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GE_08.23: David
(GE_GrangeCanal_StPaul_08.23)

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Title

David

Type of Object
Artist / Producer
Studio
Dating
[1924]
Dimensions
Env. 160 x 60 cm

Iconography

Description

Dans une baie en plein cintre, le roi David est représenté en pied, jouant de la harpe. Il figure dans une niche dont les bords sont encadrés de deux colonnettes torses supportant un dais en forme de coquille Saint-Jacques. La partie basse comporte une inscription avec son nom dans un cartouche en forme de losange.

Iconclass Code
11I62(DAVID) · David (not in biblical context); possible attributes: crown, harp
Iconclass Keywords
crown · David · harp
Inscription

David (cartouche en bas)

Signature

Aucune

Technique / State

Technique

Vitrail au plomb, grisaille, jaune d’argent

History

Research

Ce vitrail a été réalisé en 1924 par l’artiste Marcel Poncet dans la tribune des orgues de l’église Saint-Paul de Cologny (GE), dans le quartier de Grange-Canal. Il fait partie d’un ensemble de trois vitraux placés côte à côte, consacrés à David, Moïse et Melchisedech.
Il s’agit de la troisième réalisation de l’artiste dans l’édifice, puisqu’il a déjà conçu, en 1914 et 1915, un vitrail pour la porte d’entrée de l’église (GE_08.07) et trois vitraux dans les bas-côtés de la nef (GE_01.10 ; GE_01.11 ; GE_01.12), sa première grande commande après sa sortie de l’école des Beaux-Arts. Ayant suivi en parallèle une formation pratique au sein de l'atelier du peintre-verrier et restaurateur de vitraux Gérard Krachten à Carouge, où il apprend les techniques de fabrication du vitrail (Reymond, 1992, p. 37 ; Dumaret, 2009, p. 195), Poncet ouvre un premier atelier en 1915, où il est en mesure de réaliser ses propres vitraux mais aussi ceux d’autres artistes (Reymond, 1992, p. 37-38). Souhaitant maîtriser l’ensemble du processus créatif lui-même, il est l’un des rares artistes à présenter la particularité d’être à la fois peintre-verrier et maître-verrier, ce qui est probablement un atout indéniable aux yeux des commanditaires de l’église Saint-Paul. Entre 1915 et 1922, il assure ainsi la conception des verrières dessinées par Charles-Emile Brunner (par exemple GE_08.01) et Alexandre Cingria (GE_08.04) dans les bas-côtés, ainsi que les fenêtres hautes de Maurice Denis avec son collaborateur Charles Wasem (par exemple GE_08.19) (Sauterel, 2008, p. 236-242).
A Saint-Paul, comme de manière générale pour l'ensemble des vitraux qu'il réalise durant sa carrière, Poncet prépare minutieusement ses projets, comme le prouvent les nombreux travaux préparatoires présents dans le fonds graphique de son atelier, conservé au Vitrocentre Romont. Leur analyse permet de comprendre comment l’artiste procède, depuis les premières esquisses jusqu’à un état abouti de son projet.
Plus de 70 œuvres graphiques peuvent être rattachées aux vitraux de Saint-Paul, et 21 aux vitraux de la tribune. Leur analyse révèle que Poncet a travaillé un quatrième prophète, Abraham, qui ne fait pas partie du groupe des trois vitraux de la tribune. Une lettre anonyme conservée dans les Archives Poncet au Vitrocentre Romont, datée d’octobre 1924, indique que l'artiste a reçu de la famille Jacquet, les commanditaires, la somme de 2100 francs pour trois vitraux des fenêtres de la façade de l'église (la tribune), et qu'il reste à livrer un quatrième vitrail représentant Abraham, ainsi que deux panneaux décoratifs (“[Reçu pour la commande des vitraux de Saint-Paul]”, 1924). Cette lettre est cependant fragmentaire, et n'indique pas où devait être placé ce vitrail d'Abraham. Les travaux préparatoires indiquent que ce vitrail a été conçu selon le même schéma que les trois autres, avec un encadrement architectural et un soubassement similaire. Une maquette ([MP_01.68](/objects/MP_01.68)) montre les quatre verrières côte à côte, comme si elles avaient été prévues pour former un ensemble. Nous ignorons si ce vitrail d'Abraham a bien été réalisé, tout comme les verrières ornementales, qui ne se trouvent pas dans l'église. Un certain mystère entoure donc cette commande, que l’étude des archives paroissiales n’a pas permis de lever.
