Henri Gérente, né en 1814 et décédé en 1849, est un dessinateur et peintre verrier parisien. Il est le frère du sculpteur et peintre verrier Alfred Gérente (1821–1868). En 1836, il abandonne ses études de médecine pour se consacrer au dessin. Vers 1840, il devient l’un des dessinateurs de cartons pour vitraux les plus appréciés. Ses principaux commanditaires entre 1840 et 1845 sont la Verrerie de Choisy-le-Roi, les ateliers Hauder et André à Paris et Lusson au Mans, qui assurent l’exécution de ses œuvres pour les églises Saint-Michel à Dijon, Notre-Dame de Bonsecours, Saint-Gervais à Paris et la chapelle funéraire du château du Plessis à Bouquelon (Burat, 1845, 4e partie, p. 24; Gatouillat, 2006). Après s'être fait connaître pour ses dessins, cartons, modèles et relevés de vitraux, il convertit vers 1846 son entreprise en atelier de peinture sur verre (Gatouillat, 2008, pp. 153-154). Il se met à travailler sur plusieurs grands chantiers de restauration de verrières, notamment à la cathédrale de Lyon et à Saint-Aspais de Melun (Gatouillat, 2008, p. 154). Avec le soutien de parents à Birmingham, il se constitue également un réseau de relations en Angleterre. Ses contacts avec l’architecte Augustus Welby Northmore Pugin et sa nomination en 1847 en tant que membre honoraire de l’Ecclesiological Society (anciennement Cambridge Camden Society) lui permettent de travailler sur de nombreux édifices en Grande-Bretagne (Gatouillat, 2006). Sa rencontre avec l'architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814–1879) l'amène dès 1847 à travailler à ses côtés sur les vitraux de Saint-Denis, Notre-Dame de Paris, la Saint-Chapelle ou encore la cathédrale de Reims (Gatouillat, 2008, p. 155).
A sa mort prématurée en 1849, la direction de l'atelier est reprise par son frère Alfred. Il hérite également de sa vaste collection de dessins et d'antiquités en tous genres : meubles, tissus, objets d'orfèvrerie, fragments d'émaux ou encore de vitraux (Gatouillat, 2008, p. 157). Parmi ceux-ci se trouvent des verrières de Saint-Denis, à l'instar du panneau de la vie de saint Benoît aujourd'hui au Musée de Cluny (Gatouillat, 2008, p. 157) ou de la Tête dite Gérente (GE_2166), conservée au Musée Ariana à Genève. Celle-ci avait fait forte impression sur Viollet-le-Duc qui, après l'avoir observée vers 1860 dans l'atelier d'Alfred, avait décidé d'en publier une reproduction dans le neuvième tome du "Dictionnaire de l’Architecture française” (Viollet-le-Duc, 1868, p. 414-417, fig. 19 bis). Après le décès d'Alfred Gérente, la collection des deux frères est dispersée en 1869 en vente publique (Gatouillat, 2008, p. 157). Une partie des vitraux pourrait être passée en mains du peintre verrier parisien Édouard Didron (1836–1902) (Suau, 1973, p. 636, note 41).
Aballéa, S. (2018). Un vitrail de Saint-Fargeau et l’illustre “tête” Gérente”. In D. Buyssens, I. Naef Galuba & B. Roth-Lochner (Dir.), Gustave Revilliod [1817-1890] un homme ouvert au monde (p. 227-231). Genève : Musée Ariana.
Burat, J. (1845). Exposition de l’industrie française, année 1844. Description méthodique accompagnée d’un grand nombre de planches et de vignettes (Bd. 2). Challamel.
Catalogue d'objets d'art et de curiosité. Meubles anciens, vitraux, fayences, porcelaines, objets en fer, magnifique tapis du XVIe siècle et objets divers. Dépendant de la succession de M. Alfred Gérente, peintre verrier, dont la vente aura lieu aux enchères publiques en l'Hôtel des Ventes mobilières, Rue Drouot n° 5... le vendredi 22 et le samedi 23 janvier 1869 à 1h (8 p.). (1869). Paris.
Gatouillat, F. (2006). Gérente, Henri. Allgemeines Künstlerlexikon (AKL), 52, 91.
Gatouillat, F. (2008). Henry Gérente et le vitrail (1846-1849), une fulgurante réussite internationale. In C. de Ruyt, I. Lecoq, M. Lefftz & M. Piavaux (Dir.), Lumières, formes et couleurs : mélanges en hommage à Yvette Vanden Bemden (p. 151-162). Namur : Presses universitaires de Namur.
Suau, J.P. (1973). Alfred Gérente et le "vitrail archéologique" à Carcassonne au milieu du XIXe siècle. Congrès archéologique de France, 131e session, Pays de l'Aude, 629-645.
Vente de livres anciens et modernes et de livres gothiques composant la bibliothèque de M. Alfred Gérente, peintre verrier, le samedi 23 janvier 1869 (Hôtel Drouot). (1869). Paris.
Viollet-le-Duc, E. (1868). Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. vol. 9. Paris : A. Morel.