Ce vitrail forme un ensemble avec les panneaux GE_2276, GE_2278 et GE_2279. La série, aujourd’hui sans doute dispersée ou incomplète, représente des épisodes de l’histoire de la fondation de la Confédération suisse. Le présent vitrail figure une scène issue de la légendaire histoire du personnage fondateur de la Confédération helvétique, Arnold von Melchtal (Flüe, 2009). Alors que l’un des hommes du bailli de Landenberg tente d’emmener ses boeufs, Arnold use de la force afin de l’en empêcher. Les représailles du bailli ne se font pas attendre : le père d’Arnold se fait crever les yeux par les hommes du bailli et ses biens sont saisis.
Comme les trois autres vitraux, la partie inférieure du panneau qui contenait les armes et inscriptions des donateurs a été perdue. Il s’agissait probablement de particuliers.
Plusieurs cartons et ébauches d’épisodes de l’histoire suisse ont été exécutés par le peintre verrier et dessinateur Christoph Murer (1558-1614). Ils sont aujourd’hui conservés au Kunsthaus de Zurich (inv. A.B. 1125-1128 ; Bergmann, 2014, p. 838-839, fig. 315.1-4), mais le percement des yeux du père d’Arnold von Melchtal n’en fait pas partie. Les modèles de Murer ont beaucoup circulé dans les ateliers de peintres verriers et ont largement été repris. Trois cartons de cette série ont notamment été copiés par le peintre verrier de Schaffhouse Hans Kaspar Lang l’Ancien (1571-1645) entre 1599 et 1620. Ils sont aujourd’hui conservés à la Zentralbibliothek de Zurich (Scheibenrisse A III 11-13). Parmi ceux-ci se trouve la scène du percement des yeux du père d’Arnold von Melchtal (Scheibenrisse A III 13 ; https://doi.org/10.7891/e-manuscripta-32689), qui pourrait avoir servi d’exemple pour le présent vitrail.
Le peintre verrier zurichois Josias Murer (1564-1631), frère de Christoph, a réalisé une représentation analogue du percement des yeux du père d’Arnold von Melchtal aux côtés de cinq autres scènes de l’histoire suisse sur un vitrail de 1601, signé de sa main (VMR_444). Cependant, les différences stylistiques entre les deux panneaux ne permettent pas une attribution du présent vitrail à Josias Murer. Parmi les autres attributions possibles se trouve celle du peintre verrier zurichois Hans Heinrich Engelhart (1557-1612) qui a réalisé en 1602 un vitrail avec une scène similaire au présent panneau (Bergmann, 2014, p. 839, fig. 315.5), reprenant la composition de Murer. Le cycle pourrait également avoir été exécuté dans l’atelier du peintre verrier de Winterthour Hans Jegli (1579-1643) qui s’est fréquemment inspiré des cartons de Murer (Boesch, 1955, p. 25 et 55). Un panneau daté vers 1610-1620 représentant Gessler et Tell, aujourd’hui conservé au Musée de Morat (FR_283), a été attribué à Jegli par Bergmann (2014, p. 797, fig. 283). De plus, au moins sept vitraux, dont cinq représentent des scènes patriotiques de l’histoire suisse, ont été offerts en 1624 à un certain Hans Bösch de Kappel (SG) suite à la rénovation de sa demeure (Boesch, 1955, p. 50). Exécutés par Jegli, ces panneaux sont aujourd’hui conservés au Musée du château de Berchtesgaden en Allemagne (Boesch, 1955, p. 50). Outre l’intérêt pour les représentations de l’histoire suisse, le vitrail signé de la main de Jegli, daté de 1629, qui figure la Fuite en Égypte avec les armes de Josef Fehr (TG_220) présente une style similaire. Enfin, compte tenu que le carton de Murer a été copié par Hans Kaspar Lang l’Ancien entre 1599 et 1620 (cf ci-dessus), ce peintre verrier se dresse également comme un auteur possible du présent vitrail. A ce jour, aucun vitrail de Lang tiré des copies des cartons de Murer n’a été identifié (Hasler, 2010, p. 115).
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