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GSL_212: Saint Jacques le Mineur (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : il est assailli par des fidèles qui tentent de toucher son vêtement, saint Pierre fait de lui le chef de l’église chrétienne de Palestine, il tente de convertir le grand prêtre Caïphe, sa lapidation à Jérusalem)
(FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_212)

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Title

Saint Jacques le Mineur (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : il est assailli par des fidèles qui tentent de toucher son vêtement, saint Pierre fait de lui le chef de l’église chrétienne de Palestine, il tente de convertir le grand prêtre Caïphe, sa lapidation à Jérusalem)

Type of Object
Artist / Producer
Studio
Dating
1945
Dimensions
630 x 104.5 cm

Iconography

Description

Ce vitrail se compose de quatre scènes relatant différents épisodes de la vie de saint Jacques le Mineur, avec, de haut en bas :
Jacques le Mineur est assailli par des fidèles qui tentent de toucher son vêtement : debout au centre et marchant, il est entouré de trois personnes. Une est assise à ses pieds à gauche et lui touche le bas de sa tunique, alors que, derrière elle, une seconde lève la main vers la tête du saint. A droite, un homme touche le manteau de l’apôtre.
Saint Pierre fait de Jacques le Mineur le chef de l’église chrétienne de Palestine : saint Pierre nimbé, debout à droite, les bras ouverts devant lui, fait face à Jacques qui a également les bras ouverts et l’écoute. Derrière eux, devant des colonnes, un homme et une femme se regardent face à face.
Jacques le Mineur tente de convertir le grand prêtre Caïphe : le saint, de face et le bras gauche levé, tente de convertir le grand prêtre Caïphe assis à gauche et tournant la tête vers Jacques pour l’écouter. Derrière lui, un homme barbu écoute également l’apôtre, comme l’homme debout à droite qui le regarde.
La lapidation de Jacques le Mineur à Jérusalem : agenouillé au premier plan au centre, il lève ses deux bras au-dessus de sa tête pour se protéger. A gauche, un homme lui fait face et s’apprête à lui lancer un pavé de la main gauche, alors qu’il tient un second pavé dans sa main droite. Derrière le saint à droite, un homme de face tient de ses deux mains un bâton, alors qu’à l’arrière-plan, un cavalier sur sa monture regarde derrière lui.
En bas à gauche figurent des armoiries vides.

Iconclass Code
73F31 · life and acts of James (either 'the Less' or 'Adelphotheos')
73F311 · James leading the community in Jerusalem as their first bishop
73F3142 · James is stoned, or beaten to death (with a fuller's club)
Iconclass Keywords
Inscription

S. JACOBUS MIN. (en bas)

Signature

Aucune

Technique / State

Technique

Vitrail au plomb, grisaille

History

Research

L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).

Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice. Mais dès le début, la collaboration avec la paroisse est difficile, et celle-ci cherche à limiter son mandat. Severini aurait voulu que ce soit Alexandre Cingria qui réalise les vitraux, mais les maquettes pour la mosaïque du retable de la chapelle du Christ-Roi que ce dernier présente en 1932 déplaisent (Rudaz, 2008b, p. 41). La paroisse confie donc le grand cycle des verrières de la nef à l’artiste fribourgeois Jean-Edouard de Castella, qui s’était spontanément proposé (Corpataux, Jordan, 1938). Le Conseil de paroisse invoque le manque de ressources et la promesse de dons liés au choix d’un artiste local. Fin 1938, l’artiste avait proposé, avec l’atelier Kirsch et Fleckner, d’offrir un vitrail (Castella et Kirsch, 1938), alors qu’un second le serait par sa parenté (Castella, 1938b). Le Fribourgeois Gaston Thévoz avait souhaité envoyer à la paroisse des croquis et un devis pour ces fenêtres et avait également proposé de donner un vitrail (Thévoz, 1938), mais son offre arrivait trop tard. Severini, qui déplore le choix de Castella, avec lequel il avait déjà dû collaborer à Semsales et dont il n’avait pas hésité à critiquer les qualités artistiques, le qualifiant de “peintre médiocre” (Radin, 2011, p. 32-33), demande à ce que seuls les deux vitraux offerts lui soient confiés et qu’ils soient placés dans la tribune où ils seront moins visibles (Severini, 1939). Mais la paroisse a déjà donné son accord à Castella, qui profite de la guerre et de l’absence de Severini pour concrétiser la réalisation de l’ensemble des verrières (Rudaz, 2008b, p. 39-42).
L’artiste réalise les vitraux en quatre étapes, de 1941 à 1945, qui dépendent des dons reçus par la paroisse. La dépense totale des vitraux se monte à 40’000 francs, couverte par différents bienfaiteurs (personnalités et familles locales), dont les armoiries se retrouvent au bas des vitraux (Arnaud et Pajor, 2008, p. 59-61).

