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Un peu moins de dix ans avant que Yoki (Émile Aebischer) ne soit appelé comme conseiller artistique pour la restauration intérieure de l’église Saint-Pierre-aux-Liens de Mézières, l’artiste fribourgeois est mandaté pour créer une nouvelle verrière pour la rose de la tribune. Elle était auparavant habillée d’une simple vitrerie colorée en verre cathédrale, posée par l’atelier Kirsch et Fleckner en 1939.
Cette dernière avait rapidement fait l’objet de critiques, en particulier de l’artiste Alexandre Cingria, auteur des vitraux latéraux du choeur, qui pensait qu’elle était en total désaccord avec la peinture sous verre du choeur, avis partagé selon lui par son auteur, l’artiste Emilio-Maria Beretta et l’architecte de l’église, Fernand Dumas (Cingria, s.d.). Cingria souhaitait la remplacer par un vitrail avec une Vierge à l’Enfant, mais la paroisse, tout en reconnaissant que la peinture sous verre souffrait des reflets dû à une trop forte arrivée lumineuse depuis la rose (Perroud, 1942b), refuse son offre, préférant faire exécuter d’autres travaux, notamment les sculptures de l’entrée et les petits autels (Perroud, 1942a).
Trente ans plus tard, la paroisse entame des démarches pour remplacer cette vitrerie en mauvais état, plusieurs morceaux étant déjà tombés et d’autres menaçant de le faire (Bulletin paroissial de Mézières, 1968). C’est grâce à de nombreux dons que cette verrière abstraite, la première dans l’église, voit le jour pour marquer les trente ans de l’église. Yoki opte pour la technique de la dalle de verre et réalise cette oeuvre en collaboration avec le maître verrier Michel Eltschinger, qui vient de s’installer à son compte après avoir travaillé plus de dix pour Herbert Fleckner. Habitué à travailler la dalle de verre depuis ses débuts dans le métier en 1953, il avait apprivoisé cette technique difficile à force d’essais, de réflexions et d’expérience. Il en réalisera de nombreuses en collaboration avec Yoki (M. Eltschinger, communication personnelle, 21 mars 2021).
Pour ce vitrail, l’artiste fribourgeois a harmonisé les couleurs (jaune, bleu, gris et ocre) avec celles qui figurent sur la grande peinture sous verre de Beretta dans le choeur. Ce choix permet d’atténuer le problème des reflets qui perturbaient depuis sa création cette monumentale oeuvre réfléchissante comme un miroir (Bulletin paroissial de Mézières, 1969). Pour cette même raison, l’artiste et la paroisse renoncent à y faire figurer un personnage ou des motifs décoratifs (Bulletin paroissial de Mézières, 1969). Composée principalement de teintes froides (différents bleus et violets), l’oeuvre est rehaussée de touches chaudes (jaune moutarde, jaune citron, rouge-violet-ocre), apportant lumière et équilibre à la composition. Principalement composée de dalles de verre d’assez grandes dimensions, cette rose est complétée par des assemblages de fragments plus petits, offrant un certain dynamisme à l’ensemble de la composition, alors que des joints de béton plus larges amènent force et stabilité au vitrail.
Datation
1969
Propriétaire
Paroisse de Notre-Dame de l’Épine, Mézières