Cette verrière géométrique a été réalisée en 1934-1935 par l’atelier Chiara de Lausanne pour orner le choeur de la nouvelle église d’Ependes.

Son architecte, Albert Cuony, membre du Groupe romand de Saint-Luc, la conçoit dans l’esprit des grandes constructions rattachées à l’influence de cette Société artistique catholique, en laissant une grande place à la décoration réalisée en collaboration avec différents artistes. Ce vitrail, ainsi que celui qui lui fait pendant, a été conçu pour apporter une lumière chaude dans le choeur et habiller le chevet d’apparence très sobre imaginé par Cuony, dont le décor était à l’origine constitué d’une simple croix et de bordures peintes soulignant les lignes de l’architecture. Comme l’illustre cette citation de Frédéric de Diesbach lors de la consécration de l’édifice en 1935 : “[...] les grandes verrières, composées de tons rouges et orangés donnent à l’autel qu’elles illuminent une lumière bien fulgurante” (Diesbach, 1936, p. 120). Les teintes des verrières étaient alors en harmonie avec la polychromie originelle de l’édifice, gris-clair dans la nef, bleu dans les bas-côtés et rose dans le choeur (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 64), recouverte lors de la rénovation des années 1980 (Service des Biens culturels, 2007). Simples en apparence, elles révèlent une grande subtilité dans le choix des verres et dans la manière dont ceux-ci ont été disposés, créant un dégradé ascendant des teintes les plus claires aux plus foncées.

En novembre 1934, l’entreprise fribourgeoise de vitrerie Zosso-Sauterel soumet une offre à la paroisse pour les vitraux du choeur ainsi que la vitrerie pour l’ensemble des autres fenêtres de l’église. Manquant de verre antique, elle demande à la maison lausannoise Chiara une offre pour ce matériau (Zosso-Sauterel, 1935). Au final, c’est Chiara qui est payé par la paroisse pour ces vitraux (Cuony, [1937]).
Il est possible que l’artiste Alexandre Cingria ait joué un rôle dans la conception artistique de ces verrières ornementales, lui qui collabore étroitement avec Chiara depuis la fin des années 1920, et qui réalise à Ependes une série de vitraux pour les fenêtres hautes et basses de la nef. Bien que rares dans la production de l’artiste, ce genre de verrières géométriques jalonnent néanmoins de temps en temps son parcours artistique depuis le milieu des années 1920. Lorsqu’il imagine en 1926 les verrières de la nef d’Echarlens, deux d’entre elles, plus petites (GSL_135, GSL_142), sont purement géométriques. En 1939, il crée des verrières ornementales pour les fenêtres du choeur de l’église de Mézières (GSL_425 et GSL_428) (Cingria, 1939), expérience qu’il réitère dans le choeur de l’église du Collège Saint-Michel lors de sa restauration en 1942 (Lauper, 2012, p. 62).