l’architecte du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas. L’architecte romontois avait déjà reçu le mandat de la rénovation de l’église paroissiale Saint-Othmar de Broc, commencée au début des années 1930 et achevée en 1936, chantier pour lequel il fait également intervenir des artistes du Groupe de Saint-Luc pour la décoration, dont Cingria pour les vitraux. Dès 1931, la nécessité de rénover la chapelle de pèlerinage Notre-Dame des Marches devient urgente, et le Prieur de Broc, l’abbé Seydoux, très satisfait du travail de Dumas pour la paroisse, lui confie ce nouveau mandat (Protocole de la séance du Conseil paroissial, 1931a).
Une première rénovation de la chapelle est entreprise entre 1931 et 1932, reposant sur une rénovation de la toiture, la pose d’un crépi sur les murs, le rafraîchissement des dorures de l’autel et la réalisation d’un manteau avec des broderies de laine pour la statue de la Vierge, créé par l’artiste Marguerite Naville (Protocole de la séance du Conseil paroissial, 1931b ; Rime, 2005, p. 119-120). A ce moment-là, la question de la réalisation de nouveaux vitraux se pose déjà, mais des oppositions sont soulevées au sein du Conseil de paroisse, certains membres craignant de voir se reproduire “les invraisemblances qui figurent actuellement à l’église de Bulle”, où Cingria et Beretta viennent en effet de réaliser un cycle de vitraux d’une grande vivacité d’expression. Il est alors décidé de remplacer deux anciens vitraux représentant le Sacré-Coeur et la Vierge, probablement placés dans les fenêtres des parois nord et sud du choeur, par de simples “grisailles”, sans faire appel à un artiste pour le dessin (Protocole de la séance du Conseil paroissial, 1932). L’atelier Chiara à Lausanne envoie en effet une facture de 620 francs pour des vitraux en juin 1932, somme correspondant à des verrières peu complexes à exécuter (Atelier Vve Pierre Chiara, 1932).

En 1943, une nouvelle rénovation intérieure est à l’étude. Dumas propose un nouveau blanchissage des murs, l’agrandissement de la sacristie, la création de confessionnaux et de bancs, ainsi que le percement de deux fenêtres dans le choeur, jouxtant l’autel (Protocole de l’assemblée paroissiale, 1944). Le prieur de Broc, séduit par les vitraux de Cingria à l’église Saint-Othmar, s’adresse à l’artiste genevois pour la réalisation de deux vitraux pour habiller ces nouvelles baies du choeur, probablement placés à la fin de l’année 1944 (Moullet, 1947, p. 5). Cingria reçoit ensuite la commande de deux autres vitraux pour les premières fenêtres de la nef sur le thème de la Guérison de Léonide Andrey et du Voeu du Captif, remplaçant deux anciennes verrières sur les mêmes thèmes, qui seront offertes au musée gruérien de Bulle (Protocole de l’assemblée paroissiale, 1945). Cingria étant malade du coeur et de plus en plus souffrant jusqu’à son décès en novembre 1945 (Cingria, 1954, p. 67), c’est son gendre, Emilio-Maria Beretta qui les termine, tentant “d’assimiler l’esprit du maître” (Rime, 2005, p. 117). Les deux derniers vitraux projetés pour les fenêtres au-dessus des confessionnaux seront réalisés entre 1945 et 1946 par Beretta seul (Cingria, 1954, p. 67). La pose de ces verrières et d’un chemin de croix en peinture sous-verre de Gaston Faravel mettent un point final à cette rénovation.

La technique utilisée par Cingria pour les vitraux de Notre-Dame des Marches est une technique novatrice à laquelle il s’essaye au début des années 1940, en collaboration avec le verrier Herbert Fleckner. Elle consiste à se passer du traditionnel réseau de plomb en plaçant les pièces de verre entre deux vitres transparentes, auxquelles elles adhèrent lors de la cuisson. Ces vitres sont ensuite peintes au recto et au verso avec du jaune d’argent et de la grisaille, ce qui permet d’obtenir des jeux de profondeur et une densité surprenante malgré la bidimensionnalité du support, tout en répondant au problème de pénurie de plomb durant les années de guerre. D’après un article rédigé à ce sujet par le Père Maurice Moullet en 1947, l’artiste aurait mis plusieurs années à mettre au point cette technique, résolvant un problème qui l’habitait depuis longtemps d’obtenir une composition qui ne serait pas assombrie par la présence des plombs ou du béton, dans le cas de la dalle de verre (Moullet, 1947, p. 5). Cingria profite ici des nouvelles possibilités offertes par ce procédé en jouant sur l’assemblage des couleurs posées les unes à côté des autres, à l’instar d’une mosaïque. Le résultat frise l’abstraction sur certaines zones, notamment dans les arrière-plans. Cingria crée des interstices plus ou moins apparents entre les pièces de verre, distillant des lignes lumineuses mettant en valeur son dessin.

