L’inscription à l’orthographe est imprécise, permet d’identifier la jeune femme représentée comme étant la dryade de la mythologie grecque Eurydice. Au milieu du XVIe siècle, les thèmes issus de l’Antiquité sont très appréciés (Hasler, 2002, p. 178) et remplacent souvent les sujets religieux.
L’ancien inventaire stipulait que le vitrail provenait “du Temple de la Madeleine par Foulquier vitrier il y a environ 60 ans”, ce qui a incité à croire que le verrier genevois Jean-Ami Foulquier (1754-1840) en était l’auteur (Deonna, 1929, p. 336-337). Cependant, le vitrail étant d’une exécution largement antérieure à ce verrier, Lapaire (2008, p. 29, note 75) suggère avec raison que Foulquier a plutôt joué le rôle de donateur du vitrail au musée. De ce fait, la datation estimée au dernier quart du XVIIIe siècle doit être abandonnée au profit d’une datation antérieure. Considérant les autres vitraux monolithes translucides retrouvés à l’Auditoire à Genève, Lapaire (2008, p. 29) propose une datation aux alentours de 1540.
Tout comme la paire de médaillons représentant les portraits antiquisants d’un couple (GE_2300), provenant du temple de l’Auditoire à Genève, le style de cette peinture sur verre se rapproche de l’esthétique de Fontainebleau, ce qui l’inscrit dans le paysage humaniste de la Renaissance (Lapaire, 2008, p. 29). Selon Lapaire (2008, p. 29), la finesse d’exécution de ce panneau pourrait être de la main d’un “grand maître” non identifié.
Quoique de facture et de style différents, six portraits en buste d’hommes et de femmes peints à la grisaille et au jaune d’argent sur des médaillons monolithes de petit format possèdent des similitudes avec le présent médaillon. Attribuée au peintre verrier zurichois Carl von Egeri (1510/1515-1562) connu pour avoir réalisé une autre série de bustes à l’antique, la série est aujourd’hui insérée dans le remplage d’une fenêtre de l’aile ouest du cloître du monastère de Muri (Hasler, 2002, p. 178-179, West VI). Tous portent des costumes de théâtre de la Renaissance, inspirés de la Rome antique (Hasler, 2002, 178). Selon Hasler (2002, p. 178, fig. 40), ces médaillons ont à l’origine été conçus par paire, afin de former des couples, disposés de manière à se regarder l’un l’autre. Dès lors, comme l’a suggéré Lapaire (2008, p. 29), il est tout à fait possible que ce médaillon ait à l’origine eu un pendant représentant Orphée.
Ce panneau provient du temple de la Madeleine à Genève. Avant la Réforme, l’église compte de nombreux biens répartis dans plus de vingt-cinq chapelles. Suite à la Réforme, l’église devient un temple et ses possessions disparaissent, à l’exception d’une unique chaire (Bonnet, Breitmeyer, Genequand & Wyler, 1992, p. 17-18). Après avoir bénéficié d’aménagements permettant l’accueil de tous les fidèles, les galeries et leurs fenêtres sont réaménagées en 1846 afin d’apporter plus de lumière naturelle (Bonnet et al., 1992, p. 21). La donation par le verrier Foulquier avant 1840 indique que c’était en vue de ces travaux que le panneau a été retiré de l’édifice.
Cité dans :
Deonna, 1925, p. 336-337, n° 9.
Deonna, 1951, p. 96, note 4.
Lapaire, 2008, p. 29, n° 29.