En ce qui concerne les travaux préparatoires, il s’agit majoritairement d’esquisses, qui rendent compte de l’étude poussée que l’artiste mène pour établir l’attitude, l’expression et même la psychologie des figures qu’il souhaite représenter. Plusieurs croquis sont accompagnés de petites notes brossant à grands traits le caractère des personnages : Moïse « yeux noirs perçants, tête de bélier » (MP_01.53), Melchisedech « yeux fendus, figure mystérieuse » (MP_01.62). Ces inscriptions rendent également compte des sources visuelles et culturelles dans lesquelles Poncet puise son inspiration : les ballets russes, des textes de Shakespeare, Don Quichotte. Grand admirateur de Rembrandt, il est aussi possible que Poncet se soit inspiré des estampes de l’artiste sur le thème du Sacrifice d’Isaac pour ses premières esquisses du vitrail d’Abraham (MP_01.51 ; MP_01.55). L’art médiéval constitue une autre grande source de ce cycle, et plus précisément des modèles issus de la sculpture monumentale chartraine. Dans une page de note de sa main liée au cycle des vitraux de la tribune des orgues, il évoque le porche septentrional de Chartres où sont représentés, entre autres, Melchisedech, Abraham, Moise, et David (Poncet, [1924]). Il place ses figures au sein d’un encadrement architectural qui évoque la niche dans laquelle sont placées les statues, de même que le soubassement sur lequel elles reposent. Il leur confère un aspect hiératique et les soumet à une certaine déformation, notamment la partie basse du corps de David, tandis que le traitement en camaïeu avec de forts clairs-obscurs crée un effet de modelé qui évoque la pierre et la sculpture, bien que l’artiste ne cherche pas à créer un trompe-l’œil, ni à estomper l’aspect bidimensionnel de l’ensemble (Noverraz, 2014, p. 43-44).
Lorsqu’il s’occupe des vitraux de la tribune en 1924, Poncet a vécu de nombreuses expériences qui l'ont marqué aussi bien personnellement qu'artistiquement. Dès 1919, il s’est lancé dans trois grandes entreprises qui se sont toutes plus ou moins soldées par des échecs : la fondation, avec Cingria, du Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice, l’ouverture d’une fabrique de verre à vitrail selon les recettes et techniques traditionnelles à Bossey-Veyrier, et la réalisation de son premier vitrail de la cathédrale de Lausanne (Reymond, 1992, p. 46). Le Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice ne décolle jamais véritablement et fait faillite au début de l’année 1924, quelques mois avant de renaître sous une forme différente à travers la Société Saint-Luc (Societas Sancti Lucae) (Noverraz, 2022, p. 35-43), aventure à laquelle Poncet ne participera pas. Par manque de résultats probants, il se voit contraint de fermer en 1922 son usine de verre, financée en partie par Saint-Gobain et dans laquelle il travaillait main dans la main avec Charles Wasem. La même année, éclate le scandale lié à la pose de son vitrail des Quatre évangélistes à la cathédrale de Lausanne, dont la modernité fait polémique, et qui prive l’artiste de la commande de l’ensemble des vitraux de l’édifice (Reymond, 1992, p. 47-55 ; Donche-Gay, 1994, p. 30-46).
Son style a lui aussi évolué. Il a peu à peu abandonné les formes douces et les coloris lumineux qui caractérisent ses vitraux des bas-côtés de la nef de 1915, marqués par l’Art nouveau et le style de Maurice Denis, pour privilégier une touche plus expressive et nerveuse, servie par des coloris plus sombres, traités en camaïeu. On retrouve ces caractéristiques sur des œuvres préparatoires contemporaines des trois vitraux de la tribune de Saint-Paul, réalisées entre 1924 et 1927 pour la verrière de la Crucifixion de la cathédrale de Lausanne, la dernière œuvre qu’il sera autorisé à poser dans l’édifice (voir par exemple MP_02.100 ; MP_02.94). En 1925, l’artiste part s’installer à Paris, où il découvre la gravure, technique qui lui plaît par sa puissance graphique reposant sur l’opposition du noir et du blanc, et qu’il tentera de traduire en vitrail la même année à la chapelle du collège de l’Abbaye de Saint-Maurice (par exemple MP_09.07). Ces différents travaux soulignent la nouvelle direction artistique prise par l’artiste à partir de 1924, et que l’on peut déjà ressentir dans les vitraux de la tribune de Saint-Paul.
Par rapport à sa production ultérieure, où le travail de la grisaille était précis et appliqué (création des modelés, ombres, enlevés au petit-bois pour créer de fins détails), Poncet travaille ici véritablement comme un peintre sur le verre. Il applique en touche vive une grisaille abondante qui l’éloigne d’une conception plus précise du dessin, dans une technique qui s’apparente à sa pratique de peintre de chevalet, avec laquelle il renoue justement au cours de l’année 1924. Les paroissiens auraient d’ailleurs jugé ces vitraux trop sombres lors de leur pose. Ils ont pourtant été encore foncés par Jacques Wasem en 1929, afin de limiter la trop forte entrée de lumière due aux contrastes des coloris (Noverraz, 2014, p. 46).

