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Ce vitrail aux armoiries de la Confédération suisse et son pendant aux armoiries de la République et canton de Genève (GE_2237) font partie d’un ensemble de vingt-six vitraux commandé en 1883 au peintre verrier bernois Johann Heinrich Müller par Gustave Revilliod pour les portes d’entrée, la coupole et les fenêtres de son musée. Müller travaille à cette commande entre 1883 et 1886 (Deonna, 1938, p. 2). *
*Alors que les vitraux pour les fenêtres du rez-de-chaussée ont été déposés, ceux pour la coupole et ces deux verrières pour les fenêtres au-dessus des portes d’entrée sont encore en place aujourd’hui. Composés sur la base d’un même modèle, elles se présentent sur un fond coloré bleu (turquoise et bleu nuit) encadré d’une bordure alternant des motifs végétaux et ornementaux sur fond rouge et vert. Classiques, ces verrières mettent au centre le sujet héraldique de la manière la plus directe, sans décorum inutile.
La locution “Un pour tous, tous pour un” liée aux armoiries de la Confédération s’est imposée parmi les attributs identitaires de l’État naissant, après la formation de l’État fédéral en 1848. Elle est ensuite devenue le slogan d’une subtile présentation de la révision constitutionnelle de 1874. En 1889, la devise fait son entrée dans l’ancienne salle du Conseil des États, dans l’aile ouest du Palais fédéral, où l’on accroche le tableau Mort de Winkelried à Sempach du peintre Konrad Grob. Depuis 1902, sa version latine érigée en raison **d’État trône au-dessus des hommes et femmes politiques du pays, puisqu’elle orne la coupole du Palais fédéral.
Par ce mot d’ordre, le jeune État fédéral encore mal assuré a tenté d’affermir le sentiment collectif national dans la seconde moitié du XIXe siècle. L’objectif était alors de convaincre chacun des cantons qu’il était dans l’intérêt général d’abdiquer une part de souveraineté à l’État fédéral et c’étaient les opposants catholiques et conservateurs qu’il fallait convaincre au premier chef du bien fondé de cet État fédéral libéral.
S’il est vrai que c’est au cours du XIXe siècle que cette devise est devenue populaire, elle est née bien avant. Dans la culture mémorielle, elle a tout d’abord pris forme autour de Winkelried et de sa mort héroïque. En 1386, le sacrifice du héros nidwaldien lors de la bataille de Sempach, que les Confédérés étaient sur le point de perdre, aurait retourné la situation en leur faveur. Il se serait laissé transpercer par une brassée de lances afin d’ouvrir une brèche dans les rangs adverses en prononçant ces paroles : “Je vous ouvre le chemin.” Mourant, il implora ses camarades : “Prenez soin de ma femme et de mes enfants.” Le héros donne sa vie à la communauté : la Confédération. À l’inverse, il est en droit d’attendre de cette même communauté qu’elle veille sur ceux qu’il laisse derrière lui : “Un pour tous, tous pour un” (Hebeisen, 2020).
Datation
1883-1886
Période
1883 – 1886
Date d'entrée
1890
Donateur·trice / Vendeur·euse
Gustave Revilliod, Genève (donateur)
Localisation d'origine
Lieu de production
Propriétaire
Propriétaire précédent·e
Gustave Revilliod, jusqu’en 1890 (Genève) · Provient de la collection de vitraux du Musée d’art et d’histoire de Genève
Numéro d'inventaire
AR 2015-362