Willy Jordan naît à Neuchâtel le 21 janvier 1902 de parents protestants. Après son école secondaire, il part à Fribourg, où, entre 1917 et 1922, il effectue différents travaux en tant que manœuvre, maçon, dessinateur géomètre, charpentier, dessinateur lithographe, employé de bureau et moniteur de gymnastique et de boxe, parallèlement à des études de dessin au Technicum.
Entre 1922 et 1925, il est engagé comme dessinateur lithographe et graphiste par la Société polygraphique de Laupen. En 1926, habitant Lausanne, il travaille deux ans comme peintre décorateur dans les établissements de décor et publicité Idea SA, sise dans le chef-lieu vaudois. En 1928, il expose au Salon national des beaux-arts de Zurich et est admis à la section fribourgeoise de la SPSAS (Société des peintres, sculpteurs, architectes suisses). En 1927, il présente l’affiche réalisée pour le tir cantonal de Romont à Anvers, à l’exposition internationale de l’affiche. C’est aussi l’année où il noue les premiers contacts avec l’architecte Fernand Dumas et les artistes Gino Severini et Alexandre Cingria, tous membres du Groupe de Saint-Luc (Jordan, 1958, p. 1). En 1928, il part à Paris durant trois ans où il travaille comme dessinateur en publicité pour les agences Dorland puis Havas. En 1931, de retour à Lausanne, il est engagé comme dessinateur lithographe et graphiste à la Lithographie Marsens SA et devient membre actif de L’Œuvre, Association suisse romande de l’art et de l’industrie. Déménageant une nouvelle fois à Fribourg, il réalise les décors ainsi qu’un vitrail pour le Tir fédéral.

Durant la seconde partie des années 1930, il collabore fréquemment avec le Groupe de Saint-Luc et son architecte Fernand Dumas, suite au gain de plusieurs concours. En 1935, lauréat du premier prix pour la décoration de l’église de Sorens, il y conçoit la décoration générale et la marqueterie monumentale du retable du chœur et de la chaire. En 1936, vainqueur du concours pour la décoration de l’église d’Orsonnens, il réalise différents travaux de décoration ainsi que des vitraux et collabore à ceux de Cingria pour la nef (Jordan, 1958, p. 6). Il travaille sur un nouveau chantier de Dumas à l’église de Mézières puis en 1938, à Bussy, où il est le principal décorateur (Jordan, 1958, p. 2, 5).
Durant ces mêmes années, il crée la section fribourgeoise de L’Œuvre et organise sa première exposition. En 1937, il participe à l’exposition internationale de Paris, et présente au Pavillon suisse des affiches pour les entreprises Henniez et Winckler. En 1939, il prend part à l’Exposition Nationale de Zurich et y organise la participation fribourgeoise dans la section logement. En 1940, il gagne le premier prix, section affiche, à la foire de Bâle. Cette même année, il est nommé à l’École cantonale des Arts et Métiers de Vevey en tant que maître principal pour l’enseignement du dessin, de la peinture, de la décoration et de la publicité. Habitant Vevey durant près de vingt ans, il se consacre principalement à la création d’affiches publicitaires et de propagande politique. En 1948 et 1953, il réalise deux vitraux pour l’église de Promasens. Il fait également des décorations de bâtiment, à l'instar des façades intérieure et extérieure de l’hôtel du Soleil à Vevey, ou celle de l’avant-toit de la maison au numéro 6 de la Grand-Rue à Fribourg. Durant ces années, il devient expert cantonal et fédéral pour la profession de graphiste et de décorateur-étalagiste (Jordan, 1958, p. 3). Il donne également des cours de préparation à la maîtrise fédérale pour peintres en bâtiment, décorateurs et graphistes (Jordan, 1958, p. 4).
Artiste polyvalent, il crée durant sa carrière également des drapeaux pour différentes sociétés de tir et d’étudiants et imagine des médailles pour le Tir cantonal de Romont et le Tir fédéral de Fribourg (Jordan, 1958, p. 6). Il meurt à Vevey en 1971.