Paul Landry, né à Sugiez dans le canton de Vaud, est issu d’une famille originaire de la localité neuchâteloise Les Verrières. Il s’est formé surtout en autodidacte, malgré des études au Technicum de Fribourg dans la section arts graphiques. Il démarre sa carrière en tant que décorateur dans le chef-lieu fribourgeois avant de s’installer en 1929 à Lausanne, où il reste jusqu'à sa mort (Reymond, 1995, p. 153). Il maîtrise de nombreuses techniques, comme la peinture et le dessin, la peinture murale, la gravure, la mosaïque et la céramique, ainsi que le vitrail (Gammaldi, 2012, p. 9-10). Membre de la section fribourgeoise de la SPSAS dès 1932 et de celle de Lausanne dès 1944, il réalise également de nombreuses commandes murales dans le domaine civil, à l'instar de décorations pour le Technicum de La Chaux-de-Fonds, ainsi que pour l'École professionnelle, le gymnase du Belvédère et l'hôpital psychiatrique de Cery à Lausanne (Hellen, 1986, p.11).
Il fait la connaissance de l'architecte phare du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas, à l’occasion de la fête du Tir fédéral de Fribourg en 1934 (Estoppey, 1995, p. 55). Ce dernier le mandate pour la décoration de plusieurs des sanctuaires qu’il construit ou rénove entre 1935 et 1939, comme Saint-Othmar de Broc (1935-1936), les églises catholiques de Bottens (1936), Onnens (1937), Attalens (1937-1938) et Ménières (1939), où Landry se spécialise dans la décoration de plafonds et voûtes peintes (Service des Biens culturels, 1995, p. 53). A Murist, entre 1938 et 1939, il est chargé non seulement des décors peints des caissons de la voûte de la nef, mais aussi de la réalisation de la grande peinture murale du baptistère, l’une de ses oeuvres majeures. Ce chantier représente sans doute l’une de ses premières expériences dans le domaine du vitrail, en collaboration avec l’atelier Chiara de Lausanne. Entre 1938 et 1939, il obtient en collaboration avec Dumas le mandat de décoration de l’ensemble de la nouvelle église de Travers, l’une de ses contributions les plus marquantes dans le cadre de l'art sacré. A cette occasion, il travaille à nouveau dans la technique du vitrail avec l’atelier Chiara, réalisant un cycle de vitraux figurés d’une grande complexité. Il s'agit probablement de sa dernière réalisation avec le Groupe de Saint-Luc, auquel il n'adhère jamais officiellement, peut-être pour des raisons confessionnelles.
Parallèlement à sa carrière de peintre monumental, Landry s'adonne à la peinture de chevalet qu'il considère dans une perspective profondément manuelle et décorative, l'aspect du décorateur étant pour lui indissociable de sa carrière d'artiste peintre (Dupertuis, 1995, p. 10-11). Il aime les bleus et les gris qu'il reconnaît comme son harmonie fétiche", au point de devenir, dès les années 1970, le "peintre du gris" (Reymond, 1995, p. 17 ; Dupertuis, 1995, p. 10-11). Dans ses tableaux, le paysage et la nature morte sont des thèmes essentiels qu'il travaille jusqu'à son décès. Influencé par le post-cubisme, il n'a cependant jamais rompu avec la réalité et franchi le pas de l'abstraction (Reymond, 1995, p. 108). Assez reconnu dans le canton de Vaud, ses oeuvres feront l'objet de plusieurs expositions et de nombreux achats de la Confédération, l'État de Vaud ou la Ville de Lausanne (JG, 1995, p. 1).
Dupertuis, M. (1995). Préface. Dans A. Reymond (dir.), Paul Landry (p. 8-11). Ballens, Suisse : E. Roch.
Estoppey, P. (1995). A l'occasion de son 75e anniversaire. Dans A. Reymond (dir.), Paul Landry (p. 54-55). Ballens, Suisse : Edouard Roch.
Gammaldi, N. (2012). Recherche des causes et mécanismes de dégradation d’une peinture murale à l’huile de 1938 : Baptistère de l’Eglise paroissiale Saint-Pierre de Murist (FR) [mémoire de Bachelor inédit]. **Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana.
JG. (1995, 16 novembre). Landry, l'art du paradoxe. https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/169583/view?page=1&p=separate&search=%22Paul%20Landry%22&hlid=1689756960&tool=search&view=0,0,2305,3322
Hellen, R.-M. (1986, 6 juin). Galerie de Ballens : Paul Landry. Journal de Rolle : Ouest lémanique. https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/423403/view?page=1&p=separate&search=%22Paul%20Landry%22%20AND%20technicum&hlid=444770827&tool=search&view=716,0,2972,1368
Reymond, A. (1995). Paul Landry. Ballens, Suisse : E. Roch.
Service des Biens culturels. (1995, octobre). Le Groupe de St-Luc. (Patrimoine fribourgeois), (5).