La provenance de cette fenêtre ainsi que du vitrail qu’elle renferme n’est pas établie. Celle-ci constitue un prêt de longue durée de Fritz Dold (1911-1974), un peintre-verrier issu d’un atelier familial établi depuis 1920 à Saint-Gall et actuellement encore en activité (cf. Noverraz 2016, consulté le 28 juin 2022). Elle semble constituer l’une des rares fenêtres à cives pourvue d’un vitrail héraldique encore conservée en Suisse voire en Europe.
Le vitrail représente, au premier plan, une Charité et, au second, la parabole du bon samaritain, tirée de l’Evangile selon saint Luc (Lc 10, 30-37), dont la composition a été librement inspirée d’une gravure de Matthäus Merian (1593-1650) illustrant la bible du même nom, parue à Strasbourg entre 1625 et 1630 (Matthaeus Merian, Icones Biblicae, Zurich, Zentralbibliothek, inv. Rv 76, fo 395, https://doi.org/10.3931/e-rara-24422, consulté le 4 avril 2022) : on y retrouve en effet un homme pansant les blessures d’un autre homme, couché à même le sol, en présence d’un cheval et d’un second homme habillé d’une pèlerine.
Les donateurs, Ulrich Züricher et Elisabeth Mathis, ainsi que l’écu armorié qui accompagne leur patronyme n’ont pas pu être identifés. Orthographié Züricher (ou Zürcher), ce nom de famille, extrêmement répandu, compte plusieurs branches dans l’ancienne Confédération helvétique, notamment dans les cantons d’Appenzell, Berne, Lucerne, Uri et Zoug (cf. Zürcher 1934, p. 690-691 ; pour Zoug et le vitrail, voir Bergmann 2004, cat. 176, 268 et 269). Matthys, également orthographié Mathys ou Mathis, est un patronyme plutôt répandu dans le canton de Berne et de Fribourg mais que l’on retrouve également aux Grisons, à Unterwalden et à Zurich (cf. Niquille, Frick 1929, p. 52).
Le toponyme „Riedlispach“ peut en revanche être lu de deux façons : soit il renvoie à Riesbach, aussi orthographié „Riedispach“, ancienne commune zurichoise située sur la rive droite du lac et incorporée à la ville en 1893 (Illi 2012, consulté le 4 avril 2022) ; soit il renvoie à Rüedisbach, un hameau qui se situe dans l’actuelle commune de Wynigen, dans le district de Berthoud, arrondissement administratif de l'Emmental, dans le canton de Berne (Dubler 2012, consulté le 4 avril 2022).
Si l’invention de la Charité, caractérisée par une belle composition ainsi que de beaux détails, à l’instar de la coiffe de la figure féminine, du drapé ou encore du jouet tenu par l’un des puttis, est d’une grande qualité, l’exécution, quant à elle, caractérisée par des formes molles et une application lourde des émaux, paraît plus grossière. Cette inégalité de traitement pourrait suggérer que le peintre qui est à l’origine de l’invention et celui qui est à l’origine du vitrail ne soient pas les mêmes . Or, ni l’un ni l’autre n’ont à ce jour pu être identifiés.
Sur la base des patronymes et du toponyme mentionnés dans le cartouche inférieur, qui est d’origine, le vitrail peut cependant plutôt être rapproché de la production bernoise que celle zurichoise, dans l’attente d’un rapprochement plus probant qui confirmerait – ou infirmerait – cette hypothèse.