Ce vitrail datant de la fin du XIXe siècle est l’oeuvre du peintre verrier bernois Johann Heinrich Müller. Il fait partie d’un groupe de dix-huit oeuvres réalisé entre 1883 et 1886 pour les ouvertures du tambour de la coupole du Musée Ariana. Gustave Revilliod commande en 1883 pour différentes fenêtres du bâtiment un ensemble plus vaste (vingt six vitraux) au maître verrier, comprenant encore des verrières pour les dormants des deux portes d’entrée et les fenêtres du rez-de-chaussée (Deonna, 1938, p. 2), ces dernières étant aujourd’hui déposées.
Pour le tambour de la coupole, Müller réalise des copies de vitraux héraldiques datant du XVIe siècle (Deonna, 1938, p. 6 ; Sidler, 1890-1892, p. 7 ; Sidler, 1901, p. 72 ; Sidler, 1905, p. 105) provenant pour la moitié de l’église réformée d’Ursenbach dans le canton de Berne, illustrant des saints, soldats et bannerets.
Pour cette verrière aux armes de la ville de Liesthal ou de l'évêque bâlois Christoph von Utenheim, un panneau original datant vers 1523, non pas du peintre verrier bernois Jakob Stächeli comme Lehmann (1914, p. 148-150) le supposait, mais d’auteur inconnu et certainement de production bernoise (Halser, Keller & Sulzer, 2016), conservé à l'église réformée d'Ursenbach (BE) (BE_702) (Liechti, Heiniger & Holenweg, 1983, p. 56-58), a servi de modèle à Johann Heinrich Müller. Leur confrontation révèle la présence de quelques différences importantes comme le traitement de l’eau dans laquelle se tient saint Christophe. Müller fait preuve de ses qualités de peintre, en dessinant en transparence les pieds du saint figurés sous l’eau. Il a également défini un sol herbeux où se tient l’évêque, alors que sur le vitrail du XVIe siècle celui-ci est gris-bleuté, comme le plan d’eau. Par contre, Müller a choisi des motifs moins fins pour le fond damassé bleu que sur l’oeuvre originale.
Sur le vitrail original, et donc également sur cette copie, “il n'est pas possible de déterminer avec certitude si les armoiries se rapportent à la ville de Liestal ou à l'évêque bâlois Christoph von Utenheim (vers 1450-1527). La base du blason rouge sur le vitrail original, est un remplacement ultérieur à la création du vitrail, et donc suscite quelques interrogations. Si ce dernier a été correctement complété, les armoiries devraient alors se référer à la ville de Liestal, dont les anciennes armoiries montrent sur les sceaux de 1407 et 1569 la crosse qui s'élève de la moitié inférieure de l'écu. Dans les armoiries de l'évêché de Bâle, en revanche, la crosse a toujours été suspendue, c'est-à-dire qu'elle n'a jamais été posée sur la base de l'écu. Il ne peut donc s'agir d'une fondation de l'évêché de Bâle que si les armoiries sont mal complétées. Comme le fait remarquer Berchtold Weber à juste titre, une donation de l'évêque bâlois Christoph von Utenheim est bien plus probable pour l'église d'Ursenbach qu'une donation de Liestal, d'autant plus que le vitrail héraldique représente le patronyme de ce dernier. En raison de la présence de cette base rouge de l'écu, il faut néanmoins considérer la ville de Liestal comme un donateur possible (communication de Berchtold Weber à Berne, 15.10.2014)” (Hasler, Keller & Sulser, 2016).