Bien que le programme iconographique n’ait pas fait l’objet de discussions approfondies entre le Conseil de paroisse et l’artiste, chacune des seize verrières de la nef, comme l’avait suggéré Castella dès le début du projet (Corpataux, Jordan, 1938), illustre la vie d’un apôtre ou d’un évangéliste, en quatre épisodes tirés des Actes des apôtres et de la Légende dorée. Castella choisit pour ces scènes narratives une représentation superposée à lecture descendante, sans bordure décorative, dépeignant des silhouettes sur un fond coloré. Dès ses premiers dessins, Castella n’hésite pas à se détourner des teintes convenues pour les chairs, celles-ci étant, comme tout détail de son dessin, au service de la physionomie colorée de l’ensemble.
Au début du travail de Castella, il est question que huit sujets figurent sur chaque verrière (Castella, 1938a), avant de finalement opter pour quatre scènes suivant l’avis de Mgr Besson et Severini (Castella, 1940a). Ce choix permet d’assurer “la visibilité des scènes” (Castella, 1940b), l’artiste étant conscient très tôt que pour que celle-ci soit bonne, il lui faut créer “des formes bien explicites” (Castella, 1938a). Il soumet ses premiers croquis à Mgr Besson (Castella, 1939) et selon contrat, également à Severini et à l’architecte Dumas pour approbation (Corpataux, 1939). La sélection des couleurs est aussi essentielle. Severini lui conseille d’utiliser des tonalités chaudes pour les coloris dominants, mais bien contrastées avec les teintes froides pour donner une atmosphère de calme et de stabilité dans toute l’église (Severini, 1940). Castella suit son avis et conçoit ses vitraux en alternance, un vitrail aux teintes à dominante chaude étant suivi d’une verrière aux coloris plus froids (Castella, 1940c).

Ce vitrail consacré à saint Jacques le Mineur fait partie de la quatrième et dernière phase de réalisation du cycle des seize verrières, achevé en 1945. Les archives nous apprennent peu de choses sur cette ultime étape. En janvier 1946, après la pose des quatre verrières, le conseil de paroisse, par l’intermédiaire de son président, Joseph Jordan, envoie un courrier de remerciement à Castella et lui adresse “toute son admiration pour la magnifique oeuvre entreprise en 1939 et menée à chef avec un réel talent”. Il ajoute que “c’est vraisemblablement la plus belle et la plus importante de toute [sa] carrière artistique”. Il lui témoigne sa profonde reconnaissance pour “le soin minutieux pris à la préparation des cartons et à leur exécution, d’entente avec la maison Kirsch” (Jordan, 1946). L’article paru dans le quotidien fribourgeois La Liberté va dans le même sens, en soulignant que “l’église, grâce à de généreux donateurs, grâce aussi au zèle de M. le chanoine Zurkinden, a le privilège de posséder seize vitraux remarquables, dont elle peut être fière à juste titre et qui font le plus grand honneur au peintre-verrier Castella”. L’article loue la “science de l’équilibre” des scènes représentées, la “juste appréciation des valeurs”, et le “goût sans défaillance, qui assurent à l’artiste une place au premier rang des peintres-verriers de la Suisse” (R., 1945).

Le fonds graphique de l’atelier Kirsch & Fleckner possède quatre cartons pour cette fenêtre (KF_1147 ; KF_1143 ; KF_1148 et KF_1152). Les trois projets pour les scènes supérieures sont en noir et blanc alors que celui pour la scène du bas est en couleur. Ces différences de traitement sont étonnantes, mais nous pouvons supposer que l’artiste ne ressentait pas la nécessité d’apposer la couleur sur chacun des cartons, puisqu’il pouvait s’appuyer sur ses maquettes qui étaient pour la plupart déjà des compositions définitives.

