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GSL_221: Saint Matthias (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : il est choisi pour remplacer Judas dans le Collège apostolique, préservé du poison qui devait l’aveugler, il guérit à son tour les aveugles de Macédoine, le Christ lui apparaît et le délivre de ses liens, sa lapidation et décapitation)
(FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_221)

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Titre

Saint Matthias (quatre épisodes de sa vie de haut en bas : il est choisi pour remplacer Judas dans le Collège apostolique, préservé du poison qui devait l’aveugler, il guérit à son tour les aveugles de Macédoine, le Christ lui apparaît et le délivre de ses liens, sa lapidation et décapitation)

Type d'objet
Artiste
Atelier
Datation
1945
Dimensions
630 x 104.5 cm

Iconographie

Description

Ce vitrail se compose de quatre scènes relatant différents épisodes de la vie de saint Matthias, avec, de haut en bas :
Matthias est choisi pour remplacer Judas dans le Collège apostolique : debout au centre, les traits juvéniles, Matthias se tient les mains croisées, et regarde vers Pierre portant une barbe blanche, debout à sa droite qui le tient par le bras et le choisit. Un autre apôtre est debout à sa gauche et le regarde.
Préservé du poison qui devait l’aveugler, Matthias guérit à son tour les aveugles de Macédoine : Matthias, debout au centre, appose ses mains au-dessus des yeux clos d’un homme agenouillé devant lui, les mains jointes. A gauche derrière le saint, un homme, les yeux également fermés, tient une canne dans ses mains alors qu’à droite un autre se penche vers les deux protagonistes, un chien à ses pieds tenu en laisse.
Le Christ apparaît à Matthias et le délivre de ses liens : le Christ, au centre, détache la corde qui noue les deux bras derrière le dos de Matthias, sous le regard d’un homme tenant une canne, debout à leurs côtés.
La lapidation et décapitation de Matthias : agenouillé au centre, les bras écartés à hauteur de sa tête, Matthias est sur le point d’être décapité par un soldat se tenant debout derrière lui, une hache au-dessus de la tête, sous le regard d’un cavalier sur sa monture levant la main gauche. A l’arrière-plan à gauche, une femme porte ses mains à son visage en regardant la scène.
En bas à droite figurent les armoiries du canton de Fribourg.

Code Iconclass
73F2113 · le sort tombe sur Matthias ~ le remplacement de Judas
73F342 · miracles de Matthias
73F343 · Matthias en prison est libéré par Jésus-Christ
73F3441 · Matthias est lapidé et décapité
Mot-clés Iconclass
Héraldique

Armoiries du canton de Fribourg (en bas à droite)

Inscription

S. MATHIAS (en bas)

Signature

[A] Kirsch & Co / [Pe]intres-Verriers / Fribourg (en bas à droite)

Technique / Etat

Technique

Vitrail au plomb, grisaille

Historique de l'oeuvre

Recherche

L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).

Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice. Mais dès le début, la collaboration avec la paroisse est difficile, et celle-ci cherche à limiter son mandat. Severini aurait voulu que ce soit Alexandre Cingria qui réalise les vitraux, mais les maquettes pour la mosaïque du retable de la chapelle du Christ-Roi que ce dernier présente en 1932 déplaisent (Rudaz, 2008b, p. 41). La paroisse confie donc le grand cycle des verrières de la nef à l’artiste fribourgeois Jean-Edouard de Castella, qui s’était spontanément proposé (Corpataux, Jordan, 1938). Le Conseil de paroisse invoque le manque de ressources et la promesse de dons liés au choix d’un artiste local. Fin 1938, l’artiste avait proposé, avec l’atelier Kirsch et Fleckner, d’offrir un vitrail (Castella et Kirsch, 1938), alors qu’un second le serait par sa parenté (Castella, 1938b). Le Fribourgeois Gaston Thévoz avait souhaité envoyer à la paroisse des croquis et un devis pour ces fenêtres et avait également proposé de donner un vitrail (Thévoz, 1938), mais son offre arrivait trop tard. Severini, qui déplore le choix de Castella, avec lequel il avait déjà dû collaborer à Semsales et dont il n’avait pas hésité à critiquer les qualités artistiques, le qualifiant de “peintre médiocre” (Radin, 2011, p. 32-33), demande à ce que seuls les deux vitraux offerts lui soient confiés et qu’ils soient placés dans la tribune où ils seront moins visibles (Severini, 1939). Mais la paroisse a déjà donné son accord à Castella, qui profite de la guerre et de l’absence de Severini pour concrétiser la réalisation de l’ensemble des verrières (Rudaz, 2008b, p. 39-42).
L’artiste réalise les vitraux en quatre étapes, de 1941 à 1945, qui dépendent des dons reçus par la paroisse. La dépense totale des vitraux se monte à 40’000 francs, couverte par différents bienfaiteurs (personnalités et familles locales), dont les armoiries se retrouvent au bas des vitraux (Arnaud et Pajor, 2008, p. 59-61).

