Provenant de la collection Henri Vaughan dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1900, le rondel était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1674, comme indiqué sur le cartouche (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. 929-1900).
Le rondel représente dans la partie supérieure l’épisode néotestamentaire de la remise par le Christ des clés du Paradis à saint Pierre (Matt. 16:19). Aucun modèle n’a pu être mis en relation avec cette scène historiée.
Les Spillmann (ou Spielmann) de Zoug proviennent de la commune de Walchwil (ZG) où ils sont documentés depuis 1435 (Meyer 1931, p. 472). Documentés depuis le XIVe siècle, les Müller de Zoug se distinguent par leur chef-lieu, respectivement les Müller im Lauried et les Müller im Roost qui siégèrent presque constamment au Conseil de la ville entre 1565 et 1798, souvent en qualité de baillis (Morosoli 2009, consulté le 12 mars 2021).
Fils d’Oswald Spillmann et d’Anna Schumacher, Peter Spillmann, médecin de profession et membre du Conseil de Zoug, est né le 19 janvier 1638 et mort le 11 juin 1677. Soeur de Paul Müller et veuve d’Oswald Brugger, Barbara Müller im Lauried épousa en secondes noces Peter Spillmann dont elle lui survécut de plusieurs années, décédant le 8 septembre 1693 (Bergmann 2004b, p. 415).
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’a pas pu être établi.
La documentation du Victoria and Albert Museum ne fait état d’aucun commentaire d’historiens du vitrail suisse, à l’instar de Paul Ganz, Hans Lehmann, Paul Boesch ou encore Jenny Schneider (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Sur la base du style, Uta Bergmann propose d’attribuer le panneau de Londres au peintre-verrier zougois Michael IV. Müller (v.1627-1682) (communication écrite, 20 décembre 2013). Le rondel peut en effet être rapproché d’un point de vue du style et de la forme des oeuvres sûres de ce dernier, à l’instar du rondel aux armes de Balthasar Fassbind, monogrammé et daté de 1674, représentant l’Adoration des mages (cf. Bergamnn 2004b, cat. 204), où la figure de Joseph rappelle fortemment celle de l’apôtre placé derrière le Christ.
En outre, le nom de Peter Spilmann peut être rapproché d’au moins deux autres vitraux, tous deux également attribués à Michael IV. Müller et conservés au Museum Burg Zug (nos inv. 8716 et 3660) : le premier, daté de 1671, est un vitrail historié aux armes de Paul Müller im Lauried, frère de Barbara Müller, et de Verena Speck (cf. Bergmann 2004b, p. 57 et cat. 189) ; le second, aussi daté de 1671, est un vitrail historié précisément aux armes de Peter Spillmann et de Barbara Müller qui fait partie d’un cycle de rondels réalisés entre 1671 et 1674 d’après Philippe Galle et dédié à l’histoire de saint François d’Assise dont deux rondels sur les 19 que devait compter la série sont conservés au Victoria & Albert Museum de Londres (VAM_2 et VAM_3 ; cf. Bergmann 2004b, cat. 194 ; id. 2004a, p. 129-145).