Rondel ovale comportant une inscription de la donatrice entourée d’une fine bordure.

Fragment de vitrail sans plomb, l’inscription “DAME” a été grattée.

Ce médaillon constitue un intéressant témoignage des pratiques artistiques et de donations provenant de béguinages, ces communautés de femmes menant une vie religieuse selon une règle monastique, mais sans prononcer de voeux. Soutenus par les ordres franciscains et bénédictins, les béguinages ont fleuri dès 1240 dans le nord de la France et aux Pays-Bas, avant de se développer dans toute l’Europe dès la fin du XIIIe siècle, notamment en Suisse à Zurich, Bâle, Lausanne ou encore Berne (Wehrli-Johns, 2004).

Le panneau a été donné en 1651 par Mechtilde Witten (†1664), en tant que supérieure du béguinage Sainte-Catherine de Tongres, situé dans la province de Limbourg (actuelle Belgique), fonction qu’elle a occupée jusqu’à son décès (Thys, 1881, p. 158). Si la date à laquelle elle a pris cette fonction est inconnue, un document d’archives du béguinage atteste de son statut de béguine supérieure aux côtés d’autres femmes le 6 avril 1650, soit un an avant cette donation (Thys, 1881, p. 510-511). A ce jour, nous ne possédons pas plus d’informations sur la commanditaire.
Fondé au XIIIe siècle, le béguinage Sainte-Catherine a connu une période de grande prospérité au XVIIe siècle. Entre 1627 et 1716, de nombreux chantiers de construction sont entrepris, notamment l’édification de nouveaux bâtiments (Schlusmans, 1990). Les différents édifices de la communauté étaient probablement parés de vitraux, mais peu d’entre eux ont été conservés jusqu’à nos jours (Berserik & Caen, 2014, p. 369).

Le peintre verrier n’est pas identifié. Au XVIIe siècle, de nombreux médaillons ovales bordés de filets avec des inscriptions, souvent en latin, sont connus dans différents édifices religieux des provinces de Limbourg et de Brabant (cf. Berserik & Caen, 2014, p. 385-402). Un panneau daté de 1650, de format, de composition et de style similaires, aujourd’hui conservé aux archives de Tongres, pourrait provenir du béguinage Sainte-Catherine (Inv. n° 106, Berserik & Caen, 2014, p. 401). Si le présent médaillon pourrait être issu de la même localisation d'origine, son inscription française interpelle, car le béguinage se trouvait dans la région flamande des Flandres. Dans les archives de la ville, un vitrail héraldique donné par Andoni Malherbe de Ceant et sa compagne Marieoné Jaminé (Jaminet) en 1708 possède également une inscription en français (Berserik & Caen, 2014, p. 373). En l’état, il n’est à ce jour pas possible de définir la localisation d’origine du présent panneau qui pouvait être situé tant dans une région francophone que flamande, voire dans l’enceinte même du béguinage de Tongres.

Le présent panneau a été acquis en 1877 dans la collection de l’architecte et restaurateur genevois Jean-Daniel Blavignac (1817-1876), en même temps que diverses autres verrières (GE_2264, GE_2265, GE_2266 et GE_2267).