Bien que le programme iconographique n’ait pas fait l’objet de discussions approfondies entre le Conseil de paroisse et l’artiste, chacune des seize verrières de la nef, comme l’avait suggéré Castella dès le début du projet (Corpataux, Jordan, 1938), illustre la vie d’un apôtre ou d’un évangéliste, en quatre épisodes tirés des Actes des apôtres et de la Légende dorée. Castella choisit pour ces scènes narratives une représentation superposée à lecture descendante, sans bordure décorative, dépeignant des silhouettes sur un fond coloré. Dès ses premiers dessins, Castella n’hésite pas à se détourner des teintes convenues pour les chairs, celles-ci étant, comme tout détail de son dessin, au service de la physionomie colorée de l’ensemble.
Au début du travail de Castella, il est question que huit sujets figurent sur chaque verrière (Castella, 1938a), avant de finalement opter pour quatre scènes suivant l’avis de Mgr Besson et Severini (Castella, 1940a). Ce choix permet d’assurer “la visibilité des scènes” (Castella, 1940b), l’artiste étant conscient très tôt que pour que celle-ci soit bonne, il lui faut créer “des formes bien explicites” (Castella, 1938a). Il soumet ses premiers croquis à Mgr Besson (Castella, 1939) et selon contrat, également à Severini et à l’architecte Dumas pour approbation (Corpataux, 1939). La sélection des couleurs est aussi essentielle. Severini lui conseille d’utiliser des tonalités chaudes pour les coloris dominants, mais bien contrastées avec les teintes froides pour donner une atmosphère de calme et de stabilité dans toute l’église (Severini, 1940). Castella suit son avis et conçoit ses vitraux en alternance, un vitrail aux teintes à dominante chaude étant suivi d’une verrière aux coloris plus froids (Castella, 1940c).

Ce vitrail consacré à saint Matthias fait partie de la quatrième et dernière phase de réalisation en 1945. Les archives nous apprennent peu de choses sur cette ultime étape. En janvier 1946, après la pose des quatre verrières, le conseil de paroisse, par l’intermédiaire de son président, Joseph Jordan, envoie un courrier de remerciement à Castella et lui adresse “toute son admiration pour la magnifique oeuvre entreprise en 1939 et menée à chef avec un réel talent”. Il ajoute que “c’est vraisemblablement la plus belle et la plus importante de toute [sa] carrière artistique”. Il lui témoigne sa profonde reconnaissance pour “le soin minutieux pris à la préparation des cartons et à leur exécution, d’entente avec la maison Kirsch” (Jordan, 1946). L’article paru dans le quotidien fribourgeois La Liberté va dans le même sens, en soulignant que “l’église, grâce à de généreux donateurs, grâce aussi au zèle de M. le chanoine Zurkinden, a le privilège de posséder seize vitraux remarquables, dont elle peut être fière à juste titre et qui font le plus grand honneur au peintre-verrier Castella”. L’article loue la “science de l’équilibre” des scènes représentées, la “juste appréciation des valeurs”, et le “goût sans défaillance, qui assurent à l’artiste une place au premier rang des peintres-verriers de la Suisse” (R., 1945).

Le fonds graphique de l’atelier Kirsch & Fleckner, conservé au Vitrocentre Romont, comprend quatre cartons définitifs pour cette fenêtre (KF_1142 ; KF_1149 ; KF_1150 et KF_1443). Contrairement à d’autres projets définitifs pour ce cycle verrier, aucun n’est en couleur, seules quelques nuances de gris apparaissent sur certains détails, visages et mains des saints, indiquant les tonalités froides souhaitées par l’artiste. Celui-ci mentionne également les codes couleur pour chaque future pièce de verre, indiquant parfois les nuances de teintes souhaitées, permettant au verrier de connaître avec précision ses choix de coloris.