Dating
[1924]
Owner

Paroisse catholique-romaine Saint-Paul

Bibliography and Sources

Literature

Donche-Gay, S. (1994). Les vitraux du XXe siècle de la cathédrale de Lausanne : Bille – Cingria – Clément – Poncet – Ribeaupierre – Rivier, Lausanne, Suisse : Ed. Payot.

Dumaret, I. (2009). KRACHTEN (Gérard, 1863-1944). Dans J.-M. Marquis (dir.), Dictionnaire carougeois : Arts à Carouge : Peintres, sculpteurs et graveurs (tome IV B, p. 195). Carouge, Suisse : Ville de Carouge.

Noverraz, C. (2014). Marcel Poncet (1894-1953) : au coeur de l'oeuvre d'un artiste-verrier [mémoire de master inédit]. Université de Lausanne.

Noverraz, C. (2022). Le Groupe de Saint-Luc (1919-1945) : expression et quête d'identité d'une Société artistique catholique dans l'Europe de l'entre-deux-guerres [thèse de doctorat inédite]. Université de Lausanne.

Poiatti, M. (2001). L’église de Saint-Paul Grange-Canal, Genève (Guides de monuments suisses, 70, 696). Berne : Société d’histoire de l’art en Suisse.

[Reçu pour la commande des vitraux de Saint-Paul]. (1924, 6 octobre). Vitrocentre Romont, Suisse, Archives Marcel Poncet.

Reymond, V. (1992). Marcel Poncet. Paris, France : Bibliothèque des Arts.

Sauterel, V. (2008). Catalogue raisonné des vitraux de Genève. Dans L. Borel (dir.), Emotion(s) en lumière : le vitrail à Genève (p. 224-375). Genève, Suisse : APAS Association pour la promotion de l'art sacré : La Baconnière Arts.

Image Information

Name of Image
GE_GrangeCanal_StPaul_08.23
Credits
© APAS (Association pour la Promotion de l'Art Sacré), Genève – photographe : Cyrille Girardet, Veyrier
Date
2006
Copyright
© Ayants droit
Owner

Paroisse catholique-romaine Saint-Paul

Inventory

Reference Number
GE_08.23
Author and Date of Entry
Valérie Sauterel 2008; Camille Noverraz 2023

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