Chacune des trois baies du baptistère montre une scène différente :
A gauche, illustrant la scène du Déluge, un homme agenouillé sur un rocher, représenté de dos, implore, mains jointes, Dieu dont la main est représentée en dessus. Dans des eaux tumultueuses une femme et un homme semblent s’y noyer. A l’arrière-plan, l’arche de Noé navigue sur les flots sous une pluie battante alors qu’en face, une personne s’accroche aux feuilles d’un palmier.
Au centre, Jean-Baptiste, debout sur la rive, baptise le Christ, les pieds dans les eaux du Jourdain et les mains croisées sur sa poitrine, alors que la colombe du Saint-Esprit descend sur lui. Un saint et un jeune homme agenouillés sur la rive, ainsi qu’un homme et une femme, assistent à l’évènement. Sur la partie supérieure du vitrail, le visage de Dieu, inscrit dans un triangle, bénit la scène de ses deux mains tout en la regardant, encadré de motifs géométriques.
A droite, représentant le Sacrement du baptême, un prêtre debout vu de face baptiste un jeune homme, le dos nu, alors que derrière l’homme d’église apparaît le Christ, les mains levées. Un jeune homme et une jeune femme, tenant un cierge et tous deux tête baissée, sont agenouillés de chaque côté du prêtre et assistent à l’événement.
Les deux scènes latérales sont encadrées par une bordure aux formes géométriques irrégulières, au-dessus de laquelle deux anges se penchent, observant ce qui se passe en dessous.

Ce vitrail a été réalisé en 1926 par Henri Broillet et l’atelier Kirsch & Fleckner pour le baptistère de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption d’Echarlens.

Henri Broillet est, avec Jean-Edouard de Castella, l’un des deux artistes fribourgeois dont les noms figurent sur la liste des membres figurant dans la première publication officielle du Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice, un Catalogue illustré publié en 1920 (Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice, 1920, [p. 4]). Si les deux artistes adhèrent à cette première bouture du Groupe de Saint-Luc, ils se distancieront rapidement de cette Société catholique tout en continuant à collaborer à certains chantiers dirigés par ses membres. Dès la fondation de la Société Saint-Luc, qui succède au Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice en 1924, le nom de Broillet ne figure déjà plus sur les listes de membres (Societas Sancti Lucae, 1926, p. 13). Broillet fait également partie des Ateliers d’Art sacré à Paris dès 1919 (Rudaz, 1998).
L’artiste a collaboré une première fois avec Fernand Dumas, architecte phare du Groupe de Saint-Luc et auteur de la nouvelle église d’Echarlens, pour la décoration de la chapelle de Sommentier, premier édifice religieux construit par l’architecte en 1918, dans lequel Broillet a réalisé l’ensemble des verrières. C’est donc probablement par l’intermédiaire de Dumas que le Fribourgeois est enrôlé pour la décoration d’Echarlens. A la suite de ce chantier, Broillet réalisera encore en 1934 la rose de la tribune de l’église Saint-Pierre de Fribourg, également bâtie par Fernand Dumas.

Broillet dessine les cartons des trois fenêtres du baptistère, travail devisé à 250 francs et réduit à 200 francs (Broillet, 1926). Bien que l’ensemble ne soit pas signé, nous savons grâce aux archives de la paroisse que c’est l’atelier Kirsch & Fleckner qui les réalise (Kirsch et Fleckner, 1926). Imaginées dans des teintes vives et dans des dominantes de vert, bleu et rouge, leur dessin est très décoratif. On peut déceler à Echarlens des changements stylistiques qui trouveront leur apogée et leur aboutissement dans l’ensemble verrier que Broillet réalisera pour l’église catholique de Payerne au début des années trente.