Pour ce vitrail, Cingria met à l’honneur les lieux de pèlerinage internationaux les plus célèbres : la Salette, Lourdes, et Fatima. La fenêtre de droite, qui lui fait pendant, est quant à elle consacrée aux sanctuaires de pèlerinage suisses, principalement mariaux, à l’instar de Bourguillon et d’Einsideln, auxquels il adjoint, dans la partie supérieure, la chapelle du Ranft et la représentation de saint Nicolas de Flüe, saint patron de la Suisse. Cette iconographie renvoie au statut de la chapelle, elle-même important lieu de pèlerinage marial, reconnue pour ses miracles depuis la guérison de Léonide Andrey en 1884, apportant à la chapelle brocoise une réputation internationale qui lui vaut le surnom de “Petit Lourdes” (Apic, JS, VB, 2007). L’artiste met en dialogue les deux fenêtres par une composition similaire reposant sur l’articulation de différentes zones aux formats irréguliers déclinant les évocations de ces lieux, clarifiés par la présence de bannières déclinant leurs noms ainsi que d’armoiries et de drapeaux liés aux zones géographiques concernées.
Il fait se répondre visuellement la scène tout en haut à droite du vitrail, le “miracle du soleil” ou “danse du soleil”, avec la vision de saint Nicolas de Flüe où lui apparaît le Christ couronné dont le visage rayonne comme un soleil, dans le vitrail de gauche du choeur. Le “miracle du soleil” se réfère à une apparition survenue en 1917 sur le site de Fatima, où une foule de croyants a assisté à un phénomène lumineux non expliqué, durant lequel le soleil aurait commencé à tournoyer et danser dans le ciel, changeant de couleur et pouvant être vu sans blesser les yeux (Il Timone, 2015). Cingria a probablement voulu illustrer cet événement en figurant un soleil noirci et souriant, mais toujours aussi lumineux avec ses rayons.

Datation
1944
Propriétaire

Paroisse catholique de Broc

Bibliographie et sources

Bibliographie

Apic, JS., VB. (2007, 11 septembre). L’histoire de Notre-Dame des Marches. Cath.ch. https://www.cath.ch/newsf/encadre-430/

Atelier Vve Pierre Chiara. (1932, 10 juin). Facture adressée à l’abbé Seydoux. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Cingria, H. (1954). Alexandre Cingria : Un prince de la couleur dans la Genève du XXe siècle. Genève, Suisse : Editions générales.

Il Timone. (2015, 14 octobre). Les images de la “danse du soleil” à Fatima. Aleteia. https://fr.aleteia.org/2015/10/14/les-images-de-la-danse-du-soleil-il-y-a-98-ans-a-fatima/

Moullet, M. (1947, 11 janvier). Une invention dans l’art du vitrail : A propos des nouvelles verrières d’Alexandre Cingria au sanctuaire de N-D des Marches. La Liberté, 5. https://www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19470111-01.2.40&e=-------de-20--1--txt-txIN-Une+invention+dans+l’art+du+vitrail-------0-----

Protocole de la séance du Conseil paroissial. (1931a, 28 septembre). Dans cahier : Conseil paroissial de Broc, Procès-verbal 19 juillet 1929-2 octobre 1935. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Protocole de la séance du Conseil paroissial. (1931b, 22 décembre). Dans cahier : Conseil paroissial de Broc, Procès-verbal 19 juillet 1929-2 octobre 1935. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Protocole de la séance du Conseil paroissial. (1932, 5 avril). Dans cahier : Conseil paroissial de Broc, Procès-verbal 19 juillet 1929-2 octobre 1935. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Protocole de l’assemblée paroissiale. (1944, 3 mai). Dans cahier : Protocoles des assemblées paroissiales de Broc 1924-1970. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Protocole de l’assemblée paroissiale. (1945, 11 janvier). Dans cahier : Protocoles des assemblées paroissiales de Broc 1924-1970. Archives de la paroisse de Broc, Suisse.

Rime, F., Rime, J. (2005). Les Marches : Le petit Lourdes fribourgeois / Histoire d’un lieu sacré. Bulle, Suisse : Editions gruériennes.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Broc_ChapelleNotreDamedesMarches_GSL_353
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2022
Propriétaire

Paroisse catholique de Broc

Inventaire

Numéro de référence
GSL_353
Auteur·e et date de la notice
Camille Noverraz 2024