Cette réalisation à Saint-Pierre marque, avec le cycle de la chapelle Notre-Dame de la Paix à l’église Sainte-Thérèse de Genève (GE_84.22 ; GE_84.23 ; GE_84.24 ; GE_84.25 ; GE_84.26 ; GE_84.27 ; GE_84.28), exécuté en 1946-1947, l’apogée de la carrière du peintre-verrier fribourgeois. C’est non seulement l’une de ses réalisations les plus considérables du point de vue du nombre de verrières, mais c’est aussi un cycle verrier abouti, Castella ayant su allier avec beaucoup de finesse un trait fin, souvent réduit à l’essentiel, à un coloris très subtil où les teintes se juxtaposent dans une variation infinie de tons tout en proposant des contrastes forts permettant une mise en lumière des éléments essentiels de chaque scène. En 1949, l’artiste part à nouveau pour l’Australie et organise à cette occasion une exposition d’adieu dans son atelier fribourgeois. Il ne reviendra en Suisse qu’en 1962, quatre ans seulement avant son décès (Arnaud et Pajor, 2008, p. 56-57).

Dating
1945
Owner

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Bibliography and Sources

Literature

Arnaud, F. et Pajor, F. (2008). Couleurs et lumières, de Melbourne à Fribourg. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 54-62.

Castella, J.-E. (1938a, 8 octobre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1938b, 1er décembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1939, 15 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940a, 5 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940b, 6 janvier). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Georges Corpataux et aux Conseillers de paroisse]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940c, 14 décembre). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. et Kirsch, V. (1938, 30 novembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. (1939, 27 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan, J. (1938, 12 octobre). Rectorat de St-Pierre. Procès-verbaux. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Jordan, J. (1946, 26 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Lauper, A. (2012). Gambach. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 76-80). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lauper, A. (2008a). La leçon de Romont. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 10-22.

Lauper, A. (2008b). Une architecture simple et forte. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 23-29.

R., A. (1945, 1er octobre). Les vitraux de Saint-Pierre. La Liberté,8. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19451001-01.2.41

Radin, G. (2011). Correspondance Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki.

Rudaz, P. (2008a). Un concours de circonstance pour un décor haut en couleur. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 30-37.

Rudaz, P. (2008b). Un grand peintre trop encombrant ?. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 38-43.

Sauterel, V. et Noverraz, C. (2020). Vitrail de la première moitié du XXe siècle : la couleur triomphante. Dans F. Giese (dir.), La redécouverte de la couleur [catalogue d'exposition] (p. 101-114). Berlin / Boston : Walter de Gruyter.

Schöpfer, H. (1994). Fribourg : Eglise paroissiale de Saint-Pierre. Inventaire du patrimoine religieux (IPR) [document inédit].

Severini, G. (1939, 19 août). [Lettre à Fernand Dumas]. Correspondance Severini-Dumas. Archives du Musée Charmey, Charmey.

Severini, G. (1940, 28 avril). [Copie d’un extrait de lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Thévoz, G. (1938, 28 novembre). [Lettre au Conseil paroissial de Saint-Pierre]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Voragine, J. (1902). Saint Jacques le Mineur. Dans La Légende dorée (traduit par J.-B. M. Roze, vol. 1, p. 41-49). Paris, France : Edouard Roueyre. https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/voragine/index.htm

Waeber, L. et Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Image Information

Name of Image
FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_212
Credits
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date
2023
Copyright
© Ayants droit
Owner

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Inventory

Reference Number
GSL_212
Author and Date of Entry
Valérie Sauterel 2024

Linked Objects and Images

Linked Objects
Saint Pierre fait de saint Jacques le Mineur, avant son départ pour Rome, le chef de l’église chrétienne de Palestine (deuxième scène depuis le haut du vitrail de saint Jacques le Mineur)
Fidèles tentant de toucher le vêtement de l’apôtre saint Jacques le Mineur (première scène depuis le haut du vitrail de saint Jacques le mineur)
Jacques le Mineur tente de convertir le grand prêtre Caïphe (troisième scène depuis le haut du vitrail de saint Jacques le Mineur)
Lapidation de saint Jacques le mineur à Jérusalem (quatrième scène depuis le haut du vitrail de saint Jacques le mineur)