Vitrail à deux lancettes avec au centre de chacune d’elle une scène de la vie de la Vierge inscrite dans un losange : à gauche, l’Annonciation et, à droite, la découverte de Jésus à proximité du temple.
A gauche, la Vierge auréolée et portant un long voile blanc est agenouillée, les mains croisées devant elle. A sa droite lui apparaît l’ange Gabriel debout, marchant vers elle. Il montre le ciel de sa main droite et ouvre son bras gauche vers la Vierge.
A droite, Jésus adolescent est debout devant une source, faisant face à ses parents. Les bras ouverts, il montre de sa main gauche le temple situé en arrière-plan, duquel sortent des personnages. La Vierge, les bras le long du corps, le regarde, la bouche ouverte. Derrière elle, Joseph, sa main gauche posée sur l’épaule de son épouse, lève la droite et observe son fils.
Une grande couronne figure au-dessus de chacun des losanges. En dessous est accrochée une chaîne de perles qui tombe de chaque côté. En bas, sous le losange, une croix avec le Christ crucifié est disposée obliquement.
Chaque scène s’inscrit au centre d’une lancette décorative composée de verres de différents types. Quatre cabochons disposés en losange sont placés sous la scène narrative. Chaque lancette est ornée d’une fine bordure orange.
Au sommet du remplage se trouve une lune au-dessus d’une fleur de lys moulée. De chaque côté, dans les mouchettes, sont représentés une tour et un pupitre, inscrits au milieu de motifs géométriques. Plusieurs cabochons sont agencés sur l’ensemble du remplage.

Ce vitrail et son pendant, oeuvre de l’artiste genevois Alexandre Cingria, se situe sur la paroi nord-ouest de la chapelle de semaine de l’église Saints-Pierre-et-Paul d’Orsonnens, construction emblématique de l’architecte du Groupe de Saint-Luc Fernand Dumas. Le mur de la chapelle est percé de deux baies en molasse dont la partie supérieure est composée des remplages de fenêtres gothiques, seuls vestiges de l’ancienne église détruite (Torche-Julmy, Maggetti, James, 2003, p. 57). Cingria y a intégré deux vitraux, réalisés en 1936 en collaboration avec l’atelier Chiara à Lausanne, la même année que sa fenêtre tripartite en dalle de verre du vestibule, imaginée en collaboration avec l’atelier parisien Gaudin.

Ces deux vitraux sont très différents de ceux qu’il réalisera trois ans plus tard pour la nef du sanctuaire d’Orsonnens. Composés pour être vu de près, l’artiste imagine des scènes narratives de taille modeste, insérées au centre d’un décor géométrique imposant qui, par son ampleur, devient le sujet principal de la verrière. Élaborée avec des coloris assez clairs mais très contrastés (pour apporter de la lumière à l’intérieur) et un mélange de verres américains, de verres structurés et divers cabochons, cette ornementation géométrique a été conçue par l’artiste avec rigueur, dans un esprit Art déco teinté de cubisme.

Cingria travaille à cette même époque aux verrières du transept de l’église Saint-Sulpice de Siviriez (par exemple GSL_500) et aux vitraux de la chapelle de la Vierge de l’église Saint-Michel de Sorens (par exemple GSL_330) (Cingria, [1944], p. 11). Bien que forts différentes, les scènes narratives imaginées par Cingria pour ces trois sanctuaires ont un point commun : la clarté du dessin. Cingria s’était souvent vu reprocher le manque de lisibilité de ses verrières, raison pour laquelle Fernand Dumas n’avait pas voulu lui octroyer les verrières de la nef de l’église de Semsales au milieu des années 1920 (Radin, 2011, p. 31-33). Pour l’élaboration des verrières de la chapelle de la Vierge à Sorens, donation de l’architecte Dumas, celui-ci avait exigé une représentation absolument fidèle des sanctuaires mariaux, ce qui n’avait guère plu à Cingria qui ne pouvait laisser libre cours à son imagination. Selon le curé Terrapon, des querelles à ce sujet auraient même éclaté entre eux (Terrapon, 1935, p. 223). Suite à ces expériences, on peut imaginer que Cingria ait souhaité garantir la lisibilité de ses scènes figuratives dans la chapelle de semaine de l’église d’Orsonnens.