Ces deux petits vitraux situés dans le baptistère de l’église Saint-Joseph de Travers ont été réalisés en 1939 par l’artiste Paul Landry et l’atelier Chiara de Lausanne.
A Travers, l’artiste se voit confier par l’architecte Fernand Dumas l’ensemble du mandat de la décoration, comprenant la polychromie générale de l’église, les décors du plafond de la nef et les verrières, travail qu’il entreprend entre 1938 et 1939 (Landry, 1939). Pour les vitraux, il collabore avec l’atelier Chiara de Lausanne, dirigé depuis 1929 par Pauline Chiara-Coronilla, veuve de Pierre-Auguste Chiara, fils du fondateur de l’atelier (Hostettler, 2001, p. 29-32).
L’artiste conçoit l’ensemble des grandes fenêtres de la nef, comportant des figures de saints et d’apôtres importants du catholicisme suisse et international (Schneuwly, s.d.), ainsi que les vitraux, plus modestes, de la chapelle, du baptistère, de la tribune des orgues et de son escalier, et de la sacristie. Il s’agit du cycle verrier le plus important de la carrière de Paul Landry, par son ampleur et sa complexité iconographique. L’artiste n’a alors qu’une seule expérience préalable dans le domaine du vitrail : le cycle réalisé en 1938 à l’église de Murist, également construite par Fernand Dumas (par exemple GSL_389, GSL_407). L’artiste y assume la décoration générale et surtout celle du baptistère, où il conçoit un ensemble réunissant peinture murale et vitrail (Gammaldi, 2012).
Ces deux verrières illustrent probablement deux scènes de l’Ancien Testament en lien avec l’eau, bien que l’iconographie soit difficile à lire en raison de la touche vive de l’artiste et du petit format. La scène de gauche pourrait représenter Moïse sauvé des eaux et celle de droite le miracle du rocher, dont Moïse fait jaillir l’eau afin d’abreuver les Israélites après la fuite en Égypte. Les vitraux de Landry soulignent l’interaction qui existe entre son travail de peintre de chevalet et de peintre-verrier (Reymond, 1995). Ils se caractérisent par un important travail à la grisaille appliquée avec une touche de peintre très vive, dont l’artiste se sert pour créer des clairs-obscurs et des contrastes avec la luminosité des verres colorés. Landry concentre cette grisaille sur la scène figurée, plus sombre, qu’il entoure d’un encadrement de verre cathédrale clair aux teintes pastel bleues et et vertes, afin d’apporter de la lumière. Il opte pour un découpage des verres en multiples formes géométriques rayonnant depuis le centre, dans un esprit rappelant le cubisme, apportant dynamisme et modernité aux deux scènes.