Au premier plan, Nicolas de Flüe est agenouillé au coeur des montagnes, presque de dos, les bras ouverts devant lui. Le visage de Dieu entouré de rayons lumineux lui apparaît, disproportionnellement grand.
Trois rayons partent du visage de Dieu : de ses oreilles et de sa bouche, représentant la révélation de Dieu comme créateur, alors que deux rayons touchent le bas de son visage.
Il est intégré au centre de plusieurs cercles enchâssés les uns dans les autres, sur un fond de ciel étoilé violacé et rouge.

L’église Saint-Pierre de Fribourg représente l’un des chantiers les plus importants pour le renouveau de l’art sacré dans le canton de Fribourg. Elle est construite entre 1928 et 1931 par l’architecte fribourgeois Fernand Dumas, membre phare du Groupe de Saint-Luc, gagnant d’un concours lancé en 1924 (Lauper, 2008a, p. 12, 19).
Le 27 mai 1931, dès la fin de sa construction, un concours est lancé pour sa décoration, véritable entreprise qui rassemble un grand nombre d’artistes et dont l’achèvement prendra plus de vingt ans (Lauper, 2008b, p. 27). Plusieurs membres du Groupe de Saint-Luc y prennent part, dont l’artiste toscan Gino Severini, et plusieurs artistes fribourgeois affiliés à la SPAS (Rudaz, 2008a, p. 32-33). C’est Severini qui est choisi pour la décoration générale de l’édifice, tandis que la décoration des trois chapelles aménagées dans le collatéral gauche est confiée à une poignée d’autres artistes qui oeuvreront à différentes périodes.
La dernière, consacrée en 1953, est dédiée à saint Nicolas de Flüe, suite à sa canonisation en 1947. Oscar Cattani est chargé du mandat principal de sa décoration et réalise un vitrail pour l’oculus et une peinture murale en guise de retable pour l’autel (Rudaz, 2008b, p. 51).

Alors que la peinture illustre au centre Nicolas de Füe accompagné du curé de Stans qui lui demande d’aller régler le conflit entre cantons-ville et cantons-campagne à la Diète de Stans, le vitrail montre la vision de Dieu expérimentée par Nicolas de Flüe. Elle se compose de coloris clairs et harmonieux se référant aux teintes de la polychromie générale choisie par Severini pour l’édifice, tandis que le vitrail présente des couleurs vives et fortement contrastées entre tons chauds et froids. En 1934, Cattani a traité du même sujet pour une des verrières de la chapelle du Salesianum à Fribourg. Bien que les bases de sa composition soient assez similaires, il choisit pour Saint-Pierre un parti beaucoup plus fort en donnant une présence imposante au visage de Dieu, devant lequel Nicolas de Flüe apparaît fluet et très humble. Le dessin a lui aussi évolué : lisse et doux au Salesianum, il devient puissant et vigoureux à Saint-Pierre.

Oscar Cattani a été membre de la Société Saint-Luc dès sa création en 1924 (Mitgliederverzeichnis, 1926). Plusieurs de ses oeuvres prennent place au sein des édifices conçus par les architectes de cette société, comme Fernand Dumas pour l’église Saint-Pierre ou Albert Cuony pour celle d’Ependes. Il est très actif dans l’art du vitrail qu’il développe durant toute sa carrière d’artiste, parallèlement à son métier d’enseignant au Technicum de Fribourg à partir de 1915. Ses premières réalisations verrières dans le canton datent du début des années 1920 (église Saint-Pierre de Carignan à Vallon, chapelle Notre-Dame-de-Lourdes à Berg (Schmitten), église Saint-Sulpice à Font). On y décèle déjà une forte personnalité artistique qui va encore s’affirmer dans ses réalisations ultérieures. Ses cycles les plus importants datent du milieu des années 1930, à l’instar de la chapelle du préventorium du Rosaire pour Les Sciernes, de la chapelle du Salesianum de Fribourg et dans une moindre mesure de l’église Saint-Etienne d’Ependes. Juste après son travail à Saint-Pierre, il reçoit une ultime commande pour l’église Saint-Jean-Baptiste d’Ueberstorf, où il conçoit les verrières du choeur et de la nef.