Vitrail monolithe rectangulaire représentant un soubassement avec un blason surmonté d’un heaume à lambrequins et d’un cimier formé d’un protomé de lion couronné. De part et d’autre figurent des emblèmes de commerce et des trophées militaires. Le soubassement orné de l’inscription du donateur est flanqué d’un écu aux armes de Genève scindé en deux.

Vitrail enchâssé entre deux verres modernes et encadré d’un cadre rectangulaire de plomb moderne pourvu de deux anneaux d’accrochage en plomb soudés dans les angles supérieurs du cadre (tranche), plusieurs fentes, restauré en octobre 1923 par C. Wasem, nettoyé en 2004 par G. Bagnardi.

Ce vitrail fait partie des quelques panneaux anciens conservés et documentés qui représentent les armes de la cité de Genève. Parmi ces vitraux se trouvent entre autres le panneau d’état de 1540 (BE_830) actuellement conservé au Musée d’histoire de Berne, le vitrail d’état de 1547 (GE_2048) ou encore la vue de la ville de 1655 (GE_2399), tous deux conservés au Musée Ariana à Genève.

Le donateur de ce panneau est Jacques Eynard (1653-1722), marchand et membre du Conseil des Deux-Cents à Genève. Son blason permet de le rattacher à la famille protestante Eynard, originaire de la Baume-Cornillane en Dauphiné. Avant la révocation de l’édit de Nantes, il quitte la France pour Genève, où il épouse Anne-Madeleine Grenus. Il est reçu bourgeois en 1686 et devient membre du Conseil de 1704 jusqu’à sa mort (Lapaire, 2008, p. 32 ; Mayor, 1898-1904, p. 66). Le coeur surmonté d’un quatre à double barre horizontale contenant un I et un E, apposé sur quatre ballots, correspond à au monogramme du donateur.

Ce vitrail proviendrait de la cure de Wolfenschiessen à Nidwald (anciennement Unterwald), sur la route de Stans à Engelberg. Le lucernois A.-R. Balthazar, propriétaire du panneau jusqu’en 1924, a supposé que le donateur Jacques Eynard se rendait à Engelberg pour le commerce et qu’il aurait fait don de ce vitrail au curé de Wolfenschiessen pour le remercier de son hospitalité (Mayor, 1898-1904, p. 66).

Mayor a proposé d’attribuer la réalisation de ce vitrail à un peintre verrier de Lucerne ou de Stans (Mayor, 1898-1904, p. 66). Cependant, Stans ne possède pas de peintre verrier actif au début du XVIIIe siècle (Boesch, 1955, p. 38) et le style du panneau ne correspond pas particulièrement aux créations lucernoises de cette époque. Comme il n’y avait pas non plus de peintre verrier actif à Genève vers 1700 (Deonna, 1942, p. 369), le commanditaire s’est probablement tourné vers le peintre verrier fribourgeois Leontius Bucher (1653-vers 1714), qui a exécuté plusieurs vitraux pour des donateurs francophones. Les formats rectangulaire et les réalisations en grisaille sont communes dans son oeuvre (cf. par exemple Fr_271, Fr_406).

Cité dans :

• Mayor, 1898-1904, p. 64, pl. II.

• Deonna, 1923, p. 147-148, n° 1, fig. 3.

• Deonna, 1925, p. 35, n° 11457.

• Lapaire, 2008, p. 32, fig. 37.