Provenant de la collection Henri Vaughan dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1900, le rondel était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse, attribué au peintre-verrier zougois Michael IV. Müller et daté de 1674, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. 929-1900).
Le rondel représente, selon le procédé de la narration simultanée, deux épisodes vétérotestamentaires du Livre de Tobie : à gauche, Tobie attrape un poisson qui voulut lui avaler ses pieds et, sur conseil de l’ange, l’éventra pour y recueillir le fiel, le coeur et le foie du poisson (Tb 6, 1-5) ; à droite, Tobie, portant le poisson sur son épaule et accompagné du chien, interrogent l’ange sur la raison de ce geste, alors qu’ils poursuivent leur route pour Médie (Tb 6, 6-9).
Le donateur, Jörg Weber, n’a pas pu être identifié. L’écu armorié, en revanche, permet bien de le rattacher à la branche des Weber d’Arth, dans le canton de Schwytz. Famille schwytzoise, membre de la corporation de l'Unterallmeind (quartier d'Arth) et attesté dès le bas Moyen Âge, le lignage des Weber d’Arth passe pour avoir été fondé par Nikolaus qui, en 1354, participa au partage des terres d'Arth entre les anciens citoyens. Famille aux nombreux représentants, ces derniers firent partie du cercle des Schwytzois détenteurs de charges publiques (magistrats – landammans à partir de 1680 -, diplomates, capitaines, baillis) ou furent ecclésiastiques et entrepreneurs militaires. Leurs propriétés foncières, le commerce du bétail, une politique matrimoniale avisée (alliances avec les Zay d'Arth et les Reding) et le service étranger leur permirent d'accroître leur fortune. Plusieurs d’entre eux obtinrent en outre des titres de noblesse (cf. Jacober 2013, consulté le 12 mars 2021).
L’emplacement d’origine de ce rondel n’a pas pu être établi. Il peut en revanche être rapproché d’un vitrail aujourd’hui conservé au Historisches Museum de Thurgovie à Frauenfeld avec qui il partage la même invention (cf. Hasler et Keller 2020, consulté le 12 mars 2021, TG_51). La composition circule à partir de 1625 sous la forme d’une gravure réalisée par Matthäus Merian l’Ancien (Boesch 1957, p. 58-59, cat. 8), mais son invention pourrait revenir au peintre-verrier zurichois Christophe Murer dont Merian avait été l’élève et qui avait réalisé autour de 1600 une histoire de Tobie dont plusieurs dessins et deux vitraux nous sont parvenus (cf. Vignau-Wilberg 1982, p. 30ss ; Hasler 1997, cat. 584 et 585).
Le monogramme “MM”, reproduit à droite de l’armoirie, permet en outre d’attibuer l’exécution du rondel au peintre-verrier zougois Michael IV. Müller, ce que confortent le style, la technique ainsi que la provenance du donateur Jörg Weber d’Arth, qui se situe dans le canton voisin de Schwyz.
Cité dans :
Rackham 1936, p. 97.
Boesch 1957, p. 58-59, cat. 8
Hasler et Keller 2020, TG_51 (consulté le 12 mars 2021)