Vitrail décoratif composé de rangées d’écailles bleues en alternance avec des rangées d’écailles plus petites rouges, encadré d’une bordure géométrique turquoise, rouge et jaune au centre de laquelle sont disposés des cabochons facettés jaunes ronds et losangés blancs.

Quatre verres fissurés, dont certains à plusieurs endroits, sur les bordures jaune et rouge ainsi sur une pièce de verre turquoise de l’ornementation centrale. Plomb légèrement déformé et corrodé dans un angle du cadre. Cabochon jaune légèrement abîmé dans un angle de la bordure.

Ce vitrail datant vers 1880 est l’oeuvre de l’atelier Champigneulle, Paris, dirigé par Louis-Charles-Marie, fils du verrier Charles-François Champigneulle. Il fait partie d’un lot de onze oeuvres acheté par le Musée des arts décoratifs de Genève auprès de l’entreprise parisienne entre 1885 et 1887. Deux pièces maîtresses, un double panneau de style japonisant (GE_2326 et GE_2327) et un vitrail héraldique monumental (GE_2330) sont acquis pour 2000 francs et neuf autres vitraux sont offerts en surplus par l’atelier. L’ensemble est très hétéroclite, autant par les sujets représentés (religieux, profanes, ornementaux) que par les siècles auxquels ils font référence, allant du XIIe siècle à l’époque contemporaine de l’atelier. Ils présentent en quelque sorte un catalogue de la production de l’atelier qui proposait ses oeuvres dans toute l’Europe, dont la Suisse (Buyssens, 2019, p. 253-254).

Ce type de verrières géométriques en pleine couleur ou à dominance claire sont fréquemment utilisées dès le dernier quart du XIXe siècle dans l’architecture civile pour orner principalement les fenêtres des cages d’escalier, mais aussi les balcons ou vérandas, les portes de séparation et les salles de bains des maisons. Composées de motifs simples avec différents types de verres ou insertions de cives ou de cabochons, elles dévoilent d’une part le standing d’une bâtisse, mais ont aussi une fonction de paravent face aux regards extérieurs. Ces vitraux sont généralement l’oeuvre de verriers qui se basent sur des modèles publiés dans différentes revues internationales consacrées à l’art décoratif ou dans des livres de modèles destinés au vitrail (Hoffmann, p. 75-77).

Ce vitrail, essentiellement de pleine couleur en verre cathédrale et à motif d’écailles, joue sur l’alternance de deux couleurs (bleu et rouge) pour apporter une certaine dynamique à la composition. La bordure est ornée de cabochons en forme de fleur et de gemmes losangés, apportant une pointe de préciosité, rehaussée par les deux filets dorés encadrant la bordure.