Cette réalisation à Saint-Pierre marque, avec le cycle de la chapelle Notre-Dame de la Paix à l’église Sainte-Thérèse de Genève (GE_84.22 ; GE_84.23 ; GE_84.24 ; GE_84.25 ; GE_84.26 ; GE_84.27 ; GE_84.28), exécuté en 1946-1947, l’apogée de la carrière du peintre-verrier fribourgeois. C’est non seulement l’une de ses réalisations les plus considérables du point de vue du nombre de verrières, mais c’est aussi un cycle verrier abouti, Castella ayant su allier avec beaucoup de finesse un trait fin, souvent réduit à l’essentiel, à un coloris très subtil où les teintes se juxtaposent dans une variation infinie de tons tout en proposant des contrastes forts permettant une mise en lumière des éléments essentiels de chaque scène. En 1949, l’artiste part à nouveau pour l’Australie et organise à cette occasion une exposition d’adieu dans son atelier fribourgeois. Il ne reviendra en Suisse qu’en 1962, quatre ans seulement avant son décès (Arnaud et Pajor, 2008, p. 56-57).

Datation
1945
Propriétaire

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Bibliographie et sources

Bibliographie

Arnaud, F. et Pajor, F. (2008). Couleurs et lumières, de Melbourne à Fribourg. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 54-62.

Castella, J.-E. (1938a, 8 octobre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1938b, 1er décembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1939, 15 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940a, 5 janvier). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940b, 6 janvier). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Georges Corpataux et aux Conseillers de paroisse]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. (1940c, 14 décembre). [Lettre au chanoine Zurkinden]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Castella, J.-E. et Kirsch, V. (1938, 30 novembre). [Lettre à Georges Corpataux]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. (1939, 27 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Corpataux, G. et Jordan, J. (1938, 12 octobre). Rectorat de St-Pierre. Procès-verbaux. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Jordan, J. (1946, 26 janvier). [Lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Lauper, A. (2012). Gambach. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4b, p. 76-80). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.

Lauper, A. (2008a). La leçon de Romont. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 10-22.

Lauper, A. (2008b). Une architecture simple et forte. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 23-29.

R., A. (1945, 1er octobre). Les vitraux de Saint-Pierre. La Liberté, 8. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19451001-01.2.41

Radin, G. (2011). Correspondance Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki.

Rudaz, P. (2008a). Un concours de circonstance pour un décor haut en couleur. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 30-37.

Rudaz, P. (2008b). Un grand peintre trop encombrant ?. L’église Saint-Pierre à Fribourg (Patrimoine fribourgeois), (18), 38-43.

Sauterel, V. et Noverraz, C. (2020). Vitrail de la première moitié du XXe siècle : la couleur triomphante. Dans F. Giese (dir.), La redécouverte de la couleur [catalogue d'exposition] (p. 101-114). Berlin / Boston : Walter de Gruyter.

Schöpfer, H. (1994). Fribourg : Eglise paroissiale de Saint-Pierre. Inventaire du patrimoine religieux (IPR) [document inédit].

Severini, G. (1939, 19 août). [Lettre à Fernand Dumas]. Correspondance Severini-Dumas. Archives du Musée Charmey, Charmey.

Severini, G. (1940, 28 avril). [Copie d’un extrait de lettre à Jean-Edouard de Castella]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Thévoz, G. (1938, 28 novembre). [Lettre au Conseil paroissial de Saint-Pierre]. Archives de la paroisse Saint-Pierre, Fribourg.

Voragine, J. de (1902). Saint Matthias. Dans La Légende dorée (traduit par J.-B. M. Roze, vol. 1, p. 320-322). Paris, France : Edouard Roueyre. https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/voragine/index.htm

Waeber, L. et Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.

Informations sur l'image

Nom de l'image
FR_Fribourg_EgliseSaintPierre_GSL_221
Crédits photographiques
© Vitrocentre Romont (Photo : Cyrille Girardet)
Date de la photographie
2023
Copyright
© Ayants droit
Propriétaire

Paroisse catholique Saint-Pierre, Fribourg

Inventaire

Numéro de référence
GSL_221
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2024

Objets et images liés

Objets liés
Saint Matthias est choisi pour représenter Judas dans le Collège apostolique (première scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)
Décapitation de saint Matthias (quatrième scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)
Saint Matthias guérissant un aveugle (deuxième scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)
Délivrance de saint Matthias par le Christ (troisième scène depuis le haut du vitrail de saint Matthias)