Le vitrail se divise en trois registres. Au centre, dans un cadre architectural composé de deux paires de colonnes soutenant une arche, figure la représentation du Jugement de Salomon. Le roi Salomon est assis à droite sur son trône entre deux lions et fait face à une femme debout et une autre agenouillée de dos devant un enfant. L’une d’entre elle tente de faire passer l’enfant de l’autre pour le sien et Salomon reconnaît la vraie mère lorsque celle-ci refuse de voir son enfant coupé en deux par l’épée du soldat qui se trouve derrière elles. Dans la partie supérieure figure une référence biblique dans un cartouche encadré de coupes débordant de fruits et de végétaux. Dans la partie inférieure figurait au centre un écu armorié dont il ne reste que le cimier, avec de part et d’autre un cartouche comportant une inscription du donateur.

Vitrail monté dans un cadre de verre opaque moderne et de plomb, fragment supérieur et armoiries complétées par du verre incolore, nombreux plombs de casse.

Ce vitrail provient de la collection constituée par le marchand de soie de Constance Johann Nikolaus Vincent (1785-1865) de 1816 jusqu’à sa mort. Dans le catalogue de la collection Vincent, Rahn indique qu’il formait une paire avec un vitrail daté de 1662 portant les armes de Sebastian Müller (1624-1668) de Saint-Gall et de ses deux épouses Magdalena Ritz (1627-1662) et Magdalena Fittler (1640-1685)(Rahn, 1890, p. 235 ; HFLS). Ce pendant porte la signature du peintre verrier de Winterthur Jacob II Weber (1637-1685). Il ne fait pas partie de la collection de l’Ariana et n’est à ce jour connu qu’au travers de la description sommaire qu’en fait Rahn.

Le panneau a été commandé en 1664 par Jean Favrod, notaire, juré et ancien lieutenant de Château d’Oex. Il ne reste de son blason que l’ours du cimier. Il peut être rattaché à la famille Favrod, présente à Château d’Oex dès le début du XVe siècle (Dubois, 1928, p. 167). Un grand nombre d’entre eux, souvent prénommés Jean, ont occupé les fonctions de châtelain de Château-d’Oex, si bien qu’il est difficile d’identifier le donateur avec certitude.

Le vitrail n’est pas signé. Deonna (1938, p. 13) estimait que le style rappelait, dans une exécution plus grossière, les oeuvres du peintre verrier Christoph Murer. Compte tenu que son pendant a été réalisé par Jacob II Weber, ce vitrail serait plutôt également de sa main. Du point de vue du style et de la composition, il s’intègre dans le vaste ensemble des créations réalisées par le peintre verrier winterthurois entre 1659 et 1683. Des similitudes dans les compositions chargées et le choix des sujets se retrouvent notamment dans le cycle de vitraux réalisé vers 1680 pour la Maison de tir de Wellhausen (cf. par exemple TG_41, TG_42 ou TG_43).

Une copie du présent vitrail, presque identique dans la composition, le sujet et les inscriptions, est aujourd’hui inséré dans une fenêtre à cives au Musée du Pays-d’Enhaut. Les armoiries complètes confirment l’appartenance du commanditaire à la branche des Favrod de Château-d’Oex.

Cité dans :

• Rahn, 1890, p. 235, n° 354.

• Sidler, 1905, p. 102, n° 68 ; remarque : "Le Jugement de Salomon. Aux Armes de Jean Fairod notaire 1664."

• Deonna, 1938, p. 13, n° 20.