En bas au centre, de part et d’autre d’un cartouche couronné d’une tête d’homme barbu, figurent les armoiries de la corporation des tireurs de Schaffhouse et de la ville Schaffhouse, présentées en pyramide et surmontées d’une couronne. A gauche en pied, se tient un mousquetaire, son arme posée sur son épaule alors qu’à droite un second soldat tient son mousquet devant lui, la crosse posée au sol. Le premier, coiffé d’un petit chapeau à plumes est vêtu de rouge et de blanc, le second portant une cote de maille, a sa tête couverte d’un casque à plumes. Ces deux membres de la corporation portent à leur ceinture une épée. L’encadrement architectural est composé de piliers sculptés ornés de différentes figures en haut-relief (musiciens et soldats), des guirlandes de feuilles et de fruits tombant au centre de l’entablement, au-dessous d’un ange musicien. Au-dessus, une scène illustre des mousquetaires s’entraînant à tirer sur des cibles disposées contre des murs de briques, alors que d’autres vaquent à diverses occupations.

Bon. Vitrail pourvu d’un cadre de bois avec deux anneaux d’accrochage en métal vissés dans les angles supérieurs du cadre (tranche), une lacune et quelques fentes. Restauration en 2022 par l’atelier Pinto (plomb de casse).

Ce vitrail de corporation, datant de la fin du XIXe siècle, a été réalisé par le verrier munichois Otto Lehmann et acheté directement auprès de l’atelier munichois en 1891 par le Musée des arts décoratifs de Genève.

Deux oeuvres de la main de Daniel Lindtmayer le Jeune présentant la corporation des tireurs de Schaffhouse semblent avoir été à la base du vitrail du verrier munichois. Le premier est un dessin datant de 1573, aujourd’hui au musée historique de Berne (dépôt de la Fondation Gottfried Keller, inv. 34594) et le second est un vitrail réalisé deux ans plus tard, acheté par le Musée Allerheiligen de Schaffhouse en 1996 (Hasler, 2010, p. 213-214).
La confrontation du dessin et du panneau avec le vitrail de Lehmann nous permet de dire que celui-ci a pris comme modèle le carton. La date commune de 1573 d’ailleurs le confirme. Il en a fait une copie à l’identique, allant jusqu’à recopier dans le cartouche le monogramme de Daniel Lindtmayer, signature d’ailleurs absente sur le panneau de 1575. Une différence apparaît néanmoins, la disposition du bélier sur les armoiries de Schaffhouse. Alors que l’animal se tourne vers la droite sur le dessin, il est dans la position inverse sur le panneau, qui est sa posture correcte.

La comparaison des deux vitraux dévoile plusieurs différences. Bien que la composition générale soit identique, plusieurs détails d’importance dont les arrière-plans architecturaux, l’entablement et les ornements végétaux ainsi que les coiffes des deux tireurs divergent. Il en va de même avec la scène d’entraînement figurant dans les écoinçons, où plusieurs éléments diffèrent comme le couple assis devant l’arbre. Les coloris choisis par Lehmann sont eux aussi très différents des teintes composant le vitrail de Lindtmayer. Il intervertit les couleurs des vêtements des deux tireurs (vert et rouge) et leur adjoint du blanc, et imagine un fond damassé bleu alors que celui-ci était transparent sur le vitrail de Lindtmayer. Ces différences importantes nous amènent à émettre un doute sur la connaissance du vitrail de Lindtmayer par Lehmann.