Nom

Eglise Saint-Étienne

Adresse
Rue du Château 7
2013 Colombier
Hiérarchie géographique
Coordonnées (WGS 84)
Auteur·e et date de la notice
Camille Noverraz 2024
Informations sur le bâtiment / l'institution

L'église catholique Saint-Étienne de Colombier a été construite en 1883-1884 par l'architecte Léo Châtelain, à qui l'on doit les restaurations de nombreux édifices protestants et catholiques du canton et de Suisse romande dans la seconde moitié du XIXème siècle, notamment celle de la collégiale de Neuchâtel (Piguet, 2010). L'érection de la paroisse est autorisée au moment de la construction, mais n'est pas reconnue officiellement en raison de l'obscurité du droit ecclésiastique neuchâtelois à cette période. Les catholiques du district constituent donc une association qui prendra le nom de "Société Libre", chargée de gérer les biens de l'Église ainsi que ses propriétés (Aubry, Frochaux, Gans, Tharin, 1984, n.p.).

En 1928, le curé Louis Glasson est appelé à Colombier. Anciennement curé de Rolle, cet amateur d'art avait déjà oeuvré pour faire installer dans l'église vaudoise des oeuvres de l'artiste et animateur du Groupe de Saint-Luc, Alexandre Cingria (Rime, 2005, p. 262). Tout comme de nombreuses figures d'ecclésiastiques suisses, Louis Glasson est lui-même un membre de cette société artistique catholique, au moment où son nom officiel était la Société Saint-Luc (SSL) (Societas Sancti Lucae, 1929, p. 4). Il n'est ainsi pas étonnant que l'abbé Glasson fasse appel en 1930 à deux membres de ce collectif pour la rénovation et décoration de l'église de Colombier : l'architecte fribourgeois Fernand Dumas, déjà un spécialiste de l'architecture religieuse moderne en Suisse romande, et l'artiste vaudois Gaston Faravel.

Dumas procède à la rénovation de l'édifice sous la direction de la Société Libre, tandis que Faravel le décore entièrement. Il y réalise une nouvelle polychromie d'ensemble, accompagnée de décors peints sur la tribune des orgues et l'arc du choeur, consistant en une succession de motifs narratifs disposés dans des médaillons, selon une formule typique de l'artiste. Il est également mandaté pour la réalisation d'un chemin de croix en peinture sous-verre achevé en 1932, peint dans des tons gris, bleus et argent qui se mariaient avec la décoration générale (Glasson, 1932). Ce chemin de croix a été ôté en 1983 pour être remplacé par une nouvelle oeuvre de l'orfèvrerie Ars et Aurium à Wil ("Budget paroisse de Colombier", 1983).
Les travaux sont menés en automne 1930 et sont achevés à la fin de l'année sans dépassement des devis (Glasson, Guimard, 1931a). En septembre 1931, Glasson informe le comité que les officiers du canton de Fribourg, sans doute par l'intermédiaire de Cingria qui est-lui même officier de l'armée suisse, font don de deux vitraux pour le choeur de l'église qui seront réalisés par l'artiste genevois (Glasson, Guimard, 1931b). Représentant respectivement saint Maurice et saint Louis roi de France, deux saints guerriers, ils sont posés en avril 1932 (Glasson, Guimard, 1932). Avec ces deux verrières complétant l'oeuvre de Dumas et de Faravel, l'église de Colombier est donc riche d'une importante décoration conçue par des artistes du Groupe de Saint-Luc.

Entre 1969 et 1971, sous la direction de l'architecte Meystre et de travailleurs bénévoles, l'église est adaptée aux besoins de la liturgie post-Vatican II, et entièrement repeinte dans des teintes plus claires correspondant à la recherche de pureté de l'époque, provoquant la disparition de la polychromie et d'une partie des décors de Faravel. Six vitraux en dalle de verre sont posés dans la nef, complétés en 1983 par une rose de l'artiste fribourgeois et héritier du Groupe de Saint-Luc, Yoki (de son vrai nom Émile Aebischer), lors du centenaire de l'édifice (Aubry, Frochaux, Gans, Tharin, 1984, n.p.).

Bibliographie

Aubry, G., Frochaux, J.-B., Gans, E., Tharin, R. (1984). 100 ans : Paroisse catholique de Colombier Bôle Aubernier. Colombier, Suisse : Imprimerie Gessler & Cie.

Budget paroisse de Colombier. (1983, 20 janvier). Archives de la paroisse de Colombier, Suisse.

Glasson, L. (1932, 17 avril). Rapport de l'Assemblée générale de la Société Libre. Dans livre : Procès-verbaux de la Société Libre des catholiques romains du district de Boudry, 1930-1937. Archives de la paroisse de Colombier, Suisse.

Glasson, L., Guimard, F. (1931a, 3 mai). Assemblée générale du 3 mai 1931. Dans livre : Procès-verbaux de la Société Libre des catholiques romains du district de Boudry, 1930-1937. Archives de la paroisse de Colombier, Suisse.

Glasson, L., Guimard, F. (1931b, 30 septembre). Assemblée générale du 3 mai 1931. Dans livre : Procès-verbaux de la Société Libre des catholiques romains du district de Boudry, 1930-1937. Archives de la paroisse de Colombier, Suisse.

Glasson, L., Guimard, F. (1932, 17 avril). Assemblée générale du 3 mai 1931. Dans livre : Procès-verbaux de la Société Libre des catholiques romains du district de Boudry, 1930-1937. Archives de la paroisse de Colombier, Suisse.

Piguet, C. (2010, 6 mai). Léo Châtelain. Dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS). https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/019414/2010-05-06/

Raboud, P. (1934). La paroisse catholique romaine de Colombier. Colombier, Suisse : Imprimerie Gessler.

Rime, J. (2005). Charles Journet : un prêtre intellectuel dans la Suisse romande de l'entre-deux-guerres (thèse de doctorat inédite), Université de Fribourg.

Societas Sancti Lucae. (1929). Mitgliederverzeichnis / Liste des membres. Archives de l’état de Lucerne, fonds PA 378/70.

Photographies