Nom

Cappella del Castello di Issogne

Adresse
Piazza Castello
11020 Issogne (La PLace)
Hiérarchie géographique
Coordonnées (WGS 84)
Auteur·e et date de la notice
Aude Spicher 2024
Informations sur le bâtiment / l'institution

Le château d'Issogne, situé dans la Vallée d'Aoste en Italie, est attesté dès le XIIe siècle comme "domus episcopalis" (Barberi & Boccalatte 2016, p. 92). C'est durant le dernier quart du XVe siècle que le prieur Georges de Challant-Varey (vers 1435-1509) fait construire de nouveaux bâtiments afin de relier ceux déjà existants, donnant au château sa forme de fer à cheval actuelle (Barberi & Boccalatte 2016, p. 92-93). Les armoiries de la branche de Challant-Varey qui apparaissent en divers endroits du manoir indiquent le rôle fondamental de commanditaire joué par Georges de Challant dans la rénovation et la décoration du bâtiment (La Ferla, 2006, p. 425). Devenu tuteur des enfants de son cousin Louis de Challant, à la suite de son décès prématuré en 1489, c'est à ce titre qu'il entreprend dès 1490 ces travaux, afin de faire de la demeure un lieu agréable et utile à l'instruction de ses protégés.
Parmi les nombreuses constructions de cette époque se trouve la chapelle du château. Située dans l'aile orientale, il s'agit d'une pièce étroite tout en longueur, divisée en cinq travées par une série de voûtes d'arêtes. Quatre baies divisées en quatre carreaux éclairent la pièce. Le programme décoratif de la chapelle (fresques, polyptyque, mobilier, etc.) accorde une importance particulière à la Nativité, aux prophètes, aux apôtres et aux docteurs de l'Église (De Bosio, 2021, p. 102-103). Au tout début du XVIe siècle, Georges de Challant fait parer les baies de la chapelle d'un cycle de vitraux représentant des prophéties messianiques, la vie de la Vierge, ainsi que l'Enfance du Christ. Les quinze panneaux qui nous sont parvenus à ce jour semblent avoir été réalisés par Pierre Vaser, peintre verrier d'origine genevoise, avec peut-être la collaboration de son collègue Jean Baudichon. Tous deux avaient auparavant travaillé conjointement sur les chantiers de Georges de Challant à la collégiale Santi Pietro e Orso et à la cathédrale Santa Maria Assunta d'Aoste entre 1498 et 1503.
Avec la disparition de la lignée des comtes de Challant au début du XIXe siècle, le château, déjà en piteux état, est progressivement dépouillé de son mobilier et de ses décors (Barberi & Boccalatte 2016, p. 93). Les vitraux de la chapelle pourraient avoir été déposés durant la première moitié du XIXe siècle. Deux de ces panneaux représentant l'Enfance de Jésus (la Fuite en Égypte et Jésus parmi les docteurs) qui devaient se trouver dans les fenêtres étroites situées sur les côtés de l'autel en bois (La Ferla, 2006, p. 438) sont aujourd'hui conservés au Museo Civico d’Arte Antica de Turin (inv. 509, 305/VD et inv. 509, 306/VD). Treize autres panneaux ayant pour thème des prophéties messianiques (les Sibylles, la Reine de Saba, Aristote prophète et Auguste et la Sibylle de Tibur) sont aujourd'hui conservés au Musée Ariana à Genève (GE_2137 à GE_2146 et GE_2150 à GE_2152). Un doute perdure quant à savoir si l'ensemble des dix Sibylles a été conçu pour la chapelle d'Issogne ou pour un autre édifice.

Bibliographie

Barberi, S. & Boccalatte, P. E. (2016). Misure di conservazione al castello di Issogne attività di studio in vista del restauro e della valorizzazione. Bollettino della Soprintendenza per i beni e le attività culturali, 13, 92-103.

De Bosio, S. (2021). Frontiere : arte, luogo, identità ad Aosta e nelle Alpi occidentali : 1490-1540. Milan : Officina Libraria.

La Ferla, A. (2006). “Et per tutto il suo nome era celebre” : Giorgio di Challant. In E. Rossetti Brezzi, E. Castelnuovo & E. Pagella (Dir.), *Corti e città : arte del Quattrocento nelle Alpi occidentali : [Torino, Palazzina della Promotrice delle Belle Arti, 7 febbraio – 14 maggio 2006] (p. 423-440). Milan : Skira.