Les origines de l’atelier Lobin remontent à 1848, lorsque Julien-Léopold Lobin (1814-1864) prend la responsabilité de la Manufacture de vitraux peints de Tours, créée un an plus tôt sous l’impulsion de l’abbé Plailly et dirigée par Jean Marchand. Formé comme peintre d’histoire à Paris dans l’atelier de Charles Steuben et comme élève de Proud’hon, ainsi qu’en Italie, Lobin abandonne sa carrière de peintre pour se consacrer à son atelier, où il est en charge de la réalisation des cartons de vitraux. Sous son impulsion, l’entreprise connaît un succès fulgurant, et passe de 51 employés en 1855 contre une centaine vingt ans plus tard (Sauterel, 2008, p. 67-68), nécessitant l’agrandissement des locaux dès 1859 (L’atelier Lobin : l’art du vitrail en Touraine, 1994, p. 37). L’atelier s’illustre aussi bien dans le domaine de la création que de la restauration de vitraux religieux (verrières du choeur de la cathédrale de Tours), mais aussi profanes (vitraux de l’hôtel Gatien de Clocheville à Tours) (L’atelier Lobin : l’art du vitrail en Touraine, 1994, p. 5). A la mort de Julien-Léopold, en 1864, c’est son fils, Lucien-Léopold (1837-1892), qui reprend l’entreprise, après s’être formé au sein même de l’atelier paternel ainsi qu’en Italie, et auprès d’Hippolyte Flandrin. Comme son père, il veille à développer le secteur du vitrail civil faisant l’objet d’une demande particulière dans les maisons bourgeoises des nouveaux quartiers et les propriétés environnantes. Lucien-Léopold dirige l’entreprise jusqu’à sa mort, en 1892. C’est son beau-frère, Joseph-Prosper Florence, formé auprès d’Alexandre Cabanel et employé de l’atelier depuis 1874, qui lui succède. Cette succession se fait d’abord aux côtés des deux fils de Lucien-Léopold, Lucien et Etienne, qui créent ensemble en 1892 une nouvelle société „Lobin et Florence“ qui aurait dû être dirigée conjointement par Etienne et Florence. Mais l’association tourne court et c’est Florence seul qui garde les rênes de l’atelier, dont les activités sont en baisse et qui connaît des problèmes financiers. Après plusieurs changements de noms traduisant la difficulté de Florence à remonter l’affaire, ce dernier décide de sa fermeture en 1904 (L’atelier Lobin : l’art du vitrail en Touraine, 1994, p. 38-45).
L’histoire des Lobin demeure un exemple intéressant de l’expansion d’un atelier de vitrail durant la seconde moitié du XIXe siècle, ayant réalisé des verrières dans une grande partie de la France, en Angleterre, en Espagne, en Suisse et même au Brésil. Selon lParmi ses plus importantes réalisations, on peut citer les vitraux de la cathédrale d’Orléans, de Saint-Etienne de Tours, de la cathédrale Saint-Louis de Blois, de l’église Saint-Etienne de Chinon (L’atelier Lobin : l’art du vitrail en Touraine, 1994, p. 88-95), et de l'église Saint-Jean-Baptiste de l'Arbresle (Roussat, s.d.). En Suisse, on lui doit une série de vitraux à la basilique Notre-Dame de Genève, réalisée entre 1866 et 1871 (Sauterel, p. 67-69).
Sauterel, V. (2008). Les vitraux genevois entre 1830 et 1900. Dans L. Borel (dir.), Emotion(s) en lumière : le vitrail à Genève (p. 52-94). Genève, Suisse : APAS Association pour la promotion de l'art sacré : La Baconnière Arts.
L’atelier Lobin : l’art du vitrail en Touraine. (1994). Chambray-les-Tours, France : Ed. C.L.D.
Lhuillier, L. (1892-1894). La famille Lobin et la peinture sur verre en Touraine. Bulletin de la Société archéologique de Touraine (tome IX), 97-110. Repéré à https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774285n/f103.item
Roussat, M. (s.d.). Lucien Léopold Lobin, un passeur, de lumière à l'Arbresle. Repéré le 24 mai 2016 sur le site Les amis du vieil Arbresle : http://www.amis-arbresle.com/article.php?id_article=132