Saint Ours de Soleure, aux cheveux blonds ondulés, se tient devant un fond damassé bleu sur un sol carrelé jaune. Vêtu d'une armure complète bleu acier avec des ferrures dorées, il porte un nimbe doré et autour du front un bandeau de zibeline avec un plumet. Il tient dans ses mains son blason et sa bannière avec la croix d'argent en rouge. Armé d'une épée, il se situe sous un arc en plein cintre de style gothique tardif, orné de deux écoinçons jaunes et de feuillages, sur lequel est inscrite la date de 1518.

Bon. Une fente, plombs de casse.

Ce vitrail datant de la fin du XIXe siècle est l’oeuvre du peintre verrier bernois Johann Heinrich Müller. Il fait partie d’un groupe de dix-huit oeuvres réalisé entre 1883 et 1886 pour les ouvertures du tambour de la coupole du Musée Ariana. Gustave Revilliod commande en 1883 pour différentes fenêtres du bâtiment un ensemble plus vaste (vingt six vitraux) au maître verrier, comprenant encore des verrières pour les dormants des deux portes d’entrée et les fenêtres du rez-de-chaussée (Deonna, 1938, p. 2), ces dernières étant aujourd’hui déposées.

Pour le tambour de la coupole, Müller réalise des copies de vitraux héraldiques datant du XVIe siècle (Deonna, 1938, p. 6 ; Sidler, 1890-1892, p. 7 ; Sidler, 1901, p. 72 ; Sidler, 1905, p. 105) provenant pour la moitié de l’église réformée d’Ursenbach dans le canton de Berne, illustrant des saints, soldats et bannerets.
Pour cette verrière consacrée à saint Ours, c’est un panneau original datant de 1518, non pas de Jakob Wyss comme Lehmann (1914, p. 123) le supposait, mais d’auteur inconnu et certainement de production bernoise (Halser, Keller & Sulzer, 2016), offert par le conseil de Soleure et conservé à l'église d'Ursenbach (BE) (BE_695) (Liechti, Heiniger & Holenweg, 1983, p. 59-60), qui a servi de modèle à Johann Heinrich Müller. Sa copie est en tous points identique à l’original, à l’exception de quelques petits détails peu significatifs, notamment le regard du banneret, les ornementations dorées absentes sur les colonnes soutenant l’arc en plein cintre ou encore le socle soutenant les colonnes de l’encadrement architectural disposé sur toute la largeur du vitrail par Müller.

Le Musée Ariana possède dans ses collections un autre vitrail dédié au saint patron de la ville de Soleure (GE_2131) datant du XVIe siècle. Sa Confrontation avec le présent panneau montre de grandes similitudes, notamment dans la position du saint et le représentation du sol, mais plusieurs détails nous confirme que Müller s’est bien basé sur le panneau d’Ursenbach plutôt que sur